Les femmes lucioles
Retour sur l'AQUOPS 2025
19 avril 2025
Chaque printemps, des centaines d’enseignant·e·s, de conseiller·ère·s pédagogiques, de directions et de passionné·e·s de l’éducation se réunissent à Québec pour le congrès de l’AQUOPS — l’Association québécoise des utilisateurs d’outils numériques à des fins pédagogiques et sociales. Pendant trois jours, on y parle de pédagogie, de numérique, d’innovation, d’éthique, d’intelligence artificielle… mais surtout, on s’y retrouve. On y recharge nos batteries professionnelles et humaines. On y célèbre l’école d’aujourd’hui et de demain.
Cette année, j’ai eu le bonheur de vivre l’AQUOPS en mode apprenante. Pas de préparation de conférence. Pas d’atelier à animer. Juste l’espace et le temps pour écouter, m’imprégner, échanger.
Et ce que j’ai reçu en retour est au-delà de mes attentes.
Trois jours pour prendre une grande bouffée d’air pédagogique. Trois jours à connecter avec l’essentiel.
Mais surtout… trois rencontres qui ont marqué mon esprit. Trois femmes lumineuses, passionnées, profondément humaines.
Trois femmes qui, chacune à leur manière, m’ont donné envie de continuer. De continuer à croire en l’école. En nos jeunes. Et en notre pouvoir de faire une différence.
✨ Stéphanie Jecrois, de Technovation Montréal, m’a tout de suite captivée par son engagement envers les jeunes filles en tech. Avec elle, pas de demi-mesure : on fonce, on code, on crée! Elle rappelle que l’innovation appartient à tout le monde, peu importe l’âge, le genre, le bagage. Elle m’a fait voir à quel point la créativité et la technologie peuvent être des leviers puissants d’égalité et de confiance.
✨ Fabiola Nyrva Aladin m’a touchée droit au cœur. Son regard sur l’inclusion, la bienveillance, et la représentation est juste, profond, nécessaire. Elle parle d’éducation comme on parle d’un feu sacré, qu’il faut entretenir sans jamais l’éteindre. Avec elle, j’ai eu envie de ralentir, de prendre soin. De ne pas perdre de vue l’essentiel : l’humain.
✨ Et puis, il y a eu Anne Nguyen, du Conseil de l’innovation. Quelle force tranquille. Elle parle d’avenir, d’intelligence artificielle, de transformation… mais toujours avec un ancrage fort dans le réel. Elle rappelle que l’innovation doit rester au service de l’élève, et que la plus grande richesse, c’est encore la relation. Elle m’a donné envie de rêver, mais les deux pieds bien sur terre.
Ces trois femmes m’ont portée, à leur manière. Elles m’ont redonné l’élan que je ne savais pas que j’avais besoin de retrouver. Elles m’ont rappelé pourquoi je fais ce métier. Pourquoi j’y crois encore.
Alors ce billet, c’est un grand merci. Merci à elles. Merci à l’AQUOPS. Merci à tous ceux et celles qui, chaque jour, rendent l’école plus belle, plus douce, plus vivante.
Mes lucioles.
📝 Petite note en post-scriptum
Puisqu’on a beaucoup parlé d’intelligence artificielle durant ce congrès, je me suis amusée à faire un petit test… Ce billet a été co-écrit avec l’aide de ChatGPT (je me trouve très drôle d'ailleurs). Je lui ai partagé mes souvenirs, mes impressions, mes coups de cœur… et il m’a aidée à tisser le tout avec un brin de poésie. Comme quoi, même pour parler du beau, de l’humain et du sensible, l’IA peut avoir sa place — à condition, bien sûr, qu’on y mette un peu de cœur. 💛
Nourrir les mouches à feu
22 novembre 2024
Quand est-ce qu’on réalise que les projets dans lesquels on embarque n’ont plus l’apport “calorique” de développement professionnel recherché?
C’est trop sérieux comme question? J’avoue que j’ai peut-être un peu l’air de manquer de cohérence en ayant si souvent vanté les bénéfices de s’évader de la classe, de s’impliquer dans les diverses sphères de l’éducation, d’investir notre temps personnel pour le bien commun…
Mais je ne vois ma question comme une dualité ou un choix à faire.
Blanc ou noir.
Gauche ou droite.
Flexible ou traditionnel.
On est beaucoup plus dans la nuance.
Se nourrir nécessite parfois de revenir aux sources. Alors, comment on nourrit les mouches à feu?
(Voir le billet de blogue La lumière intérieure pour mieux saisir l’utilisation du sens de mouche à feu. Ou non. Vous pouvez aussi imaginer que je nourris des vraies lucioles dans mes temps libres…)
Comment continuer de faire briller la lumière qui nous guide et nous garde sur le chemin du…
Wooooo. On va se slacker le sermon svp.
Comment on nourrit ça un prof qui veut rester prof? Bon. Ça c’est clair.
Un des premiers aspects qui m’est apparu essentiel en début de carrière, c’était de me sentir soutenue. Que ce soit par des collègues qui me refilaient des planifications, des activités clés en main, des trucs de gestion de classe ou simplement un support moral, ça valait de l’or. J’avais besoin de sentir que peu importe dans quel trou je tombais, quelqu’un allait venir me tendre une échelle (et peut-être rire de moi aussi, mais ça fait partie de la job de développer un peu d’humilité face à nos échecs).
Pssst… on redonne au suivant svp.
Ingrédient #1: la (fameuse) bienveillance
Dans les premières années, on va se le dire, ça passe ou ça casse.
Et si j’en crois la rumeur… la gestion de classe c’est le nerf de la guerre. Ça nous fait rapidement tombé dans le cercle vicieux du “ cette classe là, pas possible de faire des blagues, ça dérape trop…”
Alors, on arrête d’avoir du fun. Et notre gestion de classe en prend plein la gueule. Alors on resserre le cadre. Et nos élèves nous font clairement comprendre qu’eux non plus, n’ont pas de plaisir. Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’année se termine (ouf!) ou qu’on décide de changer drastiquement nos méthodes. Sauf que ça demande aussi d’accepter qu’on fait partie du problème… Se regarder le nombril et chercher à s’améliorer, plus facile à dire qu’à faire hein? Cela dit, plusieurs facteurs peuvent demeurer hors de notre contrôle, gardons en tête qu’il y aura toujours des limites à ce qu’un excellent enseignant peut faire quand il a les pieds et les mains liés.
Ingrédient #2: l’introspection
N’importe quel prof associé qui reçoit les planifications de ses stagiaires pourra vous le confirmer; tu n’enseigneras jamais le plan A. Au mieux, tu vas te rendre au plan D. Connaitre ton programme, les compétences à développer chez tes élèves et les bonnes stratégies à leur enseigner devraient être la trame de fond de tout ce que tu fais (ou presque). Non seulement ça permet d’avoir un regard bien plus spécifique sur ce que tu observes au quotidien, mais ça fait aussi en sorte que les imprévus peuvent devenir des leçons encore plus riches que prévues.
Ingrédient #3: le programme (ajouter des épices pour plus de goût)
Ingrédient secret: la flexibilité pédagogique
Je m’en voudrais de ne pas finir sur une note un peu quétaine. Ce serait indigne de ce que je prône tous les jours… mais si tu n’aimes pas les enfants, kessé tu fais en enseignement?!?
Ta passion pour les autocollants, tes magnifiques documents d’exercisation ou ton indéniable talent de décoration ne feront pas le poids contre les états d’âmes de tes élèves, de leur besoin de sécurité émotionnelle et leur capacité indéniable à détecter la bullshit chez les adultes. Ce qui veut aussi dire que tu as beau les aimer, tu n’aimeras pas toutes tes journées. Ce sont deux choses bien distinctes à ne pas confondre. Tu dois les aimer… par leurs parents, pas les critères d’évaluation sur lesquels tu dois les juger, pas le système d’éducation qui les prive trop souvent de leur droit à une éducation de qualité… eux.
Juste eux. Et ce sera déjà beaucoup.
Ingrédient #4: l’amour
Est-ce que ces 5 ingrédients sont suffisants pour te nourrir? Probablement que non…
Mais une mouche à feu aura toujours le tour de trouver la bonne recette.
C’est trop sérieux comme question? J’avoue que j’ai peut-être un peu l’air de manquer de cohérence en ayant si souvent vanté les bénéfices de s’évader de la classe, de s’impliquer dans les diverses sphères de l’éducation, d’investir notre temps personnel pour le bien commun…
Mais je ne vois ma question comme une dualité ou un choix à faire.
Blanc ou noir.
Gauche ou droite.
Flexible ou traditionnel.
On est beaucoup plus dans la nuance.
Se nourrir nécessite parfois de revenir aux sources. Alors, comment on nourrit les mouches à feu?
(Voir le billet de blogue La lumière intérieure pour mieux saisir l’utilisation du sens de mouche à feu. Ou non. Vous pouvez aussi imaginer que je nourris des vraies lucioles dans mes temps libres…)
Comment continuer de faire briller la lumière qui nous guide et nous garde sur le chemin du…
Wooooo. On va se slacker le sermon svp.
Comment on nourrit ça un prof qui veut rester prof? Bon. Ça c’est clair.
Un des premiers aspects qui m’est apparu essentiel en début de carrière, c’était de me sentir soutenue. Que ce soit par des collègues qui me refilaient des planifications, des activités clés en main, des trucs de gestion de classe ou simplement un support moral, ça valait de l’or. J’avais besoin de sentir que peu importe dans quel trou je tombais, quelqu’un allait venir me tendre une échelle (et peut-être rire de moi aussi, mais ça fait partie de la job de développer un peu d’humilité face à nos échecs).
Pssst… on redonne au suivant svp.
Ingrédient #1: la (fameuse) bienveillance
Dans les premières années, on va se le dire, ça passe ou ça casse.
Et si j’en crois la rumeur… la gestion de classe c’est le nerf de la guerre. Ça nous fait rapidement tombé dans le cercle vicieux du “ cette classe là, pas possible de faire des blagues, ça dérape trop…”
Alors, on arrête d’avoir du fun. Et notre gestion de classe en prend plein la gueule. Alors on resserre le cadre. Et nos élèves nous font clairement comprendre qu’eux non plus, n’ont pas de plaisir. Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’année se termine (ouf!) ou qu’on décide de changer drastiquement nos méthodes. Sauf que ça demande aussi d’accepter qu’on fait partie du problème… Se regarder le nombril et chercher à s’améliorer, plus facile à dire qu’à faire hein? Cela dit, plusieurs facteurs peuvent demeurer hors de notre contrôle, gardons en tête qu’il y aura toujours des limites à ce qu’un excellent enseignant peut faire quand il a les pieds et les mains liés.
Ingrédient #2: l’introspection
N’importe quel prof associé qui reçoit les planifications de ses stagiaires pourra vous le confirmer; tu n’enseigneras jamais le plan A. Au mieux, tu vas te rendre au plan D. Connaitre ton programme, les compétences à développer chez tes élèves et les bonnes stratégies à leur enseigner devraient être la trame de fond de tout ce que tu fais (ou presque). Non seulement ça permet d’avoir un regard bien plus spécifique sur ce que tu observes au quotidien, mais ça fait aussi en sorte que les imprévus peuvent devenir des leçons encore plus riches que prévues.
Ingrédient #3: le programme (ajouter des épices pour plus de goût)
Ingrédient secret: la flexibilité pédagogique
Je m’en voudrais de ne pas finir sur une note un peu quétaine. Ce serait indigne de ce que je prône tous les jours… mais si tu n’aimes pas les enfants, kessé tu fais en enseignement?!?
Ta passion pour les autocollants, tes magnifiques documents d’exercisation ou ton indéniable talent de décoration ne feront pas le poids contre les états d’âmes de tes élèves, de leur besoin de sécurité émotionnelle et leur capacité indéniable à détecter la bullshit chez les adultes. Ce qui veut aussi dire que tu as beau les aimer, tu n’aimeras pas toutes tes journées. Ce sont deux choses bien distinctes à ne pas confondre. Tu dois les aimer… par leurs parents, pas les critères d’évaluation sur lesquels tu dois les juger, pas le système d’éducation qui les prive trop souvent de leur droit à une éducation de qualité… eux.
Juste eux. Et ce sera déjà beaucoup.
Ingrédient #4: l’amour
Est-ce que ces 5 ingrédients sont suffisants pour te nourrir? Probablement que non…
Mais une mouche à feu aura toujours le tour de trouver la bonne recette.
Ne rien faire. Encore.
17 mai 2024
Ce billet est franchement semblable à celui publié le 13 novembre 2022: Ne rien faire.
Je me plagie moi-même :)
Ici, j’avais le goût d’y ajouter une réflexion à saveur scolaire.
Bonne lecture.
Attends.
Yeux qui tournent.
Tapage de pieds.
Grognements?!
2 grosses minutes.
“C’était ben looooong!”
La patience est une vertue? Faudrait la remettre au menu du jour svp.
Mon but n’est absolument pas d’enfoncer le clou. L’éducation a le dos large et le département des plaintes est en burn-out depuis un bout, mais est-ce qu’on peut se regarder le nombril et avouer qu’on l’a un peu échappé?
On se plaint que nos élèves sont incapables de se concentrer, qu’ils sont surstimulés.
Qu’ils sont impatients/impulsifs/incompris/incohérents?!
Sauf qu’on leur a fait croire que l’ennui n’avait rien à leur apprendre.
On les a inscrit à des cours parascolaires et des camps spécialisés.
On les a laissé plonger dans le numérique, sans vérifier s’ils savaient nager.
On les trouve tellement matures de s’intégrer à notre vie sociale d’adulte et nos horaires de gens-qui-veulent-vivre-pleinement.
Et pour les laisser “être des enfants”, on les discipline à rabais, les laissant chercher une constance dans nos interventions sur-positives.
Je ne vous écrirai pas un paragraphe nostalgique.
Dans mon temps on jouait dehors et on se faisait tirer les oreilles.
On a compris…
Là, en 2024, on veut quoi pour nos enfants?
J’ai envie que mes enfants regardent par la fenêtre et se demande si le nuage ressemble plus à un dinosaure ou à un gros chat.
Je veux pouvoir enseigner à des élèves qui ne font pas une crise d’angoisse quand je leur dis que la récréation est dans 10 minutes et qu’ils peuvent attendre le temps que j’en aide 2-3.
Pour ça, je dois moi-même me rappeler que j’ai le droit de ne rien faire.
(Flashback billet Ne rien faire, novembre 2022)
J’ai le droit de dire à mes enfants que le souper est prêt dans 15 minutes et de ne pas allumer la télé.
Je peux même profiter des rayons du soleil printanniers pour m’assoir sur le balcon et fermer les yeux, la tête de ma fille sur les genoux.
-On fait quoi maman?
-Rien chérie, on fait rien pour se faire du bien.
Je dois prendre le temps d’enseigner l’ennui.
De leur montrer que ça ne les mordra pas.
Même si c’est plate, que c’est long, que ça sert à rien, que…
Que finalement les idées se fréent un chemin.
Que le temps qui passe a soudainement un rythme différent.
Que ça sert à rien? Mais que, bizarrement, on se sent mieux …
Je veux leur apprendre à ne rien faire.
À être confortable dans l’attente.
Pour renouer avec leur cerveau surchauffé.
Et leur donner le droit de s’y prélasser, émerveillé par tout ce qu’il a à leur offrir.
Je me plagie moi-même :)
Ici, j’avais le goût d’y ajouter une réflexion à saveur scolaire.
Bonne lecture.
Attends.
Yeux qui tournent.
Tapage de pieds.
Grognements?!
2 grosses minutes.
“C’était ben looooong!”
La patience est une vertue? Faudrait la remettre au menu du jour svp.
Mon but n’est absolument pas d’enfoncer le clou. L’éducation a le dos large et le département des plaintes est en burn-out depuis un bout, mais est-ce qu’on peut se regarder le nombril et avouer qu’on l’a un peu échappé?
On se plaint que nos élèves sont incapables de se concentrer, qu’ils sont surstimulés.
Qu’ils sont impatients/impulsifs/incompris/incohérents?!
Sauf qu’on leur a fait croire que l’ennui n’avait rien à leur apprendre.
On les a inscrit à des cours parascolaires et des camps spécialisés.
On les a laissé plonger dans le numérique, sans vérifier s’ils savaient nager.
On les trouve tellement matures de s’intégrer à notre vie sociale d’adulte et nos horaires de gens-qui-veulent-vivre-pleinement.
Et pour les laisser “être des enfants”, on les discipline à rabais, les laissant chercher une constance dans nos interventions sur-positives.
Je ne vous écrirai pas un paragraphe nostalgique.
Dans mon temps on jouait dehors et on se faisait tirer les oreilles.
On a compris…
Là, en 2024, on veut quoi pour nos enfants?
J’ai envie que mes enfants regardent par la fenêtre et se demande si le nuage ressemble plus à un dinosaure ou à un gros chat.
Je veux pouvoir enseigner à des élèves qui ne font pas une crise d’angoisse quand je leur dis que la récréation est dans 10 minutes et qu’ils peuvent attendre le temps que j’en aide 2-3.
Pour ça, je dois moi-même me rappeler que j’ai le droit de ne rien faire.
(Flashback billet Ne rien faire, novembre 2022)
J’ai le droit de dire à mes enfants que le souper est prêt dans 15 minutes et de ne pas allumer la télé.
Je peux même profiter des rayons du soleil printanniers pour m’assoir sur le balcon et fermer les yeux, la tête de ma fille sur les genoux.
-On fait quoi maman?
-Rien chérie, on fait rien pour se faire du bien.
Je dois prendre le temps d’enseigner l’ennui.
De leur montrer que ça ne les mordra pas.
Même si c’est plate, que c’est long, que ça sert à rien, que…
Que finalement les idées se fréent un chemin.
Que le temps qui passe a soudainement un rythme différent.
Que ça sert à rien? Mais que, bizarrement, on se sent mieux …
Je veux leur apprendre à ne rien faire.
À être confortable dans l’attente.
Pour renouer avec leur cerveau surchauffé.
Et leur donner le droit de s’y prélasser, émerveillé par tout ce qu’il a à leur offrir.
Le pouvoir
10 novembre 2023
Pouvoir.
Avouez que ce mot a quelque chose d’inconfortable…
Synonyme de contrôle, de t’auras-pas-le-dernier-mot.
Et je vis au Québec.
Le pouvoir ailleurs peut prendre une signification pas mal plus intense.
Mais ce n’est pas là que je veux t’emmener avec ce billet. Je veux... j’ai besoin de lumière. De positif. D’un pouvoir qui se partage, qui écoute et qui fait des petits.
J’ai le gout de te parler du pouvoir de la reconnaissance. #coachmyravatedirecommentçamarche 🙄
Ça fait quelques fois qu’on me demande de participer à des balados, qu’on écrit un petit article qui met de l’avant ce que je fais en classe ou qu’on capte des moments sensés rendre concrets des concepts pédagogiques ou des façons de faire inspirantes.
Ego de Myra: 1 Changer le monde: 0
J’aime ça jaser, que veux-tu. Mais j’aime aussi la reconnaissance.
Et je m’en suis voulu longtemps pour ça.
La reconnaissance se nourrit étrangement du narcissisme des gens tout en s’abreuvant à leur besoin de sentir qu’ils ont un impact positif sur leur environnement.
Un genre de Narcisse qui se serait regardé dans le reflet du lac et aurait décidé de ramasser les 3-4 déchets qui trainaient là. Avant de se noyer.
Probablement que les gens avec l’âme pure sont capables de changer le monde sans que personne ne sache jamais ce qu’ils ont fait.
Comme les ninjas inconnus du bien absolu.
(Ça va prendre une série Netflix pour ça.)
Mais les êtres humains normaux comme toi et moi ont besoin d’être reconnu pour ce qu’on fait et pour ce qu’on est.
La question qui tue c’est…. est-ce qu’on le fait?
Est-ce qu’on ose plus que la tape sur l’épaule?
Créons-nous des espaces dans notre vie pour les gens inspirants?
Et watch out. Je n’ai pas dit influents…j’ai dit inspirants.
Ces personnes, qu’en écoutant, te font reculer sur ton dossier de chaise, soupirer et sourire en coin.
Dont les idées vont te chatouiller l’inconscient et te faire changer de cap ne serait-ce que de quelques degrés.
Des gens extraordinaires comme ça, il y en a plus qu’on pense.
Mais le temps nous les vole.
Parce qu’on préfère essayer de dépasser le lièvre plutôt que de jaser avec la tortue.
Chaque fois qu’on m’a questionné sur ce que je fais en classe, qu’on a mis en lumière cette leader à moitié assumée, qu’on a souligné l’importance de ce que je fais… j’ai eu le gout d’en faire encore plus. De prouver que ce n’était pas la ligne d’arrivée.
Parce que le pouvoir de la reconnaissance il est là.
Dans le feu qui continue de brûler, plus fort, plus beau et contagieux.
Célébrons les personnes extraordinaires qui nous entourent.
Posons-leur des questions.
Donnons-leur des minutes.
Ils auront le pouvoir de les transformer, et vous par la même occasion.
Avouez que ce mot a quelque chose d’inconfortable…
Synonyme de contrôle, de t’auras-pas-le-dernier-mot.
Et je vis au Québec.
Le pouvoir ailleurs peut prendre une signification pas mal plus intense.
Mais ce n’est pas là que je veux t’emmener avec ce billet. Je veux... j’ai besoin de lumière. De positif. D’un pouvoir qui se partage, qui écoute et qui fait des petits.
J’ai le gout de te parler du pouvoir de la reconnaissance. #coachmyravatedirecommentçamarche 🙄
Ça fait quelques fois qu’on me demande de participer à des balados, qu’on écrit un petit article qui met de l’avant ce que je fais en classe ou qu’on capte des moments sensés rendre concrets des concepts pédagogiques ou des façons de faire inspirantes.
Ego de Myra: 1 Changer le monde: 0
J’aime ça jaser, que veux-tu. Mais j’aime aussi la reconnaissance.
Et je m’en suis voulu longtemps pour ça.
La reconnaissance se nourrit étrangement du narcissisme des gens tout en s’abreuvant à leur besoin de sentir qu’ils ont un impact positif sur leur environnement.
Un genre de Narcisse qui se serait regardé dans le reflet du lac et aurait décidé de ramasser les 3-4 déchets qui trainaient là. Avant de se noyer.
Probablement que les gens avec l’âme pure sont capables de changer le monde sans que personne ne sache jamais ce qu’ils ont fait.
Comme les ninjas inconnus du bien absolu.
(Ça va prendre une série Netflix pour ça.)
Mais les êtres humains normaux comme toi et moi ont besoin d’être reconnu pour ce qu’on fait et pour ce qu’on est.
La question qui tue c’est…. est-ce qu’on le fait?
Est-ce qu’on ose plus que la tape sur l’épaule?
Créons-nous des espaces dans notre vie pour les gens inspirants?
Et watch out. Je n’ai pas dit influents…j’ai dit inspirants.
Ces personnes, qu’en écoutant, te font reculer sur ton dossier de chaise, soupirer et sourire en coin.
Dont les idées vont te chatouiller l’inconscient et te faire changer de cap ne serait-ce que de quelques degrés.
Des gens extraordinaires comme ça, il y en a plus qu’on pense.
Mais le temps nous les vole.
Parce qu’on préfère essayer de dépasser le lièvre plutôt que de jaser avec la tortue.
Chaque fois qu’on m’a questionné sur ce que je fais en classe, qu’on a mis en lumière cette leader à moitié assumée, qu’on a souligné l’importance de ce que je fais… j’ai eu le gout d’en faire encore plus. De prouver que ce n’était pas la ligne d’arrivée.
Parce que le pouvoir de la reconnaissance il est là.
Dans le feu qui continue de brûler, plus fort, plus beau et contagieux.
Célébrons les personnes extraordinaires qui nous entourent.
Posons-leur des questions.
Donnons-leur des minutes.
Ils auront le pouvoir de les transformer, et vous par la même occasion.
Aime-les.
1er septembre 2023
Je le nierai pas.
J’écris ce billet un vendredi soir, en salopette de jeans, sans brassière et un verre de rouge su’l side.
Je me suis mis de la pression les derniers mois pour écrire un billet de blog qui reflèterait avec justesse les montagnes russes d’émotions que je traversais;
Accepter que rien d’innovant ne viendrait de notre ministre.
Voir mes premiers élèves de maternelle finir leur secondaire.
Réaliser que je n’avais pas inscrit mes enfants à des camps d’été.
2e verre de vino.
J’ai l’émotion dans l’piton. Et j’accueille ma nouvelle gang.
26 personnes uniques à découvrir, à accompagner, à encadrer et recadrer de temps en temps. À aimer surtout.
Fleur bleue que je suis, c’est de ça que j’ai envie de te parler ce soir. D’amour. Malgré tout ce qui pourrait être crié sur les toits, je choisis de te murmurer ceci:
Ils ont besoin que tu les aimes. Pour vrai, sans condition ni système d’émulation.
Ils veulent que tu les regardes dans les yeux sans lumière bleue.
Ils cherchent ton attention, celle qu’on cherchait aussi à leur âge.
Alors prends le temps de les connaitre. En dehors de leurs acronymes.
TDAH,TSA,PI, DYS, …
Sortez-les de l’alphabet. Ils ont tellement plus à nous dire…
Aime-les sans faillir. Même quand ils te feront vivre le pire. Ou qu’ils te diront le contraire.
Même quand ils te donneront le gout d’appliquer au ministère.
Résiste. Pour eux. Pour tous ceux qui vont suivre et dont tu deviendras le phare.
Solide la plupart du temps.
Avec une lampe à changer de temps en temps.
C’est pas eux. Ils ne sont pas le système.
Ils ont juste besoin que tu les aimes.
Sans bureaucratie.
Un dernier souhait.
Fais-leur savoir.
Aimer c’est pas juste un verbe à l’infinitif.
Ça se conjugue à tous le temps, toutes les personnes.
Surtout pour le futur, par les temps qui court.
J’écris ce billet un vendredi soir, en salopette de jeans, sans brassière et un verre de rouge su’l side.
Je me suis mis de la pression les derniers mois pour écrire un billet de blog qui reflèterait avec justesse les montagnes russes d’émotions que je traversais;
Accepter que rien d’innovant ne viendrait de notre ministre.
Voir mes premiers élèves de maternelle finir leur secondaire.
Réaliser que je n’avais pas inscrit mes enfants à des camps d’été.
2e verre de vino.
J’ai l’émotion dans l’piton. Et j’accueille ma nouvelle gang.
26 personnes uniques à découvrir, à accompagner, à encadrer et recadrer de temps en temps. À aimer surtout.
Fleur bleue que je suis, c’est de ça que j’ai envie de te parler ce soir. D’amour. Malgré tout ce qui pourrait être crié sur les toits, je choisis de te murmurer ceci:
Ils ont besoin que tu les aimes. Pour vrai, sans condition ni système d’émulation.
Ils veulent que tu les regardes dans les yeux sans lumière bleue.
Ils cherchent ton attention, celle qu’on cherchait aussi à leur âge.
Alors prends le temps de les connaitre. En dehors de leurs acronymes.
TDAH,TSA,PI, DYS, …
Sortez-les de l’alphabet. Ils ont tellement plus à nous dire…
Aime-les sans faillir. Même quand ils te feront vivre le pire. Ou qu’ils te diront le contraire.
Même quand ils te donneront le gout d’appliquer au ministère.
Résiste. Pour eux. Pour tous ceux qui vont suivre et dont tu deviendras le phare.
Solide la plupart du temps.
Avec une lampe à changer de temps en temps.
C’est pas eux. Ils ne sont pas le système.
Ils ont juste besoin que tu les aimes.
Sans bureaucratie.
Un dernier souhait.
Fais-leur savoir.
Aimer c’est pas juste un verbe à l’infinitif.
Ça se conjugue à tous le temps, toutes les personnes.
Surtout pour le futur, par les temps qui court.
I need somebody with a human touch
Le 30 avril 2023
Je cuisinais du tofu en écoutant les Spice girls quand j’ai réalisé qu’elles nous avaient laissé en héritage bien plus que des modes passagères douteuses et des refrains que notre mémoire à long terme ne fera jamais disparaitre. Encore à ce jour, je suis épatée comme la simplicité et les rimes faciles peuvent cacher un message qui fait encore plus écho à la madame que je suis devenue.
Merci les années 90.
C’est en réfléchissant au bien-être des enseignants de mon entourage et au manque flagrant de professionnels en éducation (y’a pas que les profs qui deviennent une denrée rare) que mon appareil de diffusion musicale (peut-on être plus floue pour éviter de faire de la pub) a décidé de jouer avec mon subconscient.
Stop right now thank you very much
I need somebody with a human touch
Hey you, always on the run
Gotta slow it down baby, gotta have some fun
Pouvaient-elles, juchées sur des talons haut vertigineux, avoir percé le secret d’une carrière heureuse en enseignement?
Arrêtez. Prenez une pause au besoin. Apprendre à ne pas se rendre au bout du rouleau, c’est un art. Et ça s’apprend. Pour cela, les collègues doivent être à l’écoute les uns des autres et la direction à l’affut des signes de détresse de ses employés. Ce n’est pas un signe de faiblesse d’avoir besoin de prendre un pas de recul. Cela ne passe pas nécessairement par un congé maladie de deux mois. Il faut savoir cultiver la pause au quotidien. Diner avec ses collègues, vider son sac à la TES quand on a un trop plein, changer l’horaire de fin de journée pour souffler, sortir dehors et jouer avec les élèves même si ce n’était pas planifié.
Cultivez votre humanité. Nous travaillons avec ce que la société a de plus précieux. Ne l’oubliez jamais. Nous avons le devoir de les protéger, de les aimer, de les trouver fantastiques, de les aider à devenir meilleur. Les enfants ont besoin de sentir qu’ils sont importants pour nous. Et ça ne se “fake” pas. Les enfants ont un baromètre à “bullshit” très sensible et votre lien de confiance en souffrira si vous tentez de les déjouer. Soyez vrai, en classe comme en dehors.
Ayez du plaisir. Soyez le fun! On devrait offrir un cours au bac enseignement sur l’utilisation de l’humour dans un contexte pédagogique. Question de nous décoincer et de savoir tirer profit du meilleur public qu’on aura jamais. Les enfants sont des éponges à émotions, si vous avez du plaisir avec eux, ils vous suivront pour traverser les montagnes les plus escarpées. Et arrêtez de croire qu’un prof qui fait des blagues ne peut aussi être exigeant. Ça donne l’impression aux nouveaux que leur gestion de classe pourrait souffrir s’ils sont trop pétillants. Se retenir d’avoir du plaisir avec nos élèves par peur de perdre le contrôle, voilà une belle façon de faire faner une envie d'enseigner.
Je vous aime les profs, je sais que la trame sonore en éducation fait dure ces temps-ci.
Y'aura pas de refrains simples pour retrouver une mélodie qui fait du sens.
Je retourne à mon tofu.
Slow it down, read the sign, so you know just where you are going
Merci les années 90.
C’est en réfléchissant au bien-être des enseignants de mon entourage et au manque flagrant de professionnels en éducation (y’a pas que les profs qui deviennent une denrée rare) que mon appareil de diffusion musicale (peut-on être plus floue pour éviter de faire de la pub) a décidé de jouer avec mon subconscient.
Stop right now thank you very much
I need somebody with a human touch
Hey you, always on the run
Gotta slow it down baby, gotta have some fun
Pouvaient-elles, juchées sur des talons haut vertigineux, avoir percé le secret d’une carrière heureuse en enseignement?
Arrêtez. Prenez une pause au besoin. Apprendre à ne pas se rendre au bout du rouleau, c’est un art. Et ça s’apprend. Pour cela, les collègues doivent être à l’écoute les uns des autres et la direction à l’affut des signes de détresse de ses employés. Ce n’est pas un signe de faiblesse d’avoir besoin de prendre un pas de recul. Cela ne passe pas nécessairement par un congé maladie de deux mois. Il faut savoir cultiver la pause au quotidien. Diner avec ses collègues, vider son sac à la TES quand on a un trop plein, changer l’horaire de fin de journée pour souffler, sortir dehors et jouer avec les élèves même si ce n’était pas planifié.
Cultivez votre humanité. Nous travaillons avec ce que la société a de plus précieux. Ne l’oubliez jamais. Nous avons le devoir de les protéger, de les aimer, de les trouver fantastiques, de les aider à devenir meilleur. Les enfants ont besoin de sentir qu’ils sont importants pour nous. Et ça ne se “fake” pas. Les enfants ont un baromètre à “bullshit” très sensible et votre lien de confiance en souffrira si vous tentez de les déjouer. Soyez vrai, en classe comme en dehors.
Ayez du plaisir. Soyez le fun! On devrait offrir un cours au bac enseignement sur l’utilisation de l’humour dans un contexte pédagogique. Question de nous décoincer et de savoir tirer profit du meilleur public qu’on aura jamais. Les enfants sont des éponges à émotions, si vous avez du plaisir avec eux, ils vous suivront pour traverser les montagnes les plus escarpées. Et arrêtez de croire qu’un prof qui fait des blagues ne peut aussi être exigeant. Ça donne l’impression aux nouveaux que leur gestion de classe pourrait souffrir s’ils sont trop pétillants. Se retenir d’avoir du plaisir avec nos élèves par peur de perdre le contrôle, voilà une belle façon de faire faner une envie d'enseigner.
Je vous aime les profs, je sais que la trame sonore en éducation fait dure ces temps-ci.
Y'aura pas de refrains simples pour retrouver une mélodie qui fait du sens.
Je retourne à mon tofu.
Slow it down, read the sign, so you know just where you are going
Assumer son leadership
Le 20 décembre 2022
J’ai une histoire de leadership à vous raconter. Il se pourrait même que j’y insère des références, question de crédibilité. Je vais jouer franc jeu, ce billet de blog appuiera une partie de mon travail universitaire sur le changement organisationnel. Un peu moins de fougue, un peu plus de sérieux, mais toujours dans le but de faire cheminer le lecteur.
Je vous mets en contexte.
Depuis quelques années, j’ai tenté d’utiliser des stratégies dans mon milieu professionnel afin de nourrir les réflexions de mes collègues, soutenir les avancées pédagonumériques et par le fait même, améliorer ma propre pratique. J’avais d’abord proposé des rencontres inspirantes une fois par mois afin d’explorer des sujets touchants à notre pratique professionnelle. Cela était optionnel et la rencontre pouvait être animée par un collègue ou une personne externe à notre organisation. L’engouement était définitivement présent, mais le fait de tenir les rencontres après l’école ne permettait pas d’aller la majorité du personnel. Nous avons donc proposé différentes formules: midi pizza, brunch inspirant, etc. Voyant notre intérêt pour quelque chose de plus organisé, notre direction a mis sur pied un comité de développement et d’innovation pédagogique. Nos responsabilités se sont jointes à la vision de la direction et nous avons pu offrir des formations sur du temps “d’école”. Conférences pour les enseignants, pour les parents, des rencontres inspirantes encore, mais aussi une vision qui a évolué pour coller davantage aux besoins des enseignants et à la réalité de notre clientèle.
Puis, nous avons vu une vague de changement déferlée sur notre milieu et, ne reculant devant rien (j’exagère peut-être un peu, ça s’est fait en douceur) j’ai fait part de mon désir d’accompagner les enseignants de notre milieu. Que ce soit pour réfléchir à leur pratique, pour approfondir la compréhension d’un outil ou simplement pour se lancer dans un nouveau défi, je voulais faire partie du processus. De leur côté, les enseignants avaient souvent nommé le besoin d’avoir plus de temps…mais le temps est une ressource qui ne peut être considérée à la légère et qui peut passer en coup de vent si nos intentions ne sont pas claires.
De là est né le projet de changement organisationnel que j’analyse dans mon cours, mais qui me permet par dessus tout d’assumer pleinement le leadership qui avait toujours teinté mes interventions.
La direction générale a décidé de libérer non pas une, mais deux personnes, à raison d’une journée semaine chacune. Dans le contexte de manque de personnel que l’on connait présentement, c’était un choix audacieux qui se devait d’être bien réfléchit.
Je l’avoue, j’avais un peu de pression sur les épaules. Je voulais prouver, je le veux encore, que j’ai la capacité de me détacher de mon rôle d’enseignante pour endosser celui d’une conseillère pédagogique. Dans l’article analysé lors de mon cours, Le conseiller pédagogique comme agent de changement, par Claude Lachaîne et Claire Duchesne, il est fait mention que le leader doit être en mesure de transcender sa vision pour ainsi influencer le comportement des enseignants accompagnés.1 Toutefois, le leader transformationnel doit également partager une vision commune avec les enseignants ainsi qu’avec la direction. Il m’apparait donc gagnant pour un milieu de nommer des gens à l’interne pour accompagner leurs collègues. Non seulement ces leaders font déjà partie du processus de changement, mais ils peuvent plus facilement adapter le rythme de leurs interventions afin d’influencer positivement le changement plutôt que d’imposer un rythme qui ferait décrocher des enseignants plus rébarbatifs.
Mes responsabilités en tant que leader n’étaient pas particulièrement définies, même si je connaissais les grandes lignes. L’objectif est clair, la façon d’y arriver m’appartient. Pour quelqu’un de créatif, mais légèrement désorganisée, cela peut représenter un défi. C’est l’une des raisons qui, je crois, a poussé ma direction dans le choix de l’autre personne responsable de l’accompagnement. Cette collègue et moi-même avons crée un équilibre en mettant nos forces en commun et en validant certains de nos choix afin d’appuyer la direction au meilleur de nos compétences.
De plus, l’analyse précédente (voir le balado Analyse) ainsi que l’utilisation du tableau de Collerette sur l’Inventaire des dispositions des destinataires par rapport à un changement organisationnel 2 permettait d’entrevoir une disposition très favorable au changement. En effet, l’appui de la direction, le fait d’avoir nommé deux personnes crédibles et connues du milieu ainsi que l’aspect tangible du changement mis en place nous semble en adéquation avec les situations emblématiques du conseiller pédagogique, notamment celle de conseiller.3
Dans cette situation, notre rôle doit s’organiser autour de deux grands axes avant de pouvoir emprunter le chemin de l’innovation: collaborer et mobiliser. Les exigences professionnelles proposées dans cette section du Référentiel sont donc un point de départ essentiel dans la préparation de notre accompagnement. Je me permets de les reformuler afin de les remettre en contexte.
Mon histoire ne se termine pas ici, vous vous en doutez…
Nos ambitions, aussi louables soient-elles, doivent maintenant être concrétisées en offrant des approches qui correspondent aux besoins des enseignants. Dans la prochaine partie de mon travail, et toujours dans le souci que ce que je fais puisse être utile à d’autres leaders, je présenterai une infographie:
Stratégies pour soutenir le développement professionnel dans votre milieu.
1 https://www.erudit.org/en/journals/mje/1900-v1-n1-mje05322/1069773ar.pdf
2 Collerette, Pierre, et al. Le pilotage du changement, 3e édition, Les Presses de l'Université du Québec, 2021, p.137 à 141.
3 https://www.usherbrooke.ca/gef/fileadmin/sites/gef/uploads/RACCP_version_finale_juillet2019.pdf
Je vous mets en contexte.
Depuis quelques années, j’ai tenté d’utiliser des stratégies dans mon milieu professionnel afin de nourrir les réflexions de mes collègues, soutenir les avancées pédagonumériques et par le fait même, améliorer ma propre pratique. J’avais d’abord proposé des rencontres inspirantes une fois par mois afin d’explorer des sujets touchants à notre pratique professionnelle. Cela était optionnel et la rencontre pouvait être animée par un collègue ou une personne externe à notre organisation. L’engouement était définitivement présent, mais le fait de tenir les rencontres après l’école ne permettait pas d’aller la majorité du personnel. Nous avons donc proposé différentes formules: midi pizza, brunch inspirant, etc. Voyant notre intérêt pour quelque chose de plus organisé, notre direction a mis sur pied un comité de développement et d’innovation pédagogique. Nos responsabilités se sont jointes à la vision de la direction et nous avons pu offrir des formations sur du temps “d’école”. Conférences pour les enseignants, pour les parents, des rencontres inspirantes encore, mais aussi une vision qui a évolué pour coller davantage aux besoins des enseignants et à la réalité de notre clientèle.
Puis, nous avons vu une vague de changement déferlée sur notre milieu et, ne reculant devant rien (j’exagère peut-être un peu, ça s’est fait en douceur) j’ai fait part de mon désir d’accompagner les enseignants de notre milieu. Que ce soit pour réfléchir à leur pratique, pour approfondir la compréhension d’un outil ou simplement pour se lancer dans un nouveau défi, je voulais faire partie du processus. De leur côté, les enseignants avaient souvent nommé le besoin d’avoir plus de temps…mais le temps est une ressource qui ne peut être considérée à la légère et qui peut passer en coup de vent si nos intentions ne sont pas claires.
De là est né le projet de changement organisationnel que j’analyse dans mon cours, mais qui me permet par dessus tout d’assumer pleinement le leadership qui avait toujours teinté mes interventions.
La direction générale a décidé de libérer non pas une, mais deux personnes, à raison d’une journée semaine chacune. Dans le contexte de manque de personnel que l’on connait présentement, c’était un choix audacieux qui se devait d’être bien réfléchit.
Je l’avoue, j’avais un peu de pression sur les épaules. Je voulais prouver, je le veux encore, que j’ai la capacité de me détacher de mon rôle d’enseignante pour endosser celui d’une conseillère pédagogique. Dans l’article analysé lors de mon cours, Le conseiller pédagogique comme agent de changement, par Claude Lachaîne et Claire Duchesne, il est fait mention que le leader doit être en mesure de transcender sa vision pour ainsi influencer le comportement des enseignants accompagnés.1 Toutefois, le leader transformationnel doit également partager une vision commune avec les enseignants ainsi qu’avec la direction. Il m’apparait donc gagnant pour un milieu de nommer des gens à l’interne pour accompagner leurs collègues. Non seulement ces leaders font déjà partie du processus de changement, mais ils peuvent plus facilement adapter le rythme de leurs interventions afin d’influencer positivement le changement plutôt que d’imposer un rythme qui ferait décrocher des enseignants plus rébarbatifs.
Mes responsabilités en tant que leader n’étaient pas particulièrement définies, même si je connaissais les grandes lignes. L’objectif est clair, la façon d’y arriver m’appartient. Pour quelqu’un de créatif, mais légèrement désorganisée, cela peut représenter un défi. C’est l’une des raisons qui, je crois, a poussé ma direction dans le choix de l’autre personne responsable de l’accompagnement. Cette collègue et moi-même avons crée un équilibre en mettant nos forces en commun et en validant certains de nos choix afin d’appuyer la direction au meilleur de nos compétences.
De plus, l’analyse précédente (voir le balado Analyse) ainsi que l’utilisation du tableau de Collerette sur l’Inventaire des dispositions des destinataires par rapport à un changement organisationnel 2 permettait d’entrevoir une disposition très favorable au changement. En effet, l’appui de la direction, le fait d’avoir nommé deux personnes crédibles et connues du milieu ainsi que l’aspect tangible du changement mis en place nous semble en adéquation avec les situations emblématiques du conseiller pédagogique, notamment celle de conseiller.3
Dans cette situation, notre rôle doit s’organiser autour de deux grands axes avant de pouvoir emprunter le chemin de l’innovation: collaborer et mobiliser. Les exigences professionnelles proposées dans cette section du Référentiel sont donc un point de départ essentiel dans la préparation de notre accompagnement. Je me permets de les reformuler afin de les remettre en contexte.
- Flexibilité du changement: horaire variable qui s’adapte aux enseignants avec deux accompagnatrices pouvant s’adapter aux besoins.
- Explicitation de notre propre questionnement: participation active des accompagnatrices à la vie pédagogique de l’école.
- Gestion des interventions complexes: division des dossiers traités selon les compétences de chacune.
- Alliances interprofessionnelles: utilisation du réseau professionnel des accompagnatrices en plus des collaborations déjà en place dans le milieu.
- Éthique: garder une posture professionnelle en étant consciente que notre rôle ne peut être dénué de tout jugement. Ne pas sous-estimé les habiletés sociales des intervenantes.
- Communication: collaboration rapprochée avec la direction et avec les collègues puisque nous sommes toujours dans le milieu.
- Guider vers une analyse de la pratique: défi principal de notre rôle! Le temps sera un atout important dans cet aspect de notre accompagnement. De plus, l’appui de la direction dans certaines situations pourra être un avantage afin de mieux cibler nos interventions.
Mon histoire ne se termine pas ici, vous vous en doutez…
Nos ambitions, aussi louables soient-elles, doivent maintenant être concrétisées en offrant des approches qui correspondent aux besoins des enseignants. Dans la prochaine partie de mon travail, et toujours dans le souci que ce que je fais puisse être utile à d’autres leaders, je présenterai une infographie:
Stratégies pour soutenir le développement professionnel dans votre milieu.
1 https://www.erudit.org/en/journals/mje/1900-v1-n1-mje05322/1069773ar.pdf
2 Collerette, Pierre, et al. Le pilotage du changement, 3e édition, Les Presses de l'Université du Québec, 2021, p.137 à 141.
3 https://www.usherbrooke.ca/gef/fileadmin/sites/gef/uploads/RACCP_version_finale_juillet2019.pdf
Ne rien faire.
Le dimanche 13 novembre 2022
Ma journée, du matin au soir, est constituée d’une multitude d’interactions de toutes sortes. De conversations anodines aux plus courageuses. De petites perles de réflexions et de monologues qui me dépassent. Mon quotidien se nourrit des interactions sociales qui donnent à ma profession cette complexité difficilement définissable. C’est le contact humain qui définit le fil conducteur de mes actions, de mes appréhensions aussi. Ce mouvement qui nous transporte de minutes en minutes, pouvant balancer entre le chaos et la certitude, est quasi continuel.
Et de temps en temps une pause se propose. Un moment furtif pendant lequel un choix s’impose. Faire quelque chose de plus ou ne rien faire.
Ne rien faire? Absurde.
TOUT, absolument tout autour de nous, dans nos réseaux, nos discussions, nos propositions, nos plans de match…tout nous dit qu’on devrait faire quelque chose.
On se le répète à nous-même comme un mantra diabolique: j’ai tellement de choses à faire. Chu dans l’jus! J’ai pas assez de temps!
Alors, on fait des listes
Alors, on vérifie des courriels.
Alors, on peaufine le bien correct.
Alors, on souffle sur le château de cartes.
On cherche à combler le vide.
Parce que ne rien faire, ça n’a pas de sens, hein?
Quand est-ce que s’emmerder est passé de mode?
Quand est-ce qu’on a décidé qu’être inactif ça ne pouvait pas être productif?
Je réclame le droit de ne rien faire!
Pendant un laps de temps (qui m’appartient de toute façon), sans pour autant négliger les responsabilités que j’ai acceptées en toute connaissance de cause, j’exige quelques minutes de déconnexion.
Une panne d’électricité généralisée.
Un black out total de mes neurones d’anticipation.
Je veux être seule et bien.
Seule, sans rien faire avec plein de choses à faire.
Sans déni, juste dans l’acceptation que ce qui sera fait saura attendre de l’être.
Alors, si un jour on se croise et que vous me voyez ne rien faire.
Le regard perdu au loin.
Un air vaguement débile sur le visage (on pourrait appeler ça la sérénité).
Prenez une minute pour ne rien faire avec moi. Juste pour vous.
Et de temps en temps une pause se propose. Un moment furtif pendant lequel un choix s’impose. Faire quelque chose de plus ou ne rien faire.
Ne rien faire? Absurde.
TOUT, absolument tout autour de nous, dans nos réseaux, nos discussions, nos propositions, nos plans de match…tout nous dit qu’on devrait faire quelque chose.
On se le répète à nous-même comme un mantra diabolique: j’ai tellement de choses à faire. Chu dans l’jus! J’ai pas assez de temps!
Alors, on fait des listes
Alors, on vérifie des courriels.
Alors, on peaufine le bien correct.
Alors, on souffle sur le château de cartes.
On cherche à combler le vide.
Parce que ne rien faire, ça n’a pas de sens, hein?
Quand est-ce que s’emmerder est passé de mode?
Quand est-ce qu’on a décidé qu’être inactif ça ne pouvait pas être productif?
Je réclame le droit de ne rien faire!
Pendant un laps de temps (qui m’appartient de toute façon), sans pour autant négliger les responsabilités que j’ai acceptées en toute connaissance de cause, j’exige quelques minutes de déconnexion.
Une panne d’électricité généralisée.
Un black out total de mes neurones d’anticipation.
Je veux être seule et bien.
Seule, sans rien faire avec plein de choses à faire.
Sans déni, juste dans l’acceptation que ce qui sera fait saura attendre de l’être.
Alors, si un jour on se croise et que vous me voyez ne rien faire.
Le regard perdu au loin.
Un air vaguement débile sur le visage (on pourrait appeler ça la sérénité).
Prenez une minute pour ne rien faire avec moi. Juste pour vous.
Le pouvoir de la scène
Le vendredi 27 mai 2022
On réalise à quel point quelque chose est important dans notre vie quand on ne l’a plus…
Vous avez certainement déjà entendu ça ou une version semblable. Je sais, je commence avec -10 pour l’originalité, mais aujourd’hui on va jouer sur ma corde sensible.
Pour vous situer un peu, je vous fais un topo vite fait de mon background dans le monde du spectacle. Mon premier coup de foudre pour la scène remonte à l’époque où les pantalons bouffants avec un giga élastique à la taille étaient à la mode et la technique pour se mettre du eye liner inexistante. Mes skills en danse ne pouvant être utilisés pour perdre du temps sur TikTok, je participais à des compétitions amateurs. Je faisais du rap. Non, je ne ferai pas de démonstration.
J’adorais me retrouver sur la piste, attendre avec fébrilité les premières notes de la chanson pour me déchainer, malgré mon talent discutable, devant les grandes madames emplûmées de la catégorie danse sociale.
Puis, les années passèrent et ma crise d’adolescence a fait naitre un besoin de s’exprimer différent. J’ai pris des cours de guitare et j’ai commencé à composer mes propres chansons. Avec 4 accords, tu peux aller très loin… De fil en aiguille et grâce à un ami qui connaissait plus que 4 accords, j’ai pu jouer sur des scènes avec un peu plus de monde devant moi. Des gens qui étaient venus me voir, qui étaient venus écouter des chansons que j’avais composées. Un sentiment que je ne croyais pas pouvoir égaler…
Dans mon quotidien de prof, je fais une représentation par jour, de 8 h à 15 h 20. Ma classe est une scène sur laquelle tout le monde peut venir se donner en spectacle. Le show n’est pas toujours drôle ou pertinent, mais j’ai toujours plaisir à y assister. Pour ajouter un peu de piquant à ce quotidien, j’avais mis sur pied, avec une complice aussi crinquée (lire folle) que moi, un spectacle de talent. Le travail que ça demande ne se compte pas en heures, mais en rêves contaminés par le stress et l’excitation engendrés par un tel évènement.
J’adore voir les élèves sous un angle complètement nouveau, les accompagner vers cette destination à la fois insécurisante et exaltante. Parce que oui, nos élèves sélectionnés pour le spectacle étaient coachés pendant plusieurs semaines afin de les préparer à donner le meilleur d’eux-même, mais surtout pour qu’ils vivent une expérience positive et agréable.
Bref, plusieurs années de merveilleux souvenirs se sont accumulées. Ça a donné une couleur plus vive à notre environnement et contribué au sentiment d’appartenance.
Puis on a dû se mettre sur pause. Pendant près de 3 ans, aucun spectacle de variété n’a pu être offert. Je savais que ça me manquait. Que ça manquait aux élèves. Au milieu.
Je ne m’étais pas doutée à quel point…
Vers février 2022, il y a moins de 4 mois, un collègue me lance une perche.
On remet le spectacle sur pied?
Aucune fibre de mon corps n’a été capable de refuser cette proposition. Malgré la fatigue, malgré le manque de temps et malgré le challenge du “on est vraiiiment à la dernière minute mon ami”, impossible de dire non.
On a ramé fort en titi (sur une rivière de rafting au printemps genre), mais un bon matin, les techniciens sont arrivés dans le gymnase et nous on gérait des élèves qui faisaient leur premier test de son à vie. Le jour J était arrivé. J’avais les tripes à l’envers, les doigts croisés en permanence pour que tout se passe bien.
Parce que même si c’est un show avec des petits entre 5 et 12 ans. Même si tu le sais que ça va être cute. Même si tout le monde est super reconnaissant de voir un projet comme ça renaitre... Tu capotes.
Parce que tu veux qu’ils soient fiers d’eux autant que toi tu l’es.
Les lumières s’éteignent. Les petits de maternelle placés devant la scène chuchotent, émerveillés sans même avoir vu un seul numéro. Les plus grands ont hâte de voir leurs amis performer, d’être cool par association. Les parents et les profs prennent un moment pour apprécier ce qu’ils sont en train de vivre. Je regarde le gymnase remplit et je peux sentir la pression descendre. Le temps s’arrête. Une bulle se crée et les lumières s’ouvrent.
Pendant 2 heures, je vois des jeunes danser, chanter, nous faire rire et nous émouvoir. J’entends les applaudissements qui font vibrer les murs de notre école. J’entends les jeunes scander le nom de leurs camarades, témoins de leur courage et de leur créativité. Je nous vois en coulisse souffler des mots d’encouragements. On se lance des regards complices et on mime des OMG! C’est malade!
La scène a un pouvoir: elle fige le temps. Elle libère ce qui se terre en nous. Le bon comme le mauvais. Et elle en fait quelque chose qui te permet de grandir.
Les lumières du gymnase se sont allumées. Les élèves ont tranquillement (pour vrai c’était pas si chaotique) quitté pour terminer leur journée à l’extérieur. Les parents remerciaient les organisateurs qui eux, n’en revenaient toujours pas que ce soit terminé (dans les temps en plus!).
J’ai ramassé quelques trucs, puis j’ai arpenté les corridors de l’école.
Et j’ai senti cette énergie que je n’avais pas ressentie depuis près de 3 ans. Cette magie dans l’air. Les sourires des enfants étaient différents, leur regard plus allumé. Je voyais des tapes sur les épaules, des accolades et des coeurs plus légers. Je voyais leur histoire dans laquelle s’ajoutait un tout petit chapitre. Qu’ils aient été spectateurs ou qu’ils aient frôlés les planches… ils ont été imprégnés de cette magie de la scène. Et nous aussi.
On se voit pour l’édition 2023, BES ;)
P.S. Merci Carine...pour tout. Ce sera pas pareil sans toi.
Quand le cadre de porte ne suffit plus
Le 18 mars 2022
Le soleil se lève dans les fenêtres de ma classe. C’est mon moment préféré. J’entends mon café finir de couler dans ma tasse et je vérifie l’horaire du jour. Ça va bien. Aujourd’hui en tout cas. Parce qu’il m’arrive aussi de ne pas voir les rayons du soleil. Je ne suis pas la seule et il est facile de nous reconnaitre. On s’attarde un peu plus dans le cadre de la porte, demandant comment ça va. On espère une ouverture qui vient généralement parce que l’écoute, c’est plutôt instinctif chez l’enseignant. Alors on jase.
On déballe notre sac.
On souffle un peu.
On fait de la psycho pop de cadre de porte.
C’est notre thérapie entre deux sons de cloche.
L’impression d’avoir été entendue, de ne pas être seule à porter le poids qui nous pèse, ça vaut pour beaucoup dans notre quotidien. Il suffit parfois d’un encouragement, d’un petit conseil ou d’un “je m’en occupe” pour faire la différence. Cette culture fait généralement partie du milieu dans lequel on évolue, ça se sent même quand tu y mets les pieds juste de temps en temps. C’est ce qui fait aussi qu’on arrive à se motiver quand ça brasse plus.
Parce qu’à un moment donné, la dose de café quotidienne et les discussions de cadre de porte ne suffisent plus. Il nous faut aller plus loin…
Des intentions claires, une vision commune, un “comment ça va?” qui signifie aussi “qu’est-ce qu’on fait maintenant?”.
Ces deux dernières années cependant, il était difficile de se doter d’une vision à long terme et de points d’ancrages nous permettant de se fixer des objectifs clairs. Faut dire qu’il n’y a pas de cadre de porte dans Zoom et que le sentiment d’urgence/d’insécurité laisse peu de place à la créativité nécessaire pour se projeter dans l’avenir.
Cette créativité se nourrit des interactions sociales que nous avons avec ceux qui partagent notre vision.
Vous voyez l'engrenage dans lequel plusieurs enseignants, et je m’inclus là-dedans, se sont mis les pieds? Les cadres de porte sont devenus des stations de désinfection et le poids de nos inquiétudes accumulées ajoutait un goût amer au café. Mais ceux qui me connaissent savent que je mets beaucoup de lait et de sucre dans mon café…alors voici où je voulais en venir.
Lentement, mais sûrement, on retrouve nos bonnes habitudes dans notre milieu. La salle des profs n’est plus vide et les discussions de cadre de porte vont bon train. On veut clairement reprendre le dessus sur ce qui nous a glissé entre les doigts ces derniers mois. Alors on commence par où?
Pour formuler des intentions claires et représentatives des besoins, il faut d’abord être en mesure de regarder où nous en sommes rendus et ce que la pandémie (désolée, j’avais réussi à éviter le mot depuis le début) nous a apporté en tant qu’enseignant.
Est-ce que certaines façons de faire sont à conserver?
Avons-nous développé des mécanismes de défense (un plus beau terme pour parler de nos mauvaises habitudes) dont il faudrait se débarrasser?
Qu’en est-il de notre équipe de travail?
Parce que c’est tout ça qui a un impact sur notre classe et sur la réussite de nos élèves. Il n’est pas toujours évident de faire le point sur nos forces et nos défis, mais c’est un exercice qui est nécessaire, voire crucial cette année.
L’étape 1 sera donc de prendre un moment pour se regarder dans un miroir et être honnête avec soi-même. Si vous avez quelqu’un pour vous accompagner dans cette réflexion (rire en canne pour ce jeu de mot incroyable) il pourra, à l’aide de critères définis, vous aider à mieux cerner les objectifs que vous aimeriez atteindre et la façon dont vous pourriez vous y prendre. Pourquoi ne pas vous appuyer sur les compétences professionnelles pour commencer?
L’étape 2 consiste à mettre par écrit votre plan de match. Ça ne signifie pas que le chemin est tout tracé, vous devez être prêt à vous adapter à tout moment. Mais lorsque notre objectif est clair et que les moyens pour l’atteindre sont établis, il est beaucoup plus facile de prendre une décision éclairée en cas de déséquilibre.
L’étape 3 demeure celle qui, selon moi, est la plus difficile. La constance . Même si votre plan de match connaît quelques restructurations, vous devez revenir à l’objectif de départ. Votre pourquoi, dirait Simon Sinek. Et s’il a été choisi en ayant toujours à cœur la réussite de vos élèves, alors vous trouverez comment revenir sur le bon chemin.
Ce sont mes étapes. Un genre de Melting Pot de mon expérience, de formations, de réflexions, de bonnes pratiques vues ou entendues ailleurs. Demandez à quelqu’un d’autre ce qu’il considère être les étapes clés pour amorcer un suivi en développement professionnel et vous aurez peut-être quelque chose de bien différent.
Cependant, la ligne conductrice derrière ma proposition demeure un incontournable: ne vous contentez pas des discussions de cadre de porte. Osez vous poser des questions qui vous rendront inconfortables. Demandez qu’on vous observe et qu’on vous critique. Exigez de vous-même de devenir meilleur.
Et ne le faites pas seul;)
*Ce billet a été écrit dans le cadre (ahah!) de mon cours universitaire en conseillance pédagogique et a pour but d'introduire une démarche de développement professionnel à l'interne. Merci de vos commentaires!
Suivre le lapin blanc
Le 17 janvier 2022
Encore un titre qui pique (je l’espère) votre curiosité, mais qui ne donne aucun indice du thème que je tenterai d’aborder.
Lapin...terrier...Alice?
Si vous me lisez depuis un moment, vous savez que je suis plus Néo qu’Alice.
Tant qu’à vivre dans un monde imaginaire (ou dans la réalité c’est selon), je préfère celui où je peux apprendre le kung-fu en 5 minutes.
J’arrête ici mes références à la Matrice avant de vous perdre complètement.
J’ai récemment entamé un cours d’université dans le cadre du microprogramme en conseillance pédagogique donné à Sherbrooke. Par intérêt d’abord, par plan B peut-être un peu aussi. J’essaie de me sortir (un peu) de ma zone de confort, mais en m’appuyant sur des forces qui ont émergé au fil du temps. Je vous avoue que l’analyse de textes (voir la section du blogue Réflexions universitaires) m’a demandé un sérieux effort de synthèse et me force à mettre de côté un style d’écriture que je me suis appropriée au fil du temps. L’humour n’est pas toujours au rendez-vous dans le monde du savoir scientifique. Pourtant, ça les ferait surement gagner en popularité. Bref, j’ai fait couler des gros silex de café, sorti la thèse du conjoint pour me rappeler comment faire une bibliographie et volé les beaux crayons de la plus jeune pour “pimper” mes notes de cours.
Après une session et des flashbacks de travaux universitaires remis en courant à travers tout le campus parce que, tsé, j’ai une relation vraiment malsaine avec les deadlines ( Toi aussi? Je te suggère le TedX de Tim Urban sur la procrastination ), je me rends compte que la zone de confort est bien plus large que ce à quoi je m’attendais. L’expérience du terrain comme enseignante, c’est excellent pour la flexibilité et la capacité d’adaptation. Sauf que ça n’arrive pas comme par magie du jour au lendemain.
Il n'y a aucune pilule rouge existante pour atteindre cette zone. Il faut constamment repousser ses limites, s’écorcher les genoux, se relever et sauter encore. Et un de ces jours, on y prend goût.
“Devenir confortablement inconfortable.”
- Escouade Edu.
Cette zone d’inconfort sera toujours présente, je crois que c’est notre instinct de survie qui force notre esprit à prévoir l’échec.
Doit-on s’empêcher pour autant de suivre le lapin blanc?
« – Oracle : Et ne t’en fais pas pour le vase…
– Neo : Quel vase ?
*Neo en se retournant renverse accidentellement le vase derrière lui par terre*
– Oracle : Ce vase !
– Oracle : Ce qui va te mettre le haricot en ébullition c’est : l’aurais-tu également cassé si je ne t’avais rien dit ? »
Le hic, c’est que les messages sont bien souvent contradictoires. D’un côté on prône l’importance de l’échec dans le processus d’apprentissage (et je ne parle pas seulement du milieu scolaire), d’un autre nous sommes très enclin au jugement dès que quelque chose nous semble sortir du plan établi. Cette fameuse zone d’inconfort n’est pas seulement bonne pour les apprentissages, on devrait la visiter aussi dans nos relations sociales. Accepter que le cheminement de l’autre est différent, avec des objectifs qui ne rejoignent pas nécessairement nos valeurs et des stratégies que nous n’aurions jamais utilisées… ou pas encore.
« Percevoir les choses autrement c'est en même temps acquérir d'autres possibilités d'action par rapport à elles. »
-Vygotski
Comme d’habitude (surtout quand on le lit dans un blogue), c’est plus facile à dire qu’à faire. Il faut prendre son courage à deux mains pour sortir de notre bulle dans laquelle le chemin est tracé et les échecs contrôlés.
(Ce qui ne signifie pas de crier vos opinions à la tête du premier venu et de mettre vos conneries sur le dos de la libaaaarté.)
Sortir de sa zone de confort, c’est ajouter une bonne dose de curiosité à notre quotidien.
C’est provoquer les rencontres et les discussions.
C’est faire confiance au jugement de l’autre.
C’est aimer ce qui pourrait nous arriver avant que ça nous arrive.
Lapin...terrier...Alice?
Si vous me lisez depuis un moment, vous savez que je suis plus Néo qu’Alice.
Tant qu’à vivre dans un monde imaginaire (ou dans la réalité c’est selon), je préfère celui où je peux apprendre le kung-fu en 5 minutes.
J’arrête ici mes références à la Matrice avant de vous perdre complètement.
J’ai récemment entamé un cours d’université dans le cadre du microprogramme en conseillance pédagogique donné à Sherbrooke. Par intérêt d’abord, par plan B peut-être un peu aussi. J’essaie de me sortir (un peu) de ma zone de confort, mais en m’appuyant sur des forces qui ont émergé au fil du temps. Je vous avoue que l’analyse de textes (voir la section du blogue Réflexions universitaires) m’a demandé un sérieux effort de synthèse et me force à mettre de côté un style d’écriture que je me suis appropriée au fil du temps. L’humour n’est pas toujours au rendez-vous dans le monde du savoir scientifique. Pourtant, ça les ferait surement gagner en popularité. Bref, j’ai fait couler des gros silex de café, sorti la thèse du conjoint pour me rappeler comment faire une bibliographie et volé les beaux crayons de la plus jeune pour “pimper” mes notes de cours.
Après une session et des flashbacks de travaux universitaires remis en courant à travers tout le campus parce que, tsé, j’ai une relation vraiment malsaine avec les deadlines ( Toi aussi? Je te suggère le TedX de Tim Urban sur la procrastination ), je me rends compte que la zone de confort est bien plus large que ce à quoi je m’attendais. L’expérience du terrain comme enseignante, c’est excellent pour la flexibilité et la capacité d’adaptation. Sauf que ça n’arrive pas comme par magie du jour au lendemain.
Il n'y a aucune pilule rouge existante pour atteindre cette zone. Il faut constamment repousser ses limites, s’écorcher les genoux, se relever et sauter encore. Et un de ces jours, on y prend goût.
“Devenir confortablement inconfortable.”
- Escouade Edu.
Cette zone d’inconfort sera toujours présente, je crois que c’est notre instinct de survie qui force notre esprit à prévoir l’échec.
Doit-on s’empêcher pour autant de suivre le lapin blanc?
« – Oracle : Et ne t’en fais pas pour le vase…
– Neo : Quel vase ?
*Neo en se retournant renverse accidentellement le vase derrière lui par terre*
– Oracle : Ce vase !
– Oracle : Ce qui va te mettre le haricot en ébullition c’est : l’aurais-tu également cassé si je ne t’avais rien dit ? »
Le hic, c’est que les messages sont bien souvent contradictoires. D’un côté on prône l’importance de l’échec dans le processus d’apprentissage (et je ne parle pas seulement du milieu scolaire), d’un autre nous sommes très enclin au jugement dès que quelque chose nous semble sortir du plan établi. Cette fameuse zone d’inconfort n’est pas seulement bonne pour les apprentissages, on devrait la visiter aussi dans nos relations sociales. Accepter que le cheminement de l’autre est différent, avec des objectifs qui ne rejoignent pas nécessairement nos valeurs et des stratégies que nous n’aurions jamais utilisées… ou pas encore.
« Percevoir les choses autrement c'est en même temps acquérir d'autres possibilités d'action par rapport à elles. »
-Vygotski
Comme d’habitude (surtout quand on le lit dans un blogue), c’est plus facile à dire qu’à faire. Il faut prendre son courage à deux mains pour sortir de notre bulle dans laquelle le chemin est tracé et les échecs contrôlés.
(Ce qui ne signifie pas de crier vos opinions à la tête du premier venu et de mettre vos conneries sur le dos de la libaaaarté.)
Sortir de sa zone de confort, c’est ajouter une bonne dose de curiosité à notre quotidien.
C’est provoquer les rencontres et les discussions.
C’est faire confiance au jugement de l’autre.
C’est aimer ce qui pourrait nous arriver avant que ça nous arrive.
Développer son leadership; une vision personnelle, un but commun
Article publié le 1er avril 2021 dans le Webzine Idéllo
Une classe est une communauté. Nous y évoluons pendant une année scolaire en apportant avec nous nos multiples expériences, nos forces comme nos défis et notre désir, plus fort que tout, de faire évoluer positivement les êtres qui nous sont confiés. Nous prenons notre place tout en les aidant à trouver la leur. Pour cela, il y a un élément essentiel qui n’est pas à prendre à la légère : la confiance. Ça vous parait peut-être évident, mais j’espère vous démontrer, à travers le récit de mes aventures scolaires, qu’il s’agit d’un facteur multidimensionnel essentiel pour la réussite. Pour mieux comprendre, je vous invite à revivre avec moi les petits et grands moments du quotidien dans ma classe. Le leadership s’explique mieux à travers les expériences concrètes dont il influence les paramètres.
Trouver la source
J’en suis à ma 11e année en enseignement et je n’ai pas souvenir qu’on m'ait parlé de leadership pendant mes 4 années de baccalauréat. L’intention ici n’est pas de blâmer qui que ce soit, mais de vous faire réaliser que ce n’est pas un concept qui s’enseigne à proprement dire. Il se vit à travers qui nous sommes. À l’époque, j’étais une rebelle, artiste, peu encline aux conventions sociales et déterminée à faire une différence grâce au métier que j’avais choisi. Certaines choses ne changent pas (j’ai encore un peu de mal avec certaines conventions) alors que d’autres évoluent. Je laissais beaucoup de place pour la créativité de mes élèves en créant des spectacles, en les laissant peindre dans les fenêtres ou en inventant des chansons à la guitare pour faire passer des messages de façon humoristique. Bref, je me nourrissais à la source. J’étais une leader impulsive qui laissait les enfants s’exprimer parce que j’avais l’impression que ma voix, elle, n’avait pas été assez entendue à leur âge.
Ce que nous sommes comme leader, surtout dans nos premières années, est intimement lié à nos expériences personnelles, à notre personnalité et à notre confiance. Le leadership dont nous faisons alors preuve dans nos classes est parfois instable et centralisé sur l’enseignant, ce qui ne veut pas dire que les enfants n’en bénéficient pas.
"Le courage d’un grand leader pour accomplir sa vision vient de sa passion, pas de sa position."
- John Maxwell
Travailler ensemble
Puis, quelques années passent et les fondations se solidifient. Ma vision de leader est passée de « comment JE peux faire avancer le groupe » à « qu’est-ce qu’on fait ENSEMBLE pour avancer ». Que ce soit en proposant du tutorat en lecture par des élèves de 6e année ou encore en animant des Vox Pop de Noël avec la classe d’une collègue, l’importance des relations ENTRE les élèves est devenue primordiale. Cette complicité positive et basée sur un désir de contribuer à l’apprentissage d’un autre individu, n’est-ce pas une des pierres angulaires du leadership? C’est également en réalisant le potentiel de mon influence sur mes élèves que je me suis intéressée davantage à celui que je pouvais avoir sur mon milieu. J’ai donc pris l’initiative d’offrir des rencontres mensuelles pour les enseignants qui désiraient s’offrir un moment de réflexion et de découverte. Nous les appelons : Les rencontres inspirantes.
"Les leaders ne forcent personne à les suivre, ils les invitent à voyager."
- Charles S. Lauer
Créer une communauté
Une décennie plus tard, je me considère encore comme une artiste qui a parfois du mal avec les conventions sociales. Toutefois, j’ai gagné en expertise, mais surtout en confiance. Cela me permet d’expérimenter davantage d’approches (meilleure évaluation des risques et du potentiel) et d’encadrer mes élèves dans leur besoin de ne pas se sentir encadré. Lance-toi, je ne serai pas loin si tu as besoin de moi...
On me demande parfois de sortir ma guitare pour faire découvrir aux élèves les plus timides le pouvoir de leur propre voix. L’utilisation des technologies permet également une diversité dans la démonstration des compétences, ce qui renforce le sentiment de confiance des élèves. Un exemple puissant de ce principe: le podcast de la classe de madame Myra. J’ai proposé l’outil, enseigné des stratégies et les élèves se sont chargés d’explorer les possibilités liées à ce canal de communication. Force est d’admettre que de faire une critique littéraire sur une feuille qui sera annotée par l’enseignante, puis remisée dans un cartable, versus enregistrer un cercle littéraire qui pourra être publié sur les réseaux et commenté par l’auteur du livre, ça n’a pas tout à fait le même impact. Proposer les sorties en classe extérieure selon l’horaire de la semaine pour sélectionner les moments opportuns, prendre l’initiative d'organiser des révisions en sous-groupe, s’attarder au bureau d’un camarade qui ne semble pas dans son assiette, voici quelques démonstrations du leadership que je vis au quotidien.
Ces preuves sont le résultat de ce que je suis devenue comme leader, c’est mon chemin. Quelle route pourriez-vous défricher? Quel serait votre chemin?
"J’ai appris que les gens oublieront ce que tu as dit, ils oublieront ce que tu as fait, mais ils n’oublieront jamais ce que tu leur as fait ressentir."
- Maya Angelou
Ce que je vois et ce que je vis chaque jour cette année, c’est un leadership partagé, assumé et adapté aux forces de chacun afin de créer une communauté d’apprentissage qui passe d’abord par le savoir-être pour mieux savoir-faire.
Trouver la source
J’en suis à ma 11e année en enseignement et je n’ai pas souvenir qu’on m'ait parlé de leadership pendant mes 4 années de baccalauréat. L’intention ici n’est pas de blâmer qui que ce soit, mais de vous faire réaliser que ce n’est pas un concept qui s’enseigne à proprement dire. Il se vit à travers qui nous sommes. À l’époque, j’étais une rebelle, artiste, peu encline aux conventions sociales et déterminée à faire une différence grâce au métier que j’avais choisi. Certaines choses ne changent pas (j’ai encore un peu de mal avec certaines conventions) alors que d’autres évoluent. Je laissais beaucoup de place pour la créativité de mes élèves en créant des spectacles, en les laissant peindre dans les fenêtres ou en inventant des chansons à la guitare pour faire passer des messages de façon humoristique. Bref, je me nourrissais à la source. J’étais une leader impulsive qui laissait les enfants s’exprimer parce que j’avais l’impression que ma voix, elle, n’avait pas été assez entendue à leur âge.
Ce que nous sommes comme leader, surtout dans nos premières années, est intimement lié à nos expériences personnelles, à notre personnalité et à notre confiance. Le leadership dont nous faisons alors preuve dans nos classes est parfois instable et centralisé sur l’enseignant, ce qui ne veut pas dire que les enfants n’en bénéficient pas.
"Le courage d’un grand leader pour accomplir sa vision vient de sa passion, pas de sa position."
- John Maxwell
Travailler ensemble
Puis, quelques années passent et les fondations se solidifient. Ma vision de leader est passée de « comment JE peux faire avancer le groupe » à « qu’est-ce qu’on fait ENSEMBLE pour avancer ». Que ce soit en proposant du tutorat en lecture par des élèves de 6e année ou encore en animant des Vox Pop de Noël avec la classe d’une collègue, l’importance des relations ENTRE les élèves est devenue primordiale. Cette complicité positive et basée sur un désir de contribuer à l’apprentissage d’un autre individu, n’est-ce pas une des pierres angulaires du leadership? C’est également en réalisant le potentiel de mon influence sur mes élèves que je me suis intéressée davantage à celui que je pouvais avoir sur mon milieu. J’ai donc pris l’initiative d’offrir des rencontres mensuelles pour les enseignants qui désiraient s’offrir un moment de réflexion et de découverte. Nous les appelons : Les rencontres inspirantes.
"Les leaders ne forcent personne à les suivre, ils les invitent à voyager."
- Charles S. Lauer
Créer une communauté
Une décennie plus tard, je me considère encore comme une artiste qui a parfois du mal avec les conventions sociales. Toutefois, j’ai gagné en expertise, mais surtout en confiance. Cela me permet d’expérimenter davantage d’approches (meilleure évaluation des risques et du potentiel) et d’encadrer mes élèves dans leur besoin de ne pas se sentir encadré. Lance-toi, je ne serai pas loin si tu as besoin de moi...
On me demande parfois de sortir ma guitare pour faire découvrir aux élèves les plus timides le pouvoir de leur propre voix. L’utilisation des technologies permet également une diversité dans la démonstration des compétences, ce qui renforce le sentiment de confiance des élèves. Un exemple puissant de ce principe: le podcast de la classe de madame Myra. J’ai proposé l’outil, enseigné des stratégies et les élèves se sont chargés d’explorer les possibilités liées à ce canal de communication. Force est d’admettre que de faire une critique littéraire sur une feuille qui sera annotée par l’enseignante, puis remisée dans un cartable, versus enregistrer un cercle littéraire qui pourra être publié sur les réseaux et commenté par l’auteur du livre, ça n’a pas tout à fait le même impact. Proposer les sorties en classe extérieure selon l’horaire de la semaine pour sélectionner les moments opportuns, prendre l’initiative d'organiser des révisions en sous-groupe, s’attarder au bureau d’un camarade qui ne semble pas dans son assiette, voici quelques démonstrations du leadership que je vis au quotidien.
Ces preuves sont le résultat de ce que je suis devenue comme leader, c’est mon chemin. Quelle route pourriez-vous défricher? Quel serait votre chemin?
"J’ai appris que les gens oublieront ce que tu as dit, ils oublieront ce que tu as fait, mais ils n’oublieront jamais ce que tu leur as fait ressentir."
- Maya Angelou
Ce que je vois et ce que je vis chaque jour cette année, c’est un leadership partagé, assumé et adapté aux forces de chacun afin de créer une communauté d’apprentissage qui passe d’abord par le savoir-être pour mieux savoir-faire.
Bonne fête Kevin avec un C
Le vendredi 12 mars 2021
Ben oui, c’est ta fête. Dans mon calendrier à moi en tout cas. Ça fait un an que ça dure, que t’invite de plus en plus de monde à ton party, pas toujours des lumières non plus. Ça fait une drôle de “crowd” en tout cas, pas mal plus intéressante que ce qu’on sélectionne dans la plupart des télé-réalités. C’est certain qu’avec 0 montage, ni script ou même l’ombre d’un scénario, ça fait beaucoup de punch. Une surprise n’attend pas l’autre et on est clairement pas tous au même niveau pour traiter l’information.
"Eille, bonne fête Kevin t’es cool j’te connais pas, mais c’pas grave j’te respecte de m’avoir invité...même si tu m’as pas invité."
Un an à boire de la bière tablette. C’est le goût que ça me laisse en bouche.
Une année à découvrir l’être humain sous ses coutures les plus odieuses tout en admirant la force de la collectivité. Ça m’a permis de réaliser que tu dois toujours être conscient des gens qui gravitent autour de toi et de l’influence qu’ils ont sur ta propre vision.
N’embarque pas qui veut dans mon spa, parce que personnellement, je n’avais pas envie de te “frencher” Kevin.
Comment on se relève d’un party comme ça? Est-ce qu’on peut en tirer des leçons?
Je sais que j’ai appris à apprécier davantage ce que j’ai. Aussi quétaine que ça puisse sonner, il n’y a rien de plus vrai. Je suis chanceuse d’avoir la vie que j’ai et j’aime profondément les gens qui en font partie.
J’ai réalisé que certaines habitudes peuvent être remplacées par d’autres plus saines et moins coûteuses.
J’ai une meilleure compréhension de ce qu’une zone de confort peut représenter pour les autres et comment je peux m’adapter en douceur pour les en faire sortir.
Au prochain party, j’espère qu’on fera preuve d’un peu plus d’humanité pour ceux qui supportent le poids de nos décisions. Et qu’on boira plus d’eau entre chaque consommation. On aura pas toujours 24 ans, les lendemains ne seront pas plus faciles avec le temps.
Kevin avec un C, "bonne fête mon ..."
Une marche avec Léa
Le vendredi 1er janvier 2021
J’ai reçu en cadeau (joyeux Noël en passant!) le livre de Léa Stréliski: La vie n’est pas une course. Comme j’étais déjà fan de ses tweets, je me suis dit que j’aimerais sûrement la découvrir en plus de 280 caractères. Mère de famille x 3, auteure, humoriste, conjointe, femme… ça me rejoignait. J’ai eu le bon sens d’arrêter à deux enfants et mon public a 9 ans, mais j’avais l’impression que quelque chose chez cette femme m’interpellait.
Bref, j’ai tassé le papier d’emballage, j'ai rempli ma tasse de café et je me suis recroquevillée dans un coin du divan. J’ai tout lu d’une traite. Avec des petites pauses “gestion d’enfants” pour m’aider à assimiler, à faire des parallèles sans tomber dans le copier-collé.
Les histoires qui racontent nos vies sont uniques.Ce sont les expériences qu’on devine entre les lignes qui nous unissent.
Sans détour et avec une franchise décapante, Léa nous parle des craques dans le trottoir. On la suit dans les dédales de ses pensées, parfois en prenant un pas de recul pour avoir le “big picture”, puis en plongeant dans l’intimité de son quotidien. J’ai frémi en la lisant nous rappeler que notre équilibre est fragile et qu’il peut sembler plus facile de sacrifier des gens au profit d’objectifs personnels. Que cet équilibre qu’on recherche n’a rien à voir avec les posts inspirants d’une fille plus flexible que moi qui fait du yoga sur un fond de coucher de soleil.
Offrons-nous d’autres modèles svp.
Mais justement cet équilibre, on le trouve où?
Entre les montagnes de vêtements à plier et les 5@7 qui nous rappellent qu’on a plus 20 ans?
Derrière ma to-do list qui auto-génère des tâches?
Non.
C’est malheureusement (ou heureusement) dans le seul endroit où nous sommes complètement seuls pour prendre les bonnes, les mauvaises et toutes les autres décisions. Entre nos deux oreilles.
Le buzz, c’est qu’on en laisse entrer du stock entre nos deux oreilles et, à l’instar de Marie Kondo, mes tiroirs sont paquetés de pensées pas pliées. On stress pour nos erreurs passées et pour celles qu’on anticipe.
Et le moment présent lui? Il sera toujours là, prêt à devenir ce que tu décides d’en faire.
J’en reviens au livre.
Léa y aborde son anxiété et des balises d’une société qu’on accorde encore au masculin. Elle nous parle de son père et de notre rapport à l’effort. Elle nous parle des cassettes qu’on tourne en boucle dans nos têtes et de son amour pour la tisane.
Dans son livre Léa, ne court pas. Elle marche à nos côtés comme une amie qu’on aurait pas vu depuis longtemps. Et quand on aura épuisé les sujets, qu’on aura ri et sacré, on prendra un moment pour s’asseoir sur un banc de parc et regarder la fille flexible qui fait du yoga pendant que le soleil se couche.
Bref, j’ai tassé le papier d’emballage, j'ai rempli ma tasse de café et je me suis recroquevillée dans un coin du divan. J’ai tout lu d’une traite. Avec des petites pauses “gestion d’enfants” pour m’aider à assimiler, à faire des parallèles sans tomber dans le copier-collé.
Les histoires qui racontent nos vies sont uniques.Ce sont les expériences qu’on devine entre les lignes qui nous unissent.
Sans détour et avec une franchise décapante, Léa nous parle des craques dans le trottoir. On la suit dans les dédales de ses pensées, parfois en prenant un pas de recul pour avoir le “big picture”, puis en plongeant dans l’intimité de son quotidien. J’ai frémi en la lisant nous rappeler que notre équilibre est fragile et qu’il peut sembler plus facile de sacrifier des gens au profit d’objectifs personnels. Que cet équilibre qu’on recherche n’a rien à voir avec les posts inspirants d’une fille plus flexible que moi qui fait du yoga sur un fond de coucher de soleil.
Offrons-nous d’autres modèles svp.
Mais justement cet équilibre, on le trouve où?
Entre les montagnes de vêtements à plier et les 5@7 qui nous rappellent qu’on a plus 20 ans?
Derrière ma to-do list qui auto-génère des tâches?
Non.
C’est malheureusement (ou heureusement) dans le seul endroit où nous sommes complètement seuls pour prendre les bonnes, les mauvaises et toutes les autres décisions. Entre nos deux oreilles.
Le buzz, c’est qu’on en laisse entrer du stock entre nos deux oreilles et, à l’instar de Marie Kondo, mes tiroirs sont paquetés de pensées pas pliées. On stress pour nos erreurs passées et pour celles qu’on anticipe.
Et le moment présent lui? Il sera toujours là, prêt à devenir ce que tu décides d’en faire.
J’en reviens au livre.
Léa y aborde son anxiété et des balises d’une société qu’on accorde encore au masculin. Elle nous parle de son père et de notre rapport à l’effort. Elle nous parle des cassettes qu’on tourne en boucle dans nos têtes et de son amour pour la tisane.
Dans son livre Léa, ne court pas. Elle marche à nos côtés comme une amie qu’on aurait pas vu depuis longtemps. Et quand on aura épuisé les sujets, qu’on aura ri et sacré, on prendra un moment pour s’asseoir sur un banc de parc et regarder la fille flexible qui fait du yoga pendant que le soleil se couche.
You go girl!
Le mardi 15 décembre 2020
Ce commentaire est imprégné dans mes souvenirs à l’encre indélébile. Une remarque au teint grisâtre; ni positive, ni négative. Et pourtant, elle m’a collé vraiment longtemps à la peau avant que je l’accepte, que je lui laisse la place qu’elle mérite au sein de ma personnalité plutôt multicolore.
“Faut être derrière elle et l’encourager si on veut qu’elle y arrive. Faut vraiment la pousser cette Myra.”
Mes parents, des profs, des amis, des collègues, des patrons… Je crois que, malgré certaines nuances, beaucoup de gens ont fini par me coller cette étiquette.
Un petit bout de papier accroché en permanence à mon petit moi intérieur. Cousu à la lueur de mes interprétations personnelles. J’ai besoin qu’on me pousse? Qu’on soit derrière moi? Sinon quoi? Je stagne? Je recule?
Enfant, mes parents devaient me sortir de ma bulle pour que je décide de bouger.
Ça m’tente paaaaas, chanson de l’été. Pour toute la décennie 90’s.
À l’école, j’imagine que je ne comprenais pas tant qu’on ne s’attardait pas assez à moi. Apprendre était un processus qui devait sortir du cahier d’exercices. Qui passait par beaucoup de temps, de patience et de profs privés.
Étudiante, les notes de cours se moquaient de moi en exhibant leur manque flagrant d’organisation.
Alors, je me suis trouvé des amis à qui rien ne tentait, sauf quand on était ensemble.
Je m’invitais dans les cadres de porte et les bureaux. J’allais rechercher dans les sourires et les discussions informelles ce que je n’avais pas compris dans les livres.
En devenant enseignante, j’aurais dû être en mesure de me débarrasser de cette étiquette qui continuait de me démanger dans le cou, n’est-ce pas? J’étais maintenant une professionnelle, la personne ressource dans ma classe et une référence pour les parents de mes élèves. Pourtant, je ne compte plus les soupirs d’incertitudes et les “toi, tu ferais quoi?”. Comme des petits cailloux qu’on aurait semé sur mon chemin pour me rappeler que mon petit moi, lui, n’avait pas changé. Que je serai toujours la petite fille qui avait besoin qu’on se tienne derrière elle en lui soufflant à l’oreille de ne pas lâcher. Sinon….sinon quoi?
Avec le temps et l’expérience, les petits cailloux sur mon chemin se sont faits plus discrets. J’ai même commencé à partager quelques leçons tirées de mes expériences professionnelles. Pourtant, il m’arrivait encore qu’on questionne mes intentions…
Est-ce que, même avec une teinte moins grisâtre, je n’avais pas transformé ce besoin d’encouragements en recherche de reconnaissance? Qu’est-ce que je cherchais à prouver? Qui est-ce que j’essayais d’impressionner? Pourquoi à 35 ans j’avais encore besoin qu’on me donne une tape dans le dos pour avoir le goût d’avancer?
Et comme toutes les réponses, celle-ci ne s’est pas imposée à moi. Elle s’est construite, une brique à la fois, attendant patiemment que j’arrête d’avoir le nez collé au mur.
Je ne suis pas certaine de ce qui m’a forcé à reculer...
La pandémie serait l’excuse facile, mais on s’entend que ça a remis bien des pendules à l’heure.
Les gens? Probablement. Ceux qui se sont mis à croiser mon chemin, intentionnellement ou non, et qui avaient eux aussi besoin d’une petite tape dans le dos.
Je ne suis pas quelqu’un qui est facilement motivée. J’ai le “lâcher-prise” pas mal accessible. Mais je suis inspirée continuellement. C’est Simon Sinek qui a réussi à mieux saisir l’idée que je tente de vous partager dans ce billet. Je me suis permise de le traduire librement…
La motivation est un état qui ne dure pas. Les sources de motivation sont si variées qu’il faut continuellement les renouveler. Alors que l’inspiration, c’est le petit feu qui brûle en nous. Peu importe la grosseur de la flamme, c’est toujours là. Et c’est là où nous puisons notre force au quotidien. Celle-ci se nourrit de notre idéalisme, de l’amour de nos proches et de notre entourage.
À mes parents, mes amis, mes profs, mes collègues et mes patrons qui ont compris (peut-être avant moi) que c’est grâce aux petites tapes dans le dos que j’avançais, merci. Vous ne me motivez pas, vous m’inspirez.
J’ai encore cette étiquette. Je l’ai rangée dans une poche. Elle a arrêté de me démanger, mais je n’ai nullement l’intention de m’en défaire parce que ça me rappelle que je peux être la personne derrière.
Celle qui murmure à l’oreille: you go girl!
P.S. Je ne suis pas le seul modèle d'être humain qui fonctionne comme ça. Je suis presque certaine que nous sommes plusieurs. Vous en connaissez même probablement. Je dis ça comme ça.
P.P.S. Se faire “coller une étiquette” sonne vraiment péjoratif. Pourtant, c’est inévitable d’être identifié selon certains traits par ceux qui nous entourent. Soyons plutôt conscients que ces étiquettes existent, qu’elles sont le reflet d’une multitude d’interactions et d’interprétations, mais certainement pas la définition de ce que nous sommes.
P.P.S. Se faire “coller une étiquette” sonne vraiment péjoratif. Pourtant, c’est inévitable d’être identifié selon certains traits par ceux qui nous entourent. Soyons plutôt conscients que ces étiquettes existent, qu’elles sont le reflet d’une multitude d’interactions et d’interprétations, mais certainement pas la définition de ce que nous sommes.
Enweille, pagaye
5 mars 2020
C’est une image qui s’incruste, pas loin de 350 personnes qui font semblant de ramer, le sourire collé aux lèvres. J’aurais bien aimé voir ça du point de vue de Philippe Picard, sur la scène, contemplant le spectacle qui lui était offert. En 6 minutes top chrono, il nous a rappelé l’importance de regarder en avant, de ramer. D’abord pour nous, mais aussi un peu pour ceux qui semblent toujours souffrir d’une tendinite pédagogique et laissent leur rame dans le fond du bateau (trop souvent à notre goût).
C’est dans cet esprit que je suis revenue de #Clair2020 (en auto, pas en canot). C’était une deuxième expérience pour moi et, à l’instar de mes craintes, elle fût complètement différente et pas moins enrichissante que la première.
Regarder le paysage, mon billet d’entrée
Trop de gens sous-estiment l’importance du chemin qui mène à une destination. Les discussions de char (ou d’autobus) entre deux chansons pop folk acoustiques sont teintées de notre volonté de découvrir, de nous faire surprendre...de notre besoin de sortir de notre zone de confort. On jase pédagogie, mais surtout humain. On se demande ce qui se passe avec M. X, inactif depuis un moment sur les réseaux ou comment s’en sort madame Y avec son groupe aux multiples défis. La belle frisée s’est assoupie, rêvant à l’odeur d’une forêt en hiver et des mots que le vent lui souffle à l’oreille. Pendant que son prince charmant assume si bien le silence qui s’est installé dans la voiture, j’en profite pour faire mon petit bilan perso et me donner une intention pour les 48 prochaines heures (autre que mon besoin de ressourcement évident): rendre plus concret tout ce qui se présentera à moi, l’imaginer dans mon milieu en acceptant les adaptations nécessaires et faire des choix réalistes.
Les retrouvailles ou pourquoi j’aimerais avoir un clone
Je n’ai aucun diagnostic, mais dans des moments comme celui que l’on vit lors des grandes retrouvailles du jeudi soir, j’ai des doutes sur mes capacités attentionnelles. Trop de monde à voir en même temps! Je suis comme un enfant unique le matin de Noël; j’ai l’impression que tous les cadeaux sont pour moi. Je m’excuse d’ailleurs si je vous ai croisé et qu’on a entamé une conversation sans la terminer. Ce n’est que partie remise! Un aspect particulièrement marquant de cette soirée fût d’une simplicité incroyable, mais très révélateur. À mains levées, le nombre de participants qui assistaient au congrès pour la première fois devait représenter pas loin de 50% de l’assistance. Je suis vraiment pourrie pour estimer (demander à Simon Lavallée le nombre de bonbons dans un contenant et vous serez plus impressionnés par ses réflexions que par les miennes), mais l’idée derrière est claire (ouhhhh le beau jeu de mot): il y a eu contamination. Non, pas de blague sur le Coronavirus.
C’est donc le coeur débordant de joie, de reconnaissance et légèrement imbibé que je suis rentrée à l’hôtel, profitant de cette soirée pour décompresser en compagnie de quelques amis, me gardant un peu d’énergie pour la suite des choses. Les cafés et le bar à bonbons feront le reste du travail...
Redécouvrir Clair
Vendredi matin. On roule vers une première journée remplie de promesses. Je fais le chemin avec Mel Boucher et Catherine Lapointe... le courant passe. Avez-vous déjà assisté à la rencontre de deux personnes en vous disant que c’était inévitable? C’est vraiment beau à voir….quand on s’attarde un peu, on voit beaucoup de ces rencontres pétillantes à Clair.
Fidèle à mon intention de départ, je me suis lancée à pieds joints dans la redécouverte de l’école, discutant avec des intervenants et des jeunes passionnés. On parle de processus, de coups de main sans lesquels certains projets n’auraient jamais vus le jour, puis on décortique les obstacles rencontrés. Et j’ose. J’ose prononcer ce petit mot qu’on se retient tellement trop souvent de dire sous peine de paraître critique. Un petit mot qui nous met souvent mal à l’aise quand on se rend compte que nos élèves n’arrivent pas toujours à y répondre… Pourquoi? Pourquoi des batailles de robot? Pourquoi apprendre à coudre des taies d’oreiller? Pourquoi lire avec un micro ou faire pousser des graines de tournesol? Pourquoi s’époumoner dans un local de musique sur la dernière chanson de Miley Cyrus?
Voici les réponses que j’ai obtenues de la part des élèves, donc les meilleures possibles:
Parce que c’est l’fun.
Parce que j’en avais jamais fait avant.
Pour me réécouter et m’améliorer.
Pour que d’autres puissent m’entendre.
Parce que ce n’était pas parfait, mais que c’est pas grave.
Parce que personne ne l’avait fait avant.
Parce qu’on se demandait si on serait capable.
Témoignages à coeur ouvert
Ce qui distingue Clair de plusieurs autres colloques auxquels j’ai assisté, c’est la qualité et l’unicité des conférences. Les gens qui ont eu le courage de nous parler de leur vision ou de leur parcours le font à leur manière, faisant raisonner en chacun de nous quelque chose de différent. Il ne nous impose pas un plan défini ou une recette miracle, mais le fruit de leurs expériences, bonnes et mauvaises. Parmi les présentations qui m’ont le plus touchées (lire: qui ont fait couler mon mascara cheap): le ignite de Maxime Pelchat , la voix délicieuse de Monique Poirier et l’authenticité d’Éric Tremblay. Tous trois ont été d’une incroyable honnêteté face à leur parcours.
Ce que j’en retiens:
1) On n’escalade pas une montagne seul : le travail d’équipe est essentiel, même si ça soulève quelques débats.
2) On n’escalade pas une montagne en connaissant d’avance tout le chemin à emprunter: llaissons un peu plus de place à la créativité et faisons confiance à notre instinct.
3) La montagne ne bougera pas, nous oui: il n’y a rien qui change si on ne se met pas d’abord en action.
D’autres conférenciers ont plutôt su mettre le feu aux poudres avec leur énergie contagieuse et leur positivisme. Natacha Vautour, Philippe Picard, Mélanie Bronssard et André Gobeil ont mis de l’avant des idées qui n’avaient pas à être révolutionnaires pour avoir un impact sur leur milieu. Il s’agit parfois d’une toute petite action pour créer une onde de choc…
Et que dire des différents animateurs qui se sont relayés afin de garder le tempo et l’engouement du public. Patrick Giroux, Roberto Gauvin, Jacques Cool et évidemment Claudine Dionne savent donner le ton rassembleur et unique au colloque de Clair. Bref, un énorme bravo à tous ceux qui ont participé au colloque #clair2020 de cette année, vous avez été sublimes.
Mention spéciale aux twitteux: quel plaisir de relire vos réflexions condensées!
Suite 418
Quiconque a vécu Clair vous le dira, c’est inspirant, mais pas reposant. Ni pour les participants, ni pour ceux qui résident à l’hôtel en même temps que nous. Voyez-vous, on est du monde bruyant. On rit, on parle fort et misère! on avait une guitare à notre disposition. Ceci dit, je pense qu’on a su se faire pardonner avec une performance très improvisée le lendemain. Merci encore à m’dam Miller et Roberto d’avoir pensé au sacrifice humain comme forme de compensation au grabuge qu’on avait mis à l’hôtel ;) Ce fût un honneur et un immense plaisir de demander publiquement pardon et de vous présenter une composition. D’ailleurs, plusieurs m’ont demandé les paroles… Je vous les mets à la fin de ce billet parce que je vous aime et que j’aimerais bien qu’on la refasse version “chorale de crinqués” l’année prochaine.
Regarder le paysage, mon billet de sortie
Trop de gens sous estiment l’importance du chemin qui nous ramène à la maison.
Vous savez le chemin qui nous mène au lundi. Puis au mois prochain. À l’année prochaine. Ce chemin m’effraie, mais me force à me remettre en question. Il me permet aussi de me faire davantage confiance. De m’obstiner pour les bonnes causes et de mieux écouter aussi. De mettre de l’eau dans mon eau (tu ne me verras jamais mettre de l’eau dans mon vin, même au sens figuré) et de me lever chaque matin (le plus de matins possibles) en me disant que je suis chanceuse de faire ce que je fais. Et que mes élèves doivent être chanceux aussi, mais pas juste dans ma classe.
Faque enweille, on pagaye.
Giant tree
let me fall
let me live
let me give you a little more
ain’t that all you need?
A little faster
A little higher
somewhere else to fall
is that all we need?
Another ride around
this little crazy town
a place to fall asleep
and dream about a giant tree
to climb and touch the sky
to jump but never die
a dream where
there’s only you and me
Let me sleep
let me rest
let me stay a little more
I’ve seen it all before
A little brighter
A little stronger
Something I’m fighting for
I’m all I need
Another ride around
this little crazy town
a place to fall asleep
and dream about a giant tree
to climb and touch the sky
to jump but never die
a dream where
there’s only you and me
Another ride around
this little crazy town
a place to fall asleep
and dream about a giant tree
C’est dans cet esprit que je suis revenue de #Clair2020 (en auto, pas en canot). C’était une deuxième expérience pour moi et, à l’instar de mes craintes, elle fût complètement différente et pas moins enrichissante que la première.
Regarder le paysage, mon billet d’entrée
Trop de gens sous-estiment l’importance du chemin qui mène à une destination. Les discussions de char (ou d’autobus) entre deux chansons pop folk acoustiques sont teintées de notre volonté de découvrir, de nous faire surprendre...de notre besoin de sortir de notre zone de confort. On jase pédagogie, mais surtout humain. On se demande ce qui se passe avec M. X, inactif depuis un moment sur les réseaux ou comment s’en sort madame Y avec son groupe aux multiples défis. La belle frisée s’est assoupie, rêvant à l’odeur d’une forêt en hiver et des mots que le vent lui souffle à l’oreille. Pendant que son prince charmant assume si bien le silence qui s’est installé dans la voiture, j’en profite pour faire mon petit bilan perso et me donner une intention pour les 48 prochaines heures (autre que mon besoin de ressourcement évident): rendre plus concret tout ce qui se présentera à moi, l’imaginer dans mon milieu en acceptant les adaptations nécessaires et faire des choix réalistes.
Les retrouvailles ou pourquoi j’aimerais avoir un clone
Je n’ai aucun diagnostic, mais dans des moments comme celui que l’on vit lors des grandes retrouvailles du jeudi soir, j’ai des doutes sur mes capacités attentionnelles. Trop de monde à voir en même temps! Je suis comme un enfant unique le matin de Noël; j’ai l’impression que tous les cadeaux sont pour moi. Je m’excuse d’ailleurs si je vous ai croisé et qu’on a entamé une conversation sans la terminer. Ce n’est que partie remise! Un aspect particulièrement marquant de cette soirée fût d’une simplicité incroyable, mais très révélateur. À mains levées, le nombre de participants qui assistaient au congrès pour la première fois devait représenter pas loin de 50% de l’assistance. Je suis vraiment pourrie pour estimer (demander à Simon Lavallée le nombre de bonbons dans un contenant et vous serez plus impressionnés par ses réflexions que par les miennes), mais l’idée derrière est claire (ouhhhh le beau jeu de mot): il y a eu contamination. Non, pas de blague sur le Coronavirus.
C’est donc le coeur débordant de joie, de reconnaissance et légèrement imbibé que je suis rentrée à l’hôtel, profitant de cette soirée pour décompresser en compagnie de quelques amis, me gardant un peu d’énergie pour la suite des choses. Les cafés et le bar à bonbons feront le reste du travail...
Redécouvrir Clair
Vendredi matin. On roule vers une première journée remplie de promesses. Je fais le chemin avec Mel Boucher et Catherine Lapointe... le courant passe. Avez-vous déjà assisté à la rencontre de deux personnes en vous disant que c’était inévitable? C’est vraiment beau à voir….quand on s’attarde un peu, on voit beaucoup de ces rencontres pétillantes à Clair.
Fidèle à mon intention de départ, je me suis lancée à pieds joints dans la redécouverte de l’école, discutant avec des intervenants et des jeunes passionnés. On parle de processus, de coups de main sans lesquels certains projets n’auraient jamais vus le jour, puis on décortique les obstacles rencontrés. Et j’ose. J’ose prononcer ce petit mot qu’on se retient tellement trop souvent de dire sous peine de paraître critique. Un petit mot qui nous met souvent mal à l’aise quand on se rend compte que nos élèves n’arrivent pas toujours à y répondre… Pourquoi? Pourquoi des batailles de robot? Pourquoi apprendre à coudre des taies d’oreiller? Pourquoi lire avec un micro ou faire pousser des graines de tournesol? Pourquoi s’époumoner dans un local de musique sur la dernière chanson de Miley Cyrus?
Voici les réponses que j’ai obtenues de la part des élèves, donc les meilleures possibles:
Parce que c’est l’fun.
Parce que j’en avais jamais fait avant.
Pour me réécouter et m’améliorer.
Pour que d’autres puissent m’entendre.
Parce que ce n’était pas parfait, mais que c’est pas grave.
Parce que personne ne l’avait fait avant.
Parce qu’on se demandait si on serait capable.
Témoignages à coeur ouvert
Ce qui distingue Clair de plusieurs autres colloques auxquels j’ai assisté, c’est la qualité et l’unicité des conférences. Les gens qui ont eu le courage de nous parler de leur vision ou de leur parcours le font à leur manière, faisant raisonner en chacun de nous quelque chose de différent. Il ne nous impose pas un plan défini ou une recette miracle, mais le fruit de leurs expériences, bonnes et mauvaises. Parmi les présentations qui m’ont le plus touchées (lire: qui ont fait couler mon mascara cheap): le ignite de Maxime Pelchat , la voix délicieuse de Monique Poirier et l’authenticité d’Éric Tremblay. Tous trois ont été d’une incroyable honnêteté face à leur parcours.
Ce que j’en retiens:
1) On n’escalade pas une montagne seul : le travail d’équipe est essentiel, même si ça soulève quelques débats.
2) On n’escalade pas une montagne en connaissant d’avance tout le chemin à emprunter: llaissons un peu plus de place à la créativité et faisons confiance à notre instinct.
3) La montagne ne bougera pas, nous oui: il n’y a rien qui change si on ne se met pas d’abord en action.
D’autres conférenciers ont plutôt su mettre le feu aux poudres avec leur énergie contagieuse et leur positivisme. Natacha Vautour, Philippe Picard, Mélanie Bronssard et André Gobeil ont mis de l’avant des idées qui n’avaient pas à être révolutionnaires pour avoir un impact sur leur milieu. Il s’agit parfois d’une toute petite action pour créer une onde de choc…
Et que dire des différents animateurs qui se sont relayés afin de garder le tempo et l’engouement du public. Patrick Giroux, Roberto Gauvin, Jacques Cool et évidemment Claudine Dionne savent donner le ton rassembleur et unique au colloque de Clair. Bref, un énorme bravo à tous ceux qui ont participé au colloque #clair2020 de cette année, vous avez été sublimes.
Mention spéciale aux twitteux: quel plaisir de relire vos réflexions condensées!
Suite 418
Quiconque a vécu Clair vous le dira, c’est inspirant, mais pas reposant. Ni pour les participants, ni pour ceux qui résident à l’hôtel en même temps que nous. Voyez-vous, on est du monde bruyant. On rit, on parle fort et misère! on avait une guitare à notre disposition. Ceci dit, je pense qu’on a su se faire pardonner avec une performance très improvisée le lendemain. Merci encore à m’dam Miller et Roberto d’avoir pensé au sacrifice humain comme forme de compensation au grabuge qu’on avait mis à l’hôtel ;) Ce fût un honneur et un immense plaisir de demander publiquement pardon et de vous présenter une composition. D’ailleurs, plusieurs m’ont demandé les paroles… Je vous les mets à la fin de ce billet parce que je vous aime et que j’aimerais bien qu’on la refasse version “chorale de crinqués” l’année prochaine.
Regarder le paysage, mon billet de sortie
Trop de gens sous estiment l’importance du chemin qui nous ramène à la maison.
Vous savez le chemin qui nous mène au lundi. Puis au mois prochain. À l’année prochaine. Ce chemin m’effraie, mais me force à me remettre en question. Il me permet aussi de me faire davantage confiance. De m’obstiner pour les bonnes causes et de mieux écouter aussi. De mettre de l’eau dans mon eau (tu ne me verras jamais mettre de l’eau dans mon vin, même au sens figuré) et de me lever chaque matin (le plus de matins possibles) en me disant que je suis chanceuse de faire ce que je fais. Et que mes élèves doivent être chanceux aussi, mais pas juste dans ma classe.
Faque enweille, on pagaye.
Giant tree
let me fall
let me live
let me give you a little more
ain’t that all you need?
A little faster
A little higher
somewhere else to fall
is that all we need?
Another ride around
this little crazy town
a place to fall asleep
and dream about a giant tree
to climb and touch the sky
to jump but never die
a dream where
there’s only you and me
Let me sleep
let me rest
let me stay a little more
I’ve seen it all before
A little brighter
A little stronger
Something I’m fighting for
I’m all I need
Another ride around
this little crazy town
a place to fall asleep
and dream about a giant tree
to climb and touch the sky
to jump but never die
a dream where
there’s only you and me
Another ride around
this little crazy town
a place to fall asleep
and dream about a giant tree
Au bout de l'arc-en-ciel
8 janvier 2020
Le souvenir le plus marquant que j’ai du début de l’année 2019 est celui d’un message reçu une semaine avant le congrès de Clair auquel je devais assister pour la première fois. Sur ma messagerie Twitter, alors que je regardais sûrement une série télé du coin de l’oeil en défilant mon fil d’actualité facebook, est apparue une notification m’indiquant que Jacques Cool m’avait écrit. Curiosité piquée.
“Salut Myra, en prévision de Clair 2019, j’ai quelque chose à te proposer, si t’es game ;)”
Ceux qui me connaissent savent que me demander si je suis game, c’est comme demander à Justin Trudeau s’il veut prendre un selfie.
Suis-je game? Faut croire que oui, parce que j’ai accepté ce défi. Défi? Non...opportunité.
Une incroyable chance de présenter un message, aussi personnel soit-il, à des gens d’une communauté incroyablement inspirante.
Suite à mon Ignite, je suis allée remercier Jacques de m’avoir fait confiance. Je lui ai dit, non sans un brin d’émotion, que je lui devais beaucoup en matière d’épanouissement et de développement professionnel. Il m’a répondu quelque chose qui ressemblait à ceci:
Tout ce que j’ai fait, c’est t’offrir une possibilité. Il n’en tenait qu’à toi de la saisir et d’en faire ce que tu voulais. Ce que tu viens de faire (le Ignite), je n’ai rien à voir là-dedans. Alors prends ce qui te reviens.
Ce ne sont pas ses mots exacts, j’étais bien trop énervée pour que ma mémoire soit efficace. L’idée, elle, s’est bien ancrée toutefois. Dans mon jardin fleurissant, entre mes plates-bandes de pédagogie flexible et ma chronique pour l’École Branchée, je venais de voir apparaître un magnifique arc-en-ciel. Alors j’ai fait ce que toute personne sensée aurait fait, j’ai levé les yeux au ciel. J’ai admiré cet arche et j’ai eu envie d’y faire une promenade. De m’enrichir de chaque opportunité qui se présenterait à moi et d’en créer de nouvelles pour nourrir le cycle. Bêta perpétuel…
En l’espace de quelques mois j’ai…
...écrit un autre article sur le mentorat en collaboration avec mon ami Nikolas Poulin pour l’École Branchée.
...essayé de rendre ma fille propre.
...donné une conférence sur l’émergence de l’écriture et de la lecture à l’UQAR.
...essayé de me remettre à la course.
...fait faire des cauchemars à des enfants en jouant dans la comédie musicale de mon école.
...abdiqué sur la propreté de ma fille.
...animé un atelier sur l’utilisation des technologies à l’école avec ma collègue Anne-Julie Marois.
...expliqué à mon gars de 4 ans pourquoi il ne pouvait pas avoir de bébé dans son ventre.
...organisé la venue de l’équipe d’Escouade Édu pour la formation du Coachà360 à mon école en plus d’animer une soirée de jeunes leaders avec mes amis Catherine Lapointe, Pierre-Olivier Cloutier, Nikolas Poulin et Sacha Pouliot.
Et c’est sans ajouter les multiples projets de classes et autres étourderies passagères!
En bon français, I was on fire.
Comme le but de ce billet n’est pas de me flatter l’égo dans le bon sens (quoique j’imagine qu’écrire un blog personnel a certainement quelque chose à voir avec l'ego), j’en viens au fait.
Tu te souviens de l’arc-en-ciel? Celui qu’on regarde, qu’on s’imagine arpenter, gambadant de succès en succès, le coeur et l’orgueil armés jusqu’aux dents… On se dit que inévitablement, une fois arrivé au bout, on y trouvera un pot d’or. Quelque chose, tsé!
Sauf qu’un arc-en-ciel...ce n’est pas un arc. C’est un cercle. Et on n’en voit qu’une partie.
Notre croisade, si plaisante et enrichissante soit-elle, a elle aussi un chemin “caché”. Il est parfois moins flashy, provoque plus de remises en question et nous fait regretter le confort illusoire du farfadet vert et de son pot d’or.
Comme ce serait pratique n’est-ce pas? Un effort, un pot d’or.
Je doute cependant que ça donnerait le goût de continuer notre chemin...d’aller explorer ce qui se passe un peu plus loin sur l’arc-en-ciel. Parce que c’est peut-être bien un cercle, mais selon l’angle de vue que tu prendras pour l’observer, les couleurs seront toujours différentes.
C’est ce que je me souhaite, ce que je vous souhaite (si vous ne croulez pas déjà sous les résolutions) pour 2020:
Prends ton sac, mets-y tes histoires qui flash pour te donner le goût de partir à l’aventure et marche sans chercher la réponse, juste de meilleures questions. Tu y croiseras surement d’autres promeneurs en mode Bêta perpétuel qui t’aideront à y répondre.
p.s. Si tu as lu jusqu’à la fin, je serais curieuse de savoir ceux qui sont allés vérifier sur Google images à quoi ça ressemble un arc-en-ciel vu du ciel :p C’est beau hein?!
p.p.s. Le congrès de Clair, c'est un arc-en-ciel à lui tout seul. Tu vas en voir de toutes les couleurs... J'espère t'y voir!
“Salut Myra, en prévision de Clair 2019, j’ai quelque chose à te proposer, si t’es game ;)”
Ceux qui me connaissent savent que me demander si je suis game, c’est comme demander à Justin Trudeau s’il veut prendre un selfie.
Suis-je game? Faut croire que oui, parce que j’ai accepté ce défi. Défi? Non...opportunité.
Une incroyable chance de présenter un message, aussi personnel soit-il, à des gens d’une communauté incroyablement inspirante.
Suite à mon Ignite, je suis allée remercier Jacques de m’avoir fait confiance. Je lui ai dit, non sans un brin d’émotion, que je lui devais beaucoup en matière d’épanouissement et de développement professionnel. Il m’a répondu quelque chose qui ressemblait à ceci:
Tout ce que j’ai fait, c’est t’offrir une possibilité. Il n’en tenait qu’à toi de la saisir et d’en faire ce que tu voulais. Ce que tu viens de faire (le Ignite), je n’ai rien à voir là-dedans. Alors prends ce qui te reviens.
Ce ne sont pas ses mots exacts, j’étais bien trop énervée pour que ma mémoire soit efficace. L’idée, elle, s’est bien ancrée toutefois. Dans mon jardin fleurissant, entre mes plates-bandes de pédagogie flexible et ma chronique pour l’École Branchée, je venais de voir apparaître un magnifique arc-en-ciel. Alors j’ai fait ce que toute personne sensée aurait fait, j’ai levé les yeux au ciel. J’ai admiré cet arche et j’ai eu envie d’y faire une promenade. De m’enrichir de chaque opportunité qui se présenterait à moi et d’en créer de nouvelles pour nourrir le cycle. Bêta perpétuel…
En l’espace de quelques mois j’ai…
...écrit un autre article sur le mentorat en collaboration avec mon ami Nikolas Poulin pour l’École Branchée.
...essayé de rendre ma fille propre.
...donné une conférence sur l’émergence de l’écriture et de la lecture à l’UQAR.
...essayé de me remettre à la course.
...fait faire des cauchemars à des enfants en jouant dans la comédie musicale de mon école.
...abdiqué sur la propreté de ma fille.
...animé un atelier sur l’utilisation des technologies à l’école avec ma collègue Anne-Julie Marois.
...expliqué à mon gars de 4 ans pourquoi il ne pouvait pas avoir de bébé dans son ventre.
...organisé la venue de l’équipe d’Escouade Édu pour la formation du Coachà360 à mon école en plus d’animer une soirée de jeunes leaders avec mes amis Catherine Lapointe, Pierre-Olivier Cloutier, Nikolas Poulin et Sacha Pouliot.
Et c’est sans ajouter les multiples projets de classes et autres étourderies passagères!
En bon français, I was on fire.
Comme le but de ce billet n’est pas de me flatter l’égo dans le bon sens (quoique j’imagine qu’écrire un blog personnel a certainement quelque chose à voir avec l'ego), j’en viens au fait.
Tu te souviens de l’arc-en-ciel? Celui qu’on regarde, qu’on s’imagine arpenter, gambadant de succès en succès, le coeur et l’orgueil armés jusqu’aux dents… On se dit que inévitablement, une fois arrivé au bout, on y trouvera un pot d’or. Quelque chose, tsé!
Sauf qu’un arc-en-ciel...ce n’est pas un arc. C’est un cercle. Et on n’en voit qu’une partie.
Notre croisade, si plaisante et enrichissante soit-elle, a elle aussi un chemin “caché”. Il est parfois moins flashy, provoque plus de remises en question et nous fait regretter le confort illusoire du farfadet vert et de son pot d’or.
Comme ce serait pratique n’est-ce pas? Un effort, un pot d’or.
Je doute cependant que ça donnerait le goût de continuer notre chemin...d’aller explorer ce qui se passe un peu plus loin sur l’arc-en-ciel. Parce que c’est peut-être bien un cercle, mais selon l’angle de vue que tu prendras pour l’observer, les couleurs seront toujours différentes.
C’est ce que je me souhaite, ce que je vous souhaite (si vous ne croulez pas déjà sous les résolutions) pour 2020:
Prends ton sac, mets-y tes histoires qui flash pour te donner le goût de partir à l’aventure et marche sans chercher la réponse, juste de meilleures questions. Tu y croiseras surement d’autres promeneurs en mode Bêta perpétuel qui t’aideront à y répondre.
p.s. Si tu as lu jusqu’à la fin, je serais curieuse de savoir ceux qui sont allés vérifier sur Google images à quoi ça ressemble un arc-en-ciel vu du ciel :p C’est beau hein?!
p.p.s. Le congrès de Clair, c'est un arc-en-ciel à lui tout seul. Tu vas en voir de toutes les couleurs... J'espère t'y voir!
Apprendre à nager
6 novembre 2019
Je ne suis pas une grande fan des horaires trop chargés. Je considère les temps libres et l’ennui comme une nécessité à notre développement et notre bien-être. Et si c’est vrai pour l’adulte, ce l’est encore plus pour l’enfant. Ceci dit, je crois également que certaines compétences sont plus aisément développées dans un environnement propice avec l’accompagnement adéquat. Non, je ne parle pas d’aménagement flexible. Quoique… Je vous parle de cours de natation (ou cours de piscine si j’ai envie que ma collègue roule des yeux et me reprenne).
Étant mère de deux jeunes enfants, grande fan de baignade depuis 1984, je considérais comme crucial que mes progénitures profitent des plaisirs aquatiques en toute sécurité et en toute confiance. Je les ai donc inscrits à des cours depuis qu’ils sont en âge d’exprimer leur mécontentement concernant la température inadéquate des piscines publiques. Depuis peu, mon garçon a débuté un niveau pour lequel la présence des parents n’est plus requise. On sait que ça fait partie du cheminement et que cela aidera notre enfant à acquérir un peu plus d’indépendance et de fierté. Pourtant, ce n’est jamais facile de laisser quelqu’un qui connait moins, comprends moins bien, aime moins notre enfant que nous s’en occuper.
Sauf que c’est essentiel.
Assis sagement, les pieds ballotant dans l’eau et observant du coin de l’oeil la réaction des autres enfants, mon petit format de 4 ans 1/2 me regarde m’éloigner. Il affiche un sourire mi-orgueilleux, mi-angoissé. Il n’est pas tombé très loin de l’arbre celui-là… Sa voisine était moins d’accord avec le départ de maman et les larmes coulent à flot. À mon tour de jouer les observatrices. La maman envoie à sa fillette un sourire qu’elle s’efforce de rendre le plus encourageant possible. Je la vois se retourner en avalant de travers cette boule qui se logera au fond de son estomac. On aura beau lui dire que c’est normal, que ça va aller… Ces petits bibittes là sont une partie de nous. On voudrait qu’ils tombent sans se faire mal, qu’ils apprennent sans faire d’erreurs…
Alors, on s’installe dans les gradins, on devient spectateur du cheminement de notre enfant. Oh! On pourra l’encourager à faire des bulles dans son bain et lui dire combien nous sommes fiers de lui, mais le gros du travail, la montagne à escalader, ce n’est pas à la maison que ça se passe. C’est sur le terrain...la piscine dans ce cas-ci. Les enfants commencent par s’arroser les jambes, les bras, un peu d’eau sur la tête. Ils battent des jambes pour se réchauffer et arroser leur monitrice. Elle crée le lien. C’est essentiel puisqu’elle leur demandera de lui faire confiance. Tu veux qu’on se jette à l’eau pour toi? Tu as intérêt à te mouiller toi aussi…
J’observe cette jeune fille, début vingtaine, encourager les enfants à réaliser différents exercices qui leur serviront à renforcer leurs muscles. On apprivoise nos peurs un jeu à la fois. De temps en temps, les enfants offrent plus de résistance aux consignes. Certains apprentissages sont plus difficiles que d’autres et nous poussent aux limites de notre zone de confort. Je regarde mon gars se crisper, faire non de la tête. On se mord les lèvres puis on transforme tout ça en sourire s’ils lèvent les yeux vers nous.
“Je ne suis pas loin! Vas-y, tu es capable!”, peut-on interpréter dans notre pouce en l’air et notre hochement de tête vif.
Comme plusieurs autres, j’aurais tendu les bras et j’aurais soutenu mon gars pour qu’il se mouille un peu la tête. Juste pour dire. Sauf que ce n’est pas moi qui est avec lui dans la piscine. Bonne chose.
Sa monitrice tend la main et le laisse se jeter à l’eau sans le retenir, mais sans lâcher sa main.
Je suis là, mais tu va boire la tasse mon homme.
Parce qu’on n’affronte pas ses craintes en restant sur le bord de la piscine.
Et même si j’avais le goût d’aller prendre mon gars dans mes bras pour le rassurer, lui dire que je comprends ses peurs, qu’il peut se reposer… je suis restée assise. Je l’ai regardé se débrouiller. Je l’ai regardé me regarder. Je l’ai regardé apprendre à se gérer le dedans. Une tasse d’eau chlorée à la fois. Parce que le jour où il va trouver les bons mouvements, qu’il gardera la tête hors de l’eau et qu’il avancera comme un petit chien en riant à gorge déployée, il ne devra cette fierté qu’à lui-même.
Qui a le droit (comme la chanson de Bruel même si ça n'a aucun rapport)
28 septembre 2019
Ça fait un mois que je me dis que je devrais me remettre à l’écriture. Que je devrais nourrir mon blog, mon petit projet personnel que je considère aussi comme une thérapie.
Alors je cherche. Je guette le sujet. Celui qui m’accrochera, qui m’inspirera. Je me dis qu’avec tout ce qui se passe autour de moi, ça ne devrait pas être si difficile. Alors, je décortique tout: mes humeurs, mes interventions, la vibe de début d’année, l’inspiration des collègues, la drive des élèves. Je réécoute des TedX qui avait allumé des étincelles, je scrute mon fil Twitter comme si je cherchais le Da Vinci Code.
Rien.
Le fucking syndrome de la page blanche.
Pas à moi. Voyons. Donnez-moi un verre de vin et un sujet d’éducation un peu controversé pis j’ai pu de fin.
Pourtant je regarde la nouvelle page que je viens d’ouvrir dans mon Google Drive comme si elle me suppliait de la laisser tranquille.
T’as rien de bon à dire fille, vas te coucher.
Tournez autour du pot tu dois cesser, aurait dit Yoda.
Alors j’ai essayé. J’ai arrêté de tourner autour du pot et je me suis permise de mettre le nez dans ce qui puait. Dans ce qui me faisait/me fait douter de mes compétences, de mes choix, de ma place… Ben oui, le doute ça s’immisce un peu partout quand on le laisse se propager. Ça fait pas du bien sur le coup. Et faut pas le dire trop fort qu’on se sent pas bon. Ça fit pas vraiment dans l’air du temps. Ça fait pas très “mentalité de croissance”.
Alors je vais le dire. J’espère que t’es prêt. Sinon saute la prochaine phrase.
En ce début d’année, j’ai l’impression d’être une prof de marde.
C’est pas pour faire pitié, c’est pas pour qu’on fasse fi de mon manque d’organisation. C’est juste du gros feeling pur et dur. C’est comme ça et c’est tout. Une fois que c’est dit, qu’on a pété un plomb et songé à changer de métier pour aller travailler dans un dépanneur, on sent déjà la pression redescendre. Ce n’est pas vraiment une lumière au bout d’un tunnel. Plutôt un étau qu’on desserre. Au moins je respire mieux. J’ai moins la tête qui tourne. Je réfléchis plus clairement et je retrouve un peu de mon énergie combative. Ils peuvent tester ma gestion de classe, mais ils ne m’enlèveront pas ma libeeertééééé.
Mes dernières pensées sont pour toi. Pour toi qui se délecte des articles sur le growth mindset, qui scanne le net à la recherche d’une recette miracle, qui veut se partir un projet de fabrication de canot écologique-art-friendly pour partir en expédition avec ses 37 élèves à la recherche des traces de notre passé….
Chill man.
T’as le droit d’être un prof qui fait pas péter des feux d’artifices.
T’as le droit d’être un prof qui fait du cahier parce que t’aimes ça.
T’as le droit d’être en beau maudit à la fin de ta journée parce que...juste parce que.
T’as le droit de te poser des questions.
T’as le droit de pu avoir le goût.
T’as le droit de te trouver poche.
T’as le droit de péter un plomb à tes amis.
T’as le droit de demander de l’aide à tes collègues et tes patrons.
T’as le droit de te sentir mieux pis d’avoir encore le goût de faire la plus belle job au monde.
Ou pas.
p.s. Je m’excuse pour tous les commis de dépanneurs. Merci d’être là.
Alors je cherche. Je guette le sujet. Celui qui m’accrochera, qui m’inspirera. Je me dis qu’avec tout ce qui se passe autour de moi, ça ne devrait pas être si difficile. Alors, je décortique tout: mes humeurs, mes interventions, la vibe de début d’année, l’inspiration des collègues, la drive des élèves. Je réécoute des TedX qui avait allumé des étincelles, je scrute mon fil Twitter comme si je cherchais le Da Vinci Code.
Rien.
Le fucking syndrome de la page blanche.
Pas à moi. Voyons. Donnez-moi un verre de vin et un sujet d’éducation un peu controversé pis j’ai pu de fin.
Pourtant je regarde la nouvelle page que je viens d’ouvrir dans mon Google Drive comme si elle me suppliait de la laisser tranquille.
T’as rien de bon à dire fille, vas te coucher.
Tournez autour du pot tu dois cesser, aurait dit Yoda.
Alors j’ai essayé. J’ai arrêté de tourner autour du pot et je me suis permise de mettre le nez dans ce qui puait. Dans ce qui me faisait/me fait douter de mes compétences, de mes choix, de ma place… Ben oui, le doute ça s’immisce un peu partout quand on le laisse se propager. Ça fait pas du bien sur le coup. Et faut pas le dire trop fort qu’on se sent pas bon. Ça fit pas vraiment dans l’air du temps. Ça fait pas très “mentalité de croissance”.
Alors je vais le dire. J’espère que t’es prêt. Sinon saute la prochaine phrase.
En ce début d’année, j’ai l’impression d’être une prof de marde.
C’est pas pour faire pitié, c’est pas pour qu’on fasse fi de mon manque d’organisation. C’est juste du gros feeling pur et dur. C’est comme ça et c’est tout. Une fois que c’est dit, qu’on a pété un plomb et songé à changer de métier pour aller travailler dans un dépanneur, on sent déjà la pression redescendre. Ce n’est pas vraiment une lumière au bout d’un tunnel. Plutôt un étau qu’on desserre. Au moins je respire mieux. J’ai moins la tête qui tourne. Je réfléchis plus clairement et je retrouve un peu de mon énergie combative. Ils peuvent tester ma gestion de classe, mais ils ne m’enlèveront pas ma libeeertééééé.
Mes dernières pensées sont pour toi. Pour toi qui se délecte des articles sur le growth mindset, qui scanne le net à la recherche d’une recette miracle, qui veut se partir un projet de fabrication de canot écologique-art-friendly pour partir en expédition avec ses 37 élèves à la recherche des traces de notre passé….
Chill man.
T’as le droit d’être un prof qui fait pas péter des feux d’artifices.
T’as le droit d’être un prof qui fait du cahier parce que t’aimes ça.
T’as le droit d’être en beau maudit à la fin de ta journée parce que...juste parce que.
T’as le droit de te poser des questions.
T’as le droit de pu avoir le goût.
T’as le droit de te trouver poche.
T’as le droit de péter un plomb à tes amis.
T’as le droit de demander de l’aide à tes collègues et tes patrons.
T’as le droit de te sentir mieux pis d’avoir encore le goût de faire la plus belle job au monde.
Ou pas.
p.s. Je m’excuse pour tous les commis de dépanneurs. Merci d’être là.
Ta lettre
20 juin 2019
J’ai la fibre nostalgique fragile en fin d’année. Je ne suis pas la seule à en croire les réseaux sociaux. On essaie tous de trouver la meilleure façon de dire au revoir à ces petits êtres qui nous ont été confié tout au long de cette dernière année scolaire. Des petits cadeaux, des moments marquants, des projets un peu flyés question de nous sortir de notre zone de confort sans trop de risque.
Aujourd’hui je vous partage mon rituel, un petit quelque chose qui me fait du bien, qui me ressemble et qui, si je me fie aux élèves qui sont revenus me voir, a su laisser sa trace.
Penchée sur mes feuilles aux imprimés vifs et colorés, je rédige une lettre personnelle à chacun d’entre eux. Je revis certains moments qui se sont imprégnés pour donner sa couleur unique à ma classe. Je fais mon petit bilan. Non, je ne peux me satisfaire des chiffres qui se retrouveront sur leur bulletin. On s’en reparle…
Je préfère les mots, ceux qui me viennent naturellement quand je les regarde et que je me souviens de tout le chemin qu’ils ont parcouru. J’aime leur rappeler leurs forces, leur rappeler que tout ça n’est pas arrivé par magie. J’essaie de les conseiller, de semer des graines qui, peut-être, laisseront fleurir quelque chose dans les années à venir. Et je leur souhaite un bel été rempli de découvertes littéraires et d’histoires à partager… Parce que c’est un plaisir, pas une obligation.
Sauf que j’ai l’esprit qui bifurque facilement, suffit d’une chanson qui fait pas mon affaire sur spotify ou d’une notification qui capte mon intérêt. J’aime prendre des pauses, pour ne pas tomber dans la répétition et m’assurer que chacun a reçu mon 100% (Ah shit…)
C’est lors d’une de ces nombreuses haltes cérébrales que j’ai eu envie d’écrire ce dernier billet scolaire de l’année 2018-2019.
J’ai eu envie de vous écrire une lettre. À vous qui avez croisé mon chemin, en personne ou à travers l’écran. À vous dont j’ai volé les idées et tenter de les améliorer. À vous qui me donnez envie d’être inconfortable…
Cher vous,
Quelle année nous avons vécue toi et moi. Je me souviens de notre premier jour, de ton hésitation, de mon approche maladroite. On est comme ça je pense. En admiration pour ce que font les autres, en sous-estimant constamment l’impact que nous avons sur eux. J’ai tout de suite vu que tu serais un allié de choix pour affronter les défis que la prochaine année mettrait sur notre chemin. Rarement ai-je senti une telle détermination, voire une certitude qu’il y avait plus à imaginer que ce qu’on nous avait fait croire. Sauf qu’on a beau faire du vélo depuis qu’on est petit, suffit de quelques bâtons dans les roues pour prendre une méchante débarque. Au lieu de te fâcher contre les bâtons (qui de toute façon en ont rien à faire de toi), tu as souri aux quelques personnes qui sont venues voir si t’étais correct, si t’avais besoin d’aide pour te relever. Ça m’a donné des forces à moi aussi. De voir que tout le monde tombe. Et que si on ne s’attarde pas trop aux bâtons, on trouvera aisément de quoi se remettre sur pied.
J’espère que tu réalises le chemin que tu as parcouru en si peu de temps. J’ose croire que tu utiliseras ces nouvelles stratégies dans le futur. Que tu en feras bénéficier les gens que tu rencontreras. À quoi bon avancer si on se retrouve seul à la ligne d’arrivée? Reste à l’écoute aussi, on sous-estime cette qualité pourtant essentielle. Une vraie écoute tsé, celle qui te permets de mettre le doigt sur ce que l’autre n’avait pu déceler.
Merci d’avoir mis le pied dans ma classe, dans ma vie. Tu sais que ma porte te sera toujours ouverte? J’ai hâte de voir ton sourire franchir le seuil, les yeux pétillants, excité à l’idée de me présenter ton dernier projet. Je suis déjà fière de toi…
Profite des prochaines semaines pour décrocher du stress, de l’horaire, des obligations… mais t’as le droit aussi de papillonner d’un livre à un autre pour te faire une tête sur une nouvelle approche que tu comptes mettre en place. T’as le droit d’aller écouter des webinaires qui, faute de temps, t’avais glissé entre les doigts. T’as le droit de continuer d’être prof, même l’été, même si les autres te trouve un peu trop intense… Parce que se développer professionnellement devrait être un plaisir, pas une obligation.
Je te souhaite de belles vacances, tu les mérites.
On se revoit en septembre… ou peut-être avant.... j’ai une idée dont je voulais te parler.
Merci encore!
Je t’aime,
Myra
Aujourd’hui je vous partage mon rituel, un petit quelque chose qui me fait du bien, qui me ressemble et qui, si je me fie aux élèves qui sont revenus me voir, a su laisser sa trace.
Penchée sur mes feuilles aux imprimés vifs et colorés, je rédige une lettre personnelle à chacun d’entre eux. Je revis certains moments qui se sont imprégnés pour donner sa couleur unique à ma classe. Je fais mon petit bilan. Non, je ne peux me satisfaire des chiffres qui se retrouveront sur leur bulletin. On s’en reparle…
Je préfère les mots, ceux qui me viennent naturellement quand je les regarde et que je me souviens de tout le chemin qu’ils ont parcouru. J’aime leur rappeler leurs forces, leur rappeler que tout ça n’est pas arrivé par magie. J’essaie de les conseiller, de semer des graines qui, peut-être, laisseront fleurir quelque chose dans les années à venir. Et je leur souhaite un bel été rempli de découvertes littéraires et d’histoires à partager… Parce que c’est un plaisir, pas une obligation.
Sauf que j’ai l’esprit qui bifurque facilement, suffit d’une chanson qui fait pas mon affaire sur spotify ou d’une notification qui capte mon intérêt. J’aime prendre des pauses, pour ne pas tomber dans la répétition et m’assurer que chacun a reçu mon 100% (Ah shit…)
C’est lors d’une de ces nombreuses haltes cérébrales que j’ai eu envie d’écrire ce dernier billet scolaire de l’année 2018-2019.
J’ai eu envie de vous écrire une lettre. À vous qui avez croisé mon chemin, en personne ou à travers l’écran. À vous dont j’ai volé les idées et tenter de les améliorer. À vous qui me donnez envie d’être inconfortable…
Cher vous,
Quelle année nous avons vécue toi et moi. Je me souviens de notre premier jour, de ton hésitation, de mon approche maladroite. On est comme ça je pense. En admiration pour ce que font les autres, en sous-estimant constamment l’impact que nous avons sur eux. J’ai tout de suite vu que tu serais un allié de choix pour affronter les défis que la prochaine année mettrait sur notre chemin. Rarement ai-je senti une telle détermination, voire une certitude qu’il y avait plus à imaginer que ce qu’on nous avait fait croire. Sauf qu’on a beau faire du vélo depuis qu’on est petit, suffit de quelques bâtons dans les roues pour prendre une méchante débarque. Au lieu de te fâcher contre les bâtons (qui de toute façon en ont rien à faire de toi), tu as souri aux quelques personnes qui sont venues voir si t’étais correct, si t’avais besoin d’aide pour te relever. Ça m’a donné des forces à moi aussi. De voir que tout le monde tombe. Et que si on ne s’attarde pas trop aux bâtons, on trouvera aisément de quoi se remettre sur pied.
J’espère que tu réalises le chemin que tu as parcouru en si peu de temps. J’ose croire que tu utiliseras ces nouvelles stratégies dans le futur. Que tu en feras bénéficier les gens que tu rencontreras. À quoi bon avancer si on se retrouve seul à la ligne d’arrivée? Reste à l’écoute aussi, on sous-estime cette qualité pourtant essentielle. Une vraie écoute tsé, celle qui te permets de mettre le doigt sur ce que l’autre n’avait pu déceler.
Merci d’avoir mis le pied dans ma classe, dans ma vie. Tu sais que ma porte te sera toujours ouverte? J’ai hâte de voir ton sourire franchir le seuil, les yeux pétillants, excité à l’idée de me présenter ton dernier projet. Je suis déjà fière de toi…
Profite des prochaines semaines pour décrocher du stress, de l’horaire, des obligations… mais t’as le droit aussi de papillonner d’un livre à un autre pour te faire une tête sur une nouvelle approche que tu comptes mettre en place. T’as le droit d’aller écouter des webinaires qui, faute de temps, t’avais glissé entre les doigts. T’as le droit de continuer d’être prof, même l’été, même si les autres te trouve un peu trop intense… Parce que se développer professionnellement devrait être un plaisir, pas une obligation.
Je te souhaite de belles vacances, tu les mérites.
On se revoit en septembre… ou peut-être avant.... j’ai une idée dont je voulais te parler.
Merci encore!
Je t’aime,
Myra
L'autre rue
16 mai 2019
Le scepticisme des gens m’a toujours plu. Ça doit être mon petit trouble de l’opposition qui refait surface. Ça m’allume. J’ai juste le goût de leur prouver qu’ils ont tort. Non, pas tort. Qu’ils devraient s’aventurer… se donner le goût de se contredire. Parce que le scepticisme se nourrit dans l’incompréhension. La peur est un fabuleux moteur quand on veut faire bouger les gens... ou les garder immobiles. C’est beaucoup plus complexe de les amener à se questionner, de les encourager à trouver des réponses (leurs réponses) pour mieux comprendre leurs propres peurs.
Tu te demandes où je m’en vais. Reste avec moi ça s’en vient.
Je suis de celles qui fonctionnent par instinct. Pas que les données probantes ne fassent pas partie de ma réflexion, mais je n'ai pas toujours le temps de les chercher ces données. Et parfois, elles n’existent pas encore. À nous de semer les graines et de voir ce qui poussera dans le jardin.
Alors quand, en début d’année, j’ai vu passer une formation sur le leadership, y’a des fils qui se sont touchés en haut. Je sentais que ce chemin là était le mien.
Le leadership? Sérieux? C’est pas un peu ésotérique tout ça? Je pensais qu’un prof qui connait bien sa matière et qui tient son groupe serré ça suffisait. Soupir.
C’est vrai que le leadership ça fait plutôt direction d’école. C’est là que les grosses décisions se prennent, non? Et si cette époque était révolue? Si on sortait un peu de nos vieilles pantoufles hiérarchiques pour se concentrer sur un besoin essentiel : avancer, grandir, changer. Ok, ça fait trois besoins, mais c’est une question d’engrenage.
Je pense bien qu’on l’a saisi ça dans mon milieu. Alors, quand j’ai mis le projet sur la table, que j’ai parlé d’EscouadeÉdu et de leur formation du Coachà360, que j’ai parlé de passion, de vision, de mon bon feeling… j’aurais pu me faire fermer la porte au nez. Sauf qu’on avance, on grandit et on change en faisant confiance à l’instinct de notre monde.
Je vais t’en parler de cette formation, mais avant j’ai le goût de te parler du processus. Parce qu’il est essentiel lui aussi.
Les premières discussions, les rencontres virtuelles et les quelques rencontres en chair et en os. Le pourquoi toujours...rarement le comment. Cette équipe formée de Marie-Andrée Ouimet, Marius Bourgeoys et Stephane Hunter, c’est un solide mélange d’intelligence émotionnelle, d’expériences professionnelles, de beaucoup de temps et de passion. D’idées pour faire avancer le monde autour de nous avant tout. Et moi là-dedans? Je me disais qu’ils me donneraient la recette. Je vous invite, vous venez, j’en profite.
Je me trompais. Parce que le processus il est humain, d’abord et avant tout. Il est rempli de questions, d’opportunités, de discussions qui dérapent sur des sujets personnels. De ballons et de tartare. D’enfants pétillants qui donnent une raison à tout ça.
Ce qui fait qu’un bon mardi matin, alors qu’avril nous promettait un printemps qui tardait à arriver, j’ai senti que mon instinct, une fois de plus, m’avait mieux servi que bien des données probantes. J’ai croisé des visages inconnus et d’autres qui m’ont arraché des éclats de joie. Je me suis assise, j’ai sorti mon ordinateur, jalousant la machine de prise de notes assise en face de moi. Il m’enverra ses notes, je les relis plus souvent que les miennes. Sauf qu’on développe pas notre habileté à questionner en prenant des notes. Faut se mettre en action, verbaliser notre réflexion, argumenter et voir notre opinion prendre une nouvelle direction.
Les pauses aussi sont importantes. Y’en a des idées qui se brassent autour d’un café. Noir ou pas.
Pis ça arrive qu’on aille besoin de notre bulle parce que ça fait beaucoup.
Un divan ça peut avoir l’air anodin, mais ça fait une méchante différence dans ton processus de réflexion. Ne jamais sous estimer l’impact des fesses endolories sur la capacité de concentration d’un individu. #classeflexible
Surtout que dans mon petit cocon, je me permets de mieux vivre mes émotions. J’écoute Marie-Andrée nous lire une histoire, tout en simplicité (Voir Mon autobiographie en 5 courts chapitres par Portia Nelson). Le nombre de mots n’est pas directement proportionnel à l’impact qu’ils peuvent avoir. J’ai senti quelque chose se coincer en dedans. Stephane aussi l’a remarqué (il a des yeux tout le tour de la tête): “ça va?” Mon “bof”, il a dû l’entendre plus d’une fois lors de ces nombreuses conférences.
Je venais de prendre conscience que je répétais les mêmes patterns dans mon développement professionnel. Pire, dans ma classe. Je m’assoyais encore dans mes formations en endossant le rôle d’élève qui accumule les infos et tente de les recracher quand on lui demande de rendre des comptes. J’enseignais encore à mes élèves en leur présentant le savoir comme un but à atteindre. Pas toujours, mais encore trop souvent à mon goût.
J’apprends à me pardonner Maude...
Stephane m’avait prévenu que la première journée était essentielle dans le processus. Qu’avant de parler de coaching, faut gratter la surface. Notre surface. Difficile de parler de changement autour de soi si on n’est pas prêts à changer nous-même. Une fois le processus entamé, une fois les premières peurs affrontées, l’inconnu nous paraît un peu plus attrayant...un peu plus confortable.
Alors on entame notre deuxième journée un peu éméché, mais un peu plus conscient de ce que nous sommes. De qui nous sommes comme leader. Et on se met en action pour que les paroles ne s’envolent pas, mais s’inscrivent dans un plan.
J’ai passé assez de temps à éviter le grand trou dans le trottoir.
Il est temps de marche dans une autre rue.
Et si ta rue n’est pas la mienne, si le trou dans le trottoir t’apparait plus attrayant (sécurisant) qu’un changement de direction, alors vas-y. Car si le scepticisme des gens me plait, il me force aussi à rêver plus grand.
Tu te demandes où je m’en vais. Reste avec moi ça s’en vient.
Je suis de celles qui fonctionnent par instinct. Pas que les données probantes ne fassent pas partie de ma réflexion, mais je n'ai pas toujours le temps de les chercher ces données. Et parfois, elles n’existent pas encore. À nous de semer les graines et de voir ce qui poussera dans le jardin.
Alors quand, en début d’année, j’ai vu passer une formation sur le leadership, y’a des fils qui se sont touchés en haut. Je sentais que ce chemin là était le mien.
Le leadership? Sérieux? C’est pas un peu ésotérique tout ça? Je pensais qu’un prof qui connait bien sa matière et qui tient son groupe serré ça suffisait. Soupir.
C’est vrai que le leadership ça fait plutôt direction d’école. C’est là que les grosses décisions se prennent, non? Et si cette époque était révolue? Si on sortait un peu de nos vieilles pantoufles hiérarchiques pour se concentrer sur un besoin essentiel : avancer, grandir, changer. Ok, ça fait trois besoins, mais c’est une question d’engrenage.
Je pense bien qu’on l’a saisi ça dans mon milieu. Alors, quand j’ai mis le projet sur la table, que j’ai parlé d’EscouadeÉdu et de leur formation du Coachà360, que j’ai parlé de passion, de vision, de mon bon feeling… j’aurais pu me faire fermer la porte au nez. Sauf qu’on avance, on grandit et on change en faisant confiance à l’instinct de notre monde.
Je vais t’en parler de cette formation, mais avant j’ai le goût de te parler du processus. Parce qu’il est essentiel lui aussi.
Les premières discussions, les rencontres virtuelles et les quelques rencontres en chair et en os. Le pourquoi toujours...rarement le comment. Cette équipe formée de Marie-Andrée Ouimet, Marius Bourgeoys et Stephane Hunter, c’est un solide mélange d’intelligence émotionnelle, d’expériences professionnelles, de beaucoup de temps et de passion. D’idées pour faire avancer le monde autour de nous avant tout. Et moi là-dedans? Je me disais qu’ils me donneraient la recette. Je vous invite, vous venez, j’en profite.
Je me trompais. Parce que le processus il est humain, d’abord et avant tout. Il est rempli de questions, d’opportunités, de discussions qui dérapent sur des sujets personnels. De ballons et de tartare. D’enfants pétillants qui donnent une raison à tout ça.
Ce qui fait qu’un bon mardi matin, alors qu’avril nous promettait un printemps qui tardait à arriver, j’ai senti que mon instinct, une fois de plus, m’avait mieux servi que bien des données probantes. J’ai croisé des visages inconnus et d’autres qui m’ont arraché des éclats de joie. Je me suis assise, j’ai sorti mon ordinateur, jalousant la machine de prise de notes assise en face de moi. Il m’enverra ses notes, je les relis plus souvent que les miennes. Sauf qu’on développe pas notre habileté à questionner en prenant des notes. Faut se mettre en action, verbaliser notre réflexion, argumenter et voir notre opinion prendre une nouvelle direction.
Les pauses aussi sont importantes. Y’en a des idées qui se brassent autour d’un café. Noir ou pas.
Pis ça arrive qu’on aille besoin de notre bulle parce que ça fait beaucoup.
Un divan ça peut avoir l’air anodin, mais ça fait une méchante différence dans ton processus de réflexion. Ne jamais sous estimer l’impact des fesses endolories sur la capacité de concentration d’un individu. #classeflexible
Surtout que dans mon petit cocon, je me permets de mieux vivre mes émotions. J’écoute Marie-Andrée nous lire une histoire, tout en simplicité (Voir Mon autobiographie en 5 courts chapitres par Portia Nelson). Le nombre de mots n’est pas directement proportionnel à l’impact qu’ils peuvent avoir. J’ai senti quelque chose se coincer en dedans. Stephane aussi l’a remarqué (il a des yeux tout le tour de la tête): “ça va?” Mon “bof”, il a dû l’entendre plus d’une fois lors de ces nombreuses conférences.
Je venais de prendre conscience que je répétais les mêmes patterns dans mon développement professionnel. Pire, dans ma classe. Je m’assoyais encore dans mes formations en endossant le rôle d’élève qui accumule les infos et tente de les recracher quand on lui demande de rendre des comptes. J’enseignais encore à mes élèves en leur présentant le savoir comme un but à atteindre. Pas toujours, mais encore trop souvent à mon goût.
J’apprends à me pardonner Maude...
Stephane m’avait prévenu que la première journée était essentielle dans le processus. Qu’avant de parler de coaching, faut gratter la surface. Notre surface. Difficile de parler de changement autour de soi si on n’est pas prêts à changer nous-même. Une fois le processus entamé, une fois les premières peurs affrontées, l’inconnu nous paraît un peu plus attrayant...un peu plus confortable.
Alors on entame notre deuxième journée un peu éméché, mais un peu plus conscient de ce que nous sommes. De qui nous sommes comme leader. Et on se met en action pour que les paroles ne s’envolent pas, mais s’inscrivent dans un plan.
J’ai passé assez de temps à éviter le grand trou dans le trottoir.
Il est temps de marche dans une autre rue.
Et si ta rue n’est pas la mienne, si le trou dans le trottoir t’apparait plus attrayant (sécurisant) qu’un changement de direction, alors vas-y. Car si le scepticisme des gens me plait, il me force aussi à rêver plus grand.
La pilule de Bradley
Le mardi 5 mars 2019
Donnez-moi les premières lignes pour vous mettre en contexte. Promis, aucune pub de drogue ne sera faite dans ce billet.
Je reviens du congrès Clair au Nouveau Brunswick. Techniquement, ça fait quelques semaines, mais ça m’a pris du temps à tout digérer et décider de la tournure que devait prendre ce billet “post-clair”. Surtout avec les petites merveilles que j’ai eu l’occasion de lire de la part des gens qui avaient, eux aussi, le goût de partager cette aventure particulièrement révélatrice.
Faut dire que j’ai eu un beau 24 heures de solitude en rentrant au bercail pour décanter. Plus facile à dire qu’à faire quand on a du wi-fi et des nouveaux amis qui pétillent, eux aussi, d’idées et d’énergie (plus de frénésie que d’énergie). Armée d’une grande feuille de papier et de plusieurs marqueurs, j’ai tenté de mettre un semblant d’ordre dans mes idées. Une bulle pour les nouveaux projets, une autre pour ceux entamés, des citations, des rêves inatteignables (vraiment?) et une bulle pour demain. Un demain en changement, un demain qui va évoluer sous le signe de la constance (je l’espère).
Plusieurs chansons et un bol de gruau plus tard, entre deux textos adressés aux survivants de ma nouvelle tribu, tremblante de fatigue, vidée des idées qui faisaient maintenant place à l’incertitude, je suis allée me rouler en boule dans mon lit en priant le ciel de ne pas me réveiller. J’étais terrorisée à l’idée d’ouvrir les yeux le lendemain et de me retrouver face au vide. Un vide rempli d’excuses, de failles, d’impossible, de “je peux toujours rêver”...
Ce que je ne savais pas encore, c’était que je venais de prendre une pilule magique d’inspiration en dose très concentrée. Comme Bradley Cooper dans le film Limitless. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film: https://fr.wikipedia.org/wiki/Limitless_(film)
Le problème avec les petites pilules magiques, c’est qu’elles ont généralement des effets secondaires; un besoin irrépressible de créer, un désir brûlant pour les connexions humaines et une irritabilité face au manque de vision. Des ailes nous poussent dans le dos et on voudrait se lancer du premier immeuble pour prouver à tous qu’on peut voler. Sauf que c’est inévitable, le manque se fait sentir. On sent l’angoisse refaire surface. Les doutes nous envahissent. Où sont mes pilules?!
Et c’est là que Bradley entre en jeu. Il avait compris qu’il n’en aurait pas pour longtemps s’il devenait accroc au NZT. Que l’esprit et le corps ont leur limite. Tout comme nous devons respecter un certain équilibre pour assurer la pérennité de notre créativité, de notre désir d’évoluer.
Alors (attention, je vends le punch final du film), Bradley décide de purifier le produit de base afin de le rendre moins nocif et de se débarrasser de son addiction sans pour autant perdre tous les acquis qu’il avait fait sous l’influence du NZT. Il s’assure d’avoir plusieurs entrepôts et labos, fait des choix en misant sur ses compétences et met en oeuvre des stratégies pour s’assurer un équilibre et une continuité dans ses réussites.
Mon bagage émotionnel et psychologique suite au congrès de Clair se résume donc à cela:
Multiplier et solidifier mon réseau (ma drogue).
Faire des choix en lien avec mes compétences en essayant de repousser toujours un peu plus loin mes limites.
Me servir de cette nouvelle énergie pour mettre des stratégies gagnantes en place, même si cela veut dire de s'arrêter.
P.S. Admettons que tu doutes encore un peu du pourquoi ça m’a pris du temps avant de descendre de mon nuage en revenant de ce congrès… Je t’invite à visionner ma session Ignite (à 28 min) ainsi que toutes les autres, plus les conférences et pourquoi pas le fil Twitter #clair2019.
Je reviens du congrès Clair au Nouveau Brunswick. Techniquement, ça fait quelques semaines, mais ça m’a pris du temps à tout digérer et décider de la tournure que devait prendre ce billet “post-clair”. Surtout avec les petites merveilles que j’ai eu l’occasion de lire de la part des gens qui avaient, eux aussi, le goût de partager cette aventure particulièrement révélatrice.
Faut dire que j’ai eu un beau 24 heures de solitude en rentrant au bercail pour décanter. Plus facile à dire qu’à faire quand on a du wi-fi et des nouveaux amis qui pétillent, eux aussi, d’idées et d’énergie (plus de frénésie que d’énergie). Armée d’une grande feuille de papier et de plusieurs marqueurs, j’ai tenté de mettre un semblant d’ordre dans mes idées. Une bulle pour les nouveaux projets, une autre pour ceux entamés, des citations, des rêves inatteignables (vraiment?) et une bulle pour demain. Un demain en changement, un demain qui va évoluer sous le signe de la constance (je l’espère).
Plusieurs chansons et un bol de gruau plus tard, entre deux textos adressés aux survivants de ma nouvelle tribu, tremblante de fatigue, vidée des idées qui faisaient maintenant place à l’incertitude, je suis allée me rouler en boule dans mon lit en priant le ciel de ne pas me réveiller. J’étais terrorisée à l’idée d’ouvrir les yeux le lendemain et de me retrouver face au vide. Un vide rempli d’excuses, de failles, d’impossible, de “je peux toujours rêver”...
Ce que je ne savais pas encore, c’était que je venais de prendre une pilule magique d’inspiration en dose très concentrée. Comme Bradley Cooper dans le film Limitless. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film: https://fr.wikipedia.org/wiki/Limitless_(film)
Le problème avec les petites pilules magiques, c’est qu’elles ont généralement des effets secondaires; un besoin irrépressible de créer, un désir brûlant pour les connexions humaines et une irritabilité face au manque de vision. Des ailes nous poussent dans le dos et on voudrait se lancer du premier immeuble pour prouver à tous qu’on peut voler. Sauf que c’est inévitable, le manque se fait sentir. On sent l’angoisse refaire surface. Les doutes nous envahissent. Où sont mes pilules?!
Et c’est là que Bradley entre en jeu. Il avait compris qu’il n’en aurait pas pour longtemps s’il devenait accroc au NZT. Que l’esprit et le corps ont leur limite. Tout comme nous devons respecter un certain équilibre pour assurer la pérennité de notre créativité, de notre désir d’évoluer.
Alors (attention, je vends le punch final du film), Bradley décide de purifier le produit de base afin de le rendre moins nocif et de se débarrasser de son addiction sans pour autant perdre tous les acquis qu’il avait fait sous l’influence du NZT. Il s’assure d’avoir plusieurs entrepôts et labos, fait des choix en misant sur ses compétences et met en oeuvre des stratégies pour s’assurer un équilibre et une continuité dans ses réussites.
Mon bagage émotionnel et psychologique suite au congrès de Clair se résume donc à cela:
Multiplier et solidifier mon réseau (ma drogue).
Faire des choix en lien avec mes compétences en essayant de repousser toujours un peu plus loin mes limites.
Me servir de cette nouvelle énergie pour mettre des stratégies gagnantes en place, même si cela veut dire de s'arrêter.
P.S. Admettons que tu doutes encore un peu du pourquoi ça m’a pris du temps avant de descendre de mon nuage en revenant de ce congrès… Je t’invite à visionner ma session Ignite (à 28 min) ainsi que toutes les autres, plus les conférences et pourquoi pas le fil Twitter #clair2019.
Château de cartes
Le mardi 5 février 2019
Quand j’étais gosse (ben oui, une autre histoire qui commence dans les méandres de l’enfance), on aimait bien construire des châteaux de cartes sur la table en bois du salon de mes grands-parents. Fallait d’abord trouver le paquet idéal. Pas d’histoire de ramasser un vieux paquet qui aurait pris l’humidité, ça nuirait à notre construction. Des belles cartes bien droites, bien sèches. Ensuite, fallait avertir les cousins/cousines/oncle/tante/chiens/chats de pas circuler trop vite. D’un coup qu’ils accrochent la table, tsé. Finalement, personne ne touche à la porte-patio. On est en campagne, les coups de vent sont fréquents. Surtout quand ils sentent que s’pas le temps de souffler.
Alors, plein de candeur et d’ennui, on s’agenouillait l’air sévère, évaluant les craques de la vieille table comme s’il s’agissait d’un champs de mines. Ici ce serait mieux, non là il y aura plus d’espace. Une fois que le terrain propice avait été sélectionné, on pouvait se lancer dans la construction du premier étage. Bon, ça marchait pas du premier coup, mais peu importe, l’abandon n’était pas au menu. Ravitaillés par les pâtés de notre grand-mère et les desserts auxquels on n’avait jamais droit à la maison (que Dieu nous protège du sucre raffiné!), on regardait nos cartes en évaluant leur capacité à rester dans la bonne position. Puis, la première rangée prenait forme. Des tout petits bouts de papiers, prêts à supporter le poids de leur congénères.
Dans la cuisine, les adultes s’affairaient à ...non personne ne s’affairait à quoique ce soit sauf ma grand-mère, la broue dans l’toupet, de la farine plein le front, surveillant la porte-patio… pas pour les coups de vent...pour les mouches.
Pendant ce temps, nous autres on avait participé à la plus grande construction jamais vue dans le salon de mes grands-parents. Un château de cartes de 5 étages. Que quelqu’un appelle les records Guinness! Plein de fierté, les yeux pétillants d’émerveillement devant la simplicité de notre réalisation, mon père faisait son entrée. Je ne me souviens plus trop des expressions qu’il utilisait à l’époque: Wow! Génial! Superbe!
Je me souviens que dans ma tête de petite fille, ça résonnait comme un feu d’artifices.
Puis on a vieillit, on a fait moins de châteaux de cartes. Mon père, lui, a continué de faire exploser des feux d’artifices pour être bien certain qu’on comprenne comment la vie pouvait être spectaculaire si on prenait le temps de lever nos yeux au ciel plutôt que de se regarder le nombril. Sauf qu’en grandissant on arrête de regarder le ciel. On nous apprend à regarder droit devant, à se fixer des objectifs, à voir la lumière au bout du tunnel, keep your eyes on the price! Faque on l’échappe. Les indices s’accumulent, mais on préfère leur trouver des excuses. Et un bon matin le château de cartes s’effondre. On n'est pas sûr de pouvoir jeter le blâme sur qui que ce soit… les cousines qui couraient trop vite? Les vieilles cartes humides? La porte-patio restée ouverte?
Je sais pas trop pourquoi j’avais pas vu ça venir….
Les hormones peut-être… j’étais enceinte de ma 2e.
Un bon ami de mon père m’a appelé parce qu’il s’inquiétait. Une blague sûrement…
Alors, j’ai passé un coup de fil sur le cellulaire de ma belle-mère, en gougoune sur le petit chemin menant à la plage du camping. Ça m’a pris 15 secondes et je savais que quelque chose n’allait pas. Le ton de sa voix, le débit trop rapide, l’état d’urgence avec lequel il devait absolument me raconter toutes les idées qui s’amoncelaient dans sa tête. Des discussions weirds on en avait déjà eues, mais c’était différent. Il était complètement ailleurs. Un ailleurs rempli de coups de vent… la porte-patio était grande ouverte.
Cette nuit-là mon père est rentré à l’hôpital. C’était le bon choix. Je veux que tu le saches.
Les gens qui étaient en charge l’ont ...soigné? Se sont assurés qu’il n’était pas dangereux pour les autres ou pour lui-même. On réussissait à se parler au téléphone de temps en temps. Il marmonnait quelque chose, défoncé aux calmants, puis il raccrochait. Il m’avait endormi sur son ventre quand ma mère n’arrivait pas à me calmer, mais il raccrochait. Il m’avait emmené camper au clair de lune, mais il raccrochait. Il m’avait guidé dans chaque décision importante, mais il raccrochait.
Je me suis rarement sentie si impuissante dans ma vie. J’imagine à peine ce que ta blonde a dû vivre. J’imagine à peine ce que tu vis chaque jour pour remonter la pente. Pour reconstruire ton château de cartes.
Faque on avertit les cousines de prendre ça molo, on choisit les cartes pas trop vieilles, on s’assure que la porte-patio reste fermée. Pendant ce temps là, tu prends le temps de choisir tes cartes, d’évaluer la table. Tu replaces les bases en t’assurant que tout reste en place. Une carte à la fois. Le rythme, c’est toi qui le choisit, mais, de temps en temps, lève les yeux au ciel.
J’en ai deux qui sont prêts à faire péter tous les feux d’artifices, juste pour toi.
p.s. Publié avec l'approbation de mon papa ;)
Alors, plein de candeur et d’ennui, on s’agenouillait l’air sévère, évaluant les craques de la vieille table comme s’il s’agissait d’un champs de mines. Ici ce serait mieux, non là il y aura plus d’espace. Une fois que le terrain propice avait été sélectionné, on pouvait se lancer dans la construction du premier étage. Bon, ça marchait pas du premier coup, mais peu importe, l’abandon n’était pas au menu. Ravitaillés par les pâtés de notre grand-mère et les desserts auxquels on n’avait jamais droit à la maison (que Dieu nous protège du sucre raffiné!), on regardait nos cartes en évaluant leur capacité à rester dans la bonne position. Puis, la première rangée prenait forme. Des tout petits bouts de papiers, prêts à supporter le poids de leur congénères.
Dans la cuisine, les adultes s’affairaient à ...non personne ne s’affairait à quoique ce soit sauf ma grand-mère, la broue dans l’toupet, de la farine plein le front, surveillant la porte-patio… pas pour les coups de vent...pour les mouches.
Pendant ce temps, nous autres on avait participé à la plus grande construction jamais vue dans le salon de mes grands-parents. Un château de cartes de 5 étages. Que quelqu’un appelle les records Guinness! Plein de fierté, les yeux pétillants d’émerveillement devant la simplicité de notre réalisation, mon père faisait son entrée. Je ne me souviens plus trop des expressions qu’il utilisait à l’époque: Wow! Génial! Superbe!
Je me souviens que dans ma tête de petite fille, ça résonnait comme un feu d’artifices.
Puis on a vieillit, on a fait moins de châteaux de cartes. Mon père, lui, a continué de faire exploser des feux d’artifices pour être bien certain qu’on comprenne comment la vie pouvait être spectaculaire si on prenait le temps de lever nos yeux au ciel plutôt que de se regarder le nombril. Sauf qu’en grandissant on arrête de regarder le ciel. On nous apprend à regarder droit devant, à se fixer des objectifs, à voir la lumière au bout du tunnel, keep your eyes on the price! Faque on l’échappe. Les indices s’accumulent, mais on préfère leur trouver des excuses. Et un bon matin le château de cartes s’effondre. On n'est pas sûr de pouvoir jeter le blâme sur qui que ce soit… les cousines qui couraient trop vite? Les vieilles cartes humides? La porte-patio restée ouverte?
Je sais pas trop pourquoi j’avais pas vu ça venir….
Les hormones peut-être… j’étais enceinte de ma 2e.
Un bon ami de mon père m’a appelé parce qu’il s’inquiétait. Une blague sûrement…
Alors, j’ai passé un coup de fil sur le cellulaire de ma belle-mère, en gougoune sur le petit chemin menant à la plage du camping. Ça m’a pris 15 secondes et je savais que quelque chose n’allait pas. Le ton de sa voix, le débit trop rapide, l’état d’urgence avec lequel il devait absolument me raconter toutes les idées qui s’amoncelaient dans sa tête. Des discussions weirds on en avait déjà eues, mais c’était différent. Il était complètement ailleurs. Un ailleurs rempli de coups de vent… la porte-patio était grande ouverte.
Cette nuit-là mon père est rentré à l’hôpital. C’était le bon choix. Je veux que tu le saches.
Les gens qui étaient en charge l’ont ...soigné? Se sont assurés qu’il n’était pas dangereux pour les autres ou pour lui-même. On réussissait à se parler au téléphone de temps en temps. Il marmonnait quelque chose, défoncé aux calmants, puis il raccrochait. Il m’avait endormi sur son ventre quand ma mère n’arrivait pas à me calmer, mais il raccrochait. Il m’avait emmené camper au clair de lune, mais il raccrochait. Il m’avait guidé dans chaque décision importante, mais il raccrochait.
Je me suis rarement sentie si impuissante dans ma vie. J’imagine à peine ce que ta blonde a dû vivre. J’imagine à peine ce que tu vis chaque jour pour remonter la pente. Pour reconstruire ton château de cartes.
Faque on avertit les cousines de prendre ça molo, on choisit les cartes pas trop vieilles, on s’assure que la porte-patio reste fermée. Pendant ce temps là, tu prends le temps de choisir tes cartes, d’évaluer la table. Tu replaces les bases en t’assurant que tout reste en place. Une carte à la fois. Le rythme, c’est toi qui le choisit, mais, de temps en temps, lève les yeux au ciel.
J’en ai deux qui sont prêts à faire péter tous les feux d’artifices, juste pour toi.
p.s. Publié avec l'approbation de mon papa ;)
Je n'ai pas chanté avec Aerosmith
Le samedi 19 janvier 2019
Du temps que je côtoyais encore des recueils de notes de cours et du café filtre saveur de noisettes, j’avais laissé un rêve loufoque s’incruster dans mon esprit pour y faire germer une petite graine au fil des années. Peut-être trouverez-vous que ce rêve manquait d’originalité, mais j’avais déjà mon quota d’objectifs irréalistes et je vous avouerai que celui-ci ne me paraissait pas plus réalisable que celui qui me projetait sur la scène du FEQ en compagnie d’ Aerosmith. Manque de courage et d’expérience dans les deux cas. Plus une dose de chance.
Lorsque j’ai fait la rencontre de Séverine Parent lors d’un EdCamp en mai 2018, je partageais mon expérience de développement professionnel à quelques intéressés, dont Séverine. J’ai pris mon courage à deux mains pour lui partager ce rêve qui s’était bien enraciné. Je pense que ça a cliqué...ou que j’ai eu de la chance. Toujours est-il que le 13 décembre dernier, je me suis retrouvée devant une vingtaine d’étudiants au BAC lors d’un cours d’éducation numérique. Je savais, après avoir épluché les 9 dernières années de ma vie en y puisant des leçons qui, je l’espère, pourraient leur servir, que j’avais quelque chose à partager. Cependant, je n’avais que très peu d’emprise sur la façon dont ils recevraient tout ça. Je savais que mon dynamisme et mon humour (c’est pire quand je suis nerveuse) seraient de bons atouts pour capter leur attention et, qu’avec un peu de chance, ils ressortiraient de cette rencontre avec quelques cartes en plus dans leur jeu.
Un psy se ferait un malin plaisir de décortiquer ce que je vais vous avouez là, mais j’ai un conjoint qui fait assez bien ce travail et qui me coute moins cher.
Pour une des premières fois de ma vie, j’ai senti que j’avais quelque chose à dire de vraiment tangible, de testé et d’approuvé. J’avais l’impression d’être en symbiose avec mon désir de partager et celui d’être acceptée...valorisée même. En partageant mes expériences de classe parallèlement avec les recherches qui appuient ma pratique, ce n’était pas seulement une prof crinquée qui fait des blagues pas toujours drôles que les étudiants avaient devant eux. C’était la prof qui commence à savoir de quoi elle parle. Et ça m’a fait du bien, vous n’avez pas idée. Sauf que ce sentiment de bien-être, étant un amalgame de partage et la recherche de valorisation, entraine son lot d’interrogations. Est-ce que je le fais pour les bonnes raisons? Suis-je assez compétente? Est-ce que ce que j’ai à dire mérite d’être dit?
Bref, j’espère que ça vous va si je traine dans les marches entre les deux derniers paliers de la pyramide de Maslow… Si on s’y croise, ça me fera plaisir de vous montrer le chemin.
Lorsque j’ai fait la rencontre de Séverine Parent lors d’un EdCamp en mai 2018, je partageais mon expérience de développement professionnel à quelques intéressés, dont Séverine. J’ai pris mon courage à deux mains pour lui partager ce rêve qui s’était bien enraciné. Je pense que ça a cliqué...ou que j’ai eu de la chance. Toujours est-il que le 13 décembre dernier, je me suis retrouvée devant une vingtaine d’étudiants au BAC lors d’un cours d’éducation numérique. Je savais, après avoir épluché les 9 dernières années de ma vie en y puisant des leçons qui, je l’espère, pourraient leur servir, que j’avais quelque chose à partager. Cependant, je n’avais que très peu d’emprise sur la façon dont ils recevraient tout ça. Je savais que mon dynamisme et mon humour (c’est pire quand je suis nerveuse) seraient de bons atouts pour capter leur attention et, qu’avec un peu de chance, ils ressortiraient de cette rencontre avec quelques cartes en plus dans leur jeu.
Un psy se ferait un malin plaisir de décortiquer ce que je vais vous avouez là, mais j’ai un conjoint qui fait assez bien ce travail et qui me coute moins cher.
Pour une des premières fois de ma vie, j’ai senti que j’avais quelque chose à dire de vraiment tangible, de testé et d’approuvé. J’avais l’impression d’être en symbiose avec mon désir de partager et celui d’être acceptée...valorisée même. En partageant mes expériences de classe parallèlement avec les recherches qui appuient ma pratique, ce n’était pas seulement une prof crinquée qui fait des blagues pas toujours drôles que les étudiants avaient devant eux. C’était la prof qui commence à savoir de quoi elle parle. Et ça m’a fait du bien, vous n’avez pas idée. Sauf que ce sentiment de bien-être, étant un amalgame de partage et la recherche de valorisation, entraine son lot d’interrogations. Est-ce que je le fais pour les bonnes raisons? Suis-je assez compétente? Est-ce que ce que j’ai à dire mérite d’être dit?
Bref, j’espère que ça vous va si je traine dans les marches entre les deux derniers paliers de la pyramide de Maslow… Si on s’y croise, ça me fera plaisir de vous montrer le chemin.
Comme une famille
Le lundi 3 décembre 2018
Ce matin, j’ai eu droit à des crêpes. Maman a même mis des bleuets dessus parce qu’elle sait que j’adore ça moi les bleuets. Je pense aussi qu’elle avait senti que j’étais nerveux, que même si ce n’était pas ma première rentrée scolaire, j’avais une boule dans l’estomac. La première année faut dire que c’est une grosse étape. Ma grande sœur est passée par là déjà, je la voyais ramener plein de nouveaux livres à la maison. Elle lit vraiment bien ma grande sœur. Maman dit que c’est une p’tite vite. Une vraie éponge.
Moi je suis monté sur des ressorts. J’ai jamais trop compris ce que mes parents voulaient dire, mais quand ils le disent leurs yeux se lèvent vers le ciel. Ça, je sais ce que ça veut dire.
Avant même de mettre les pieds dans ma classe, je savais un peu à quoi ressemblerait mon enseignante. Je l’avais croisée à quelques reprises dans les corridors quand j’étais en maternelle. Je lui avais même fait un beau sourire un jour, j’espère qu’elle s’en souviendra. J’aime ça quand les enseignants me sourient dans le corridor, ça me fait des papillons dans le ventre. Sauf que parfois aussi ils me demandent d’être en silence, ça c’est moins facile que de faire des sourires. J’ai trop d’amis et on a toujours plein de choses à se raconter.
Je savais que mon enseignante s’appelait madame Myra et qu’elle a avait une guitare dans sa classe. C’est pas mal ça.
Alors, tu peux imaginer que la première fois que je l’ai croisée, pour de vrai là, tsé, c’était MON prof à moi, j’ai bien analysé à qui j’avais affaire. L’odeur, ça va. Les madames qui sentent trop fort ça me donne mal à la tête. Le look, ok c’est bon. Rien d’effrayant, plutôt rigolote avec son drôle de chapeau sur la tête. Elle dit que c’est son chapeau d’aventurière. Elle me demande si on se sert la main ou si je préfère un câlin. Je me trouve cool de juste lui serrer la main, tu m’auras pas si facilement madame. Le premier contact est fait, maintenant on passe aux choses sérieuses: où sont mes amis? Je jette un regard anxieux sur les enfants qui sont déjà arrivés. Je remarque quelques amis que je connais quand soudain quelqu’un se jette littéralement sur moi. “Oh yeaaaaah buddy!” “Trop nice! On est ensemble!” Mon taux d’adrénaline vient de grimper tout en faisant chuter ma pression. Un beau mélange d’excitation et de soulagement. Mon meilleur ami sera dans ma classe. Tout est beau.
On se met en mode exploration. “As-tu vu le gros pouf rouge? Eille, une tortue, j’aime full ça les tortues! Regarde ce siège là, on l’essaie? As-tu vu les livres? Celui-là je l’ai chez moi aussi…”
On en a plein les yeux, découvrir sa nouvelle classe c’est presque mieux qu’une croisière Disney. Presque.
C’est bien beau le plaisir, mais quelque chose me titille. Ah oui! Mon bureau! J’ai passé l’été à imaginer toutes les choses que j’allais pouvoir y cacher. Un autre monde fabuleux qui se construirait subtilement entre mon cahier de math et mon coffre à crayons. Sauf que non. Mon prof qui sent correct et qui porte un drôle de chapeau nous propose de nous asseoir où on veut...mais de ne rien mettre dans les bureaux. Elle nous dit que dans notre classe, on peut changer de place si on en ressent le besoin, travailler par terre ou bien debout, pourquoi pas? Elle nous dit que nous sommes une communauté d’apprentissage. Comme elle voit bien que personne ne comprend, elle utilise le mot famille. Une grande famille qui s’aime, qui s’aide, qui créée et collabore. Et que l’essentiel dans une famille, c’est de s’y sentir bien.
Alors, pas plus fou qu’un autre, je me catapulte sur un gigantesque pouf en prenant soin de laisser une petite place à Ed. Les autres élèves s’installent un peu partout, commentant leur choix, invitant d’autres amis à se joindre à eux. D’autres s’assoient tranquillement à un bureau, l’air de se demander sur quel prof bizarre ils viennent de tomber.
C’est un peu...beaucoup le chaos. Les lumières se ferment, madame Myra nous souhaites officiellement la bienvenue dans la classe des aventuriers. Une classe flexible.
3 mois plus tard
-On fait quoi ce matin, tu as envie d’écrire des mots avec moi? me demande Ed.
-On a fait de l’écriture hier, on pourrait peut-être lire. Mon petit livre de hier était sur les lions, je vais te montrer. Les images sont malades.
-Salut les garçons, vous allez bien ce matin? nous dit madame Myra quand on arrive à la classe.
On lui répond en choeur, un petit câlin au passage puis on va ranger nos sacs.
On s’installe à un îlot où des élèves font de la lecture seuls, alors que d’autres écrivent. Mon amie Léa est allongée sur un pouf dans le coin rassemblement, elle préfère qu’on la laisse tranquille le matin. Ma mère aussi est comme ça avant de prendre son café. Autour de nous, tout le monde fait sa routine, on en profite pour parler de ce qu’on a fait hier soir. Mon ami me raconte que son petit frère a pleuré TOUTE la nuit et qu’il n’a pas du tout dormi. Eli aussi a un petit frère qui pleure, il nous dit que si tu fermes la porte de ta chambre c’est moins pire. Mais ça prend une veilleuse sinon il fait trop noir. On est tous d’accord.
Les lumières se ferment, c’est le temps de ranger. On se dégourdit un peu les jambes et on va s’installer plus près du tableau pour le message du matin. Je prends une chaise qui me fait penser à celles qu’on a à notre camping. J’allonge un peu mes jambes et j’essaie de décoder ce que le prof nous a écrit comme message ce matin. Je chuchote à mon ami que je suis capable de lire. En vrai il y a des mots que j’ai pas été capable de lire, mais dans notre classe, on est des lecteurs, on est des auteurs, on est des aventuriers.
Après la routine du matin, on change encore de place pendant que des élèves distribuent des cahiers. On a un peu de révision à faire en mathématique et on doit se choisir un bon coéquipier pour travailler. Jonathan vient me voir pour me demander si on peut faire équipe. Comme il est mieux capable de lire les consignes que moi, je trouve que c’est une bonne idée. En plus, je peux pas trop parler parce que sinon il me reprend, comme ma mère. Sauf que ça ne me dérange pas parce qu’il n’est pas vraiment fâché, il aime ça bien faire son travail. Moi aussi dans le fond. En face de nous, Léa s’est installée avec son amie Flavie. Ça me fait sourire parce que l’année dernière elles ne voulaient même pas jouer ensemble. C’est vrai qu’elles n’ont vraiment pas le même caractère. Sauf qu’elles sont ULTRA intelligentes. Pour vrai là, Flavie elle doit connaitre tout ce qu’il y a à savoir sur les animaux. C’est une vrai encyplédie..clopcydé...cyclodie… en tout cas elle est hot. Bref, quand elles travaillent ensemble on dirait qu’elles oublient de se chicaner parce qu’elle sont trop contentes de tout comprendre.
Une fois notre travail terminé on va voir notre enseignante pour qu’elle le regarde avec nous. Elle me pose quelques questions sur les lignes parce que j’avais fait une erreur. C’est drôle quand elle attend que je lui réponde, elle fait toujours la même chose. Elle plisse un peu les yeux, elle fait un petit sourire en coin et elle accote son menton sur sa main. Et elle attend que je lui donne toutes les réponses. Je suis fier de lui montrer que j’avais saisi, que c’était une petite erreur d’i-na-tten-tion (quand les mots sont longs, faut les découper).
Comme elle voit que j’avais bien compris, elle me permet d’aller faire autre chose. Je vérifie qui a terminé et je vois que Max est plongée dans son livre de bibliothèque. Je vais la voir pour lui demander si je peux le regarder avec elle. Elle est d’accord et me demande si je veux lire une page sur deux. Je m’installe sur un tabouret à côté de son bureau. Parce que Max préfère avoir son bureau alors elle a son nom dessus et elle peut mettre ses crayons à l’intérieur. C’est quand même cool, mais je préfère changer de place quand j’ai envie.
C’est comme ça dans notre famille, on fait ce qui est bien individuellement pour vivre mieux collectivement (ok, c’est pas comme ça que je l’avais expliqué au début, mais ma soeur trouve que ça sonne de même).
Moi je suis monté sur des ressorts. J’ai jamais trop compris ce que mes parents voulaient dire, mais quand ils le disent leurs yeux se lèvent vers le ciel. Ça, je sais ce que ça veut dire.
Avant même de mettre les pieds dans ma classe, je savais un peu à quoi ressemblerait mon enseignante. Je l’avais croisée à quelques reprises dans les corridors quand j’étais en maternelle. Je lui avais même fait un beau sourire un jour, j’espère qu’elle s’en souviendra. J’aime ça quand les enseignants me sourient dans le corridor, ça me fait des papillons dans le ventre. Sauf que parfois aussi ils me demandent d’être en silence, ça c’est moins facile que de faire des sourires. J’ai trop d’amis et on a toujours plein de choses à se raconter.
Je savais que mon enseignante s’appelait madame Myra et qu’elle a avait une guitare dans sa classe. C’est pas mal ça.
Alors, tu peux imaginer que la première fois que je l’ai croisée, pour de vrai là, tsé, c’était MON prof à moi, j’ai bien analysé à qui j’avais affaire. L’odeur, ça va. Les madames qui sentent trop fort ça me donne mal à la tête. Le look, ok c’est bon. Rien d’effrayant, plutôt rigolote avec son drôle de chapeau sur la tête. Elle dit que c’est son chapeau d’aventurière. Elle me demande si on se sert la main ou si je préfère un câlin. Je me trouve cool de juste lui serrer la main, tu m’auras pas si facilement madame. Le premier contact est fait, maintenant on passe aux choses sérieuses: où sont mes amis? Je jette un regard anxieux sur les enfants qui sont déjà arrivés. Je remarque quelques amis que je connais quand soudain quelqu’un se jette littéralement sur moi. “Oh yeaaaaah buddy!” “Trop nice! On est ensemble!” Mon taux d’adrénaline vient de grimper tout en faisant chuter ma pression. Un beau mélange d’excitation et de soulagement. Mon meilleur ami sera dans ma classe. Tout est beau.
On se met en mode exploration. “As-tu vu le gros pouf rouge? Eille, une tortue, j’aime full ça les tortues! Regarde ce siège là, on l’essaie? As-tu vu les livres? Celui-là je l’ai chez moi aussi…”
On en a plein les yeux, découvrir sa nouvelle classe c’est presque mieux qu’une croisière Disney. Presque.
C’est bien beau le plaisir, mais quelque chose me titille. Ah oui! Mon bureau! J’ai passé l’été à imaginer toutes les choses que j’allais pouvoir y cacher. Un autre monde fabuleux qui se construirait subtilement entre mon cahier de math et mon coffre à crayons. Sauf que non. Mon prof qui sent correct et qui porte un drôle de chapeau nous propose de nous asseoir où on veut...mais de ne rien mettre dans les bureaux. Elle nous dit que dans notre classe, on peut changer de place si on en ressent le besoin, travailler par terre ou bien debout, pourquoi pas? Elle nous dit que nous sommes une communauté d’apprentissage. Comme elle voit bien que personne ne comprend, elle utilise le mot famille. Une grande famille qui s’aime, qui s’aide, qui créée et collabore. Et que l’essentiel dans une famille, c’est de s’y sentir bien.
Alors, pas plus fou qu’un autre, je me catapulte sur un gigantesque pouf en prenant soin de laisser une petite place à Ed. Les autres élèves s’installent un peu partout, commentant leur choix, invitant d’autres amis à se joindre à eux. D’autres s’assoient tranquillement à un bureau, l’air de se demander sur quel prof bizarre ils viennent de tomber.
C’est un peu...beaucoup le chaos. Les lumières se ferment, madame Myra nous souhaites officiellement la bienvenue dans la classe des aventuriers. Une classe flexible.
3 mois plus tard
-On fait quoi ce matin, tu as envie d’écrire des mots avec moi? me demande Ed.
-On a fait de l’écriture hier, on pourrait peut-être lire. Mon petit livre de hier était sur les lions, je vais te montrer. Les images sont malades.
-Salut les garçons, vous allez bien ce matin? nous dit madame Myra quand on arrive à la classe.
On lui répond en choeur, un petit câlin au passage puis on va ranger nos sacs.
On s’installe à un îlot où des élèves font de la lecture seuls, alors que d’autres écrivent. Mon amie Léa est allongée sur un pouf dans le coin rassemblement, elle préfère qu’on la laisse tranquille le matin. Ma mère aussi est comme ça avant de prendre son café. Autour de nous, tout le monde fait sa routine, on en profite pour parler de ce qu’on a fait hier soir. Mon ami me raconte que son petit frère a pleuré TOUTE la nuit et qu’il n’a pas du tout dormi. Eli aussi a un petit frère qui pleure, il nous dit que si tu fermes la porte de ta chambre c’est moins pire. Mais ça prend une veilleuse sinon il fait trop noir. On est tous d’accord.
Les lumières se ferment, c’est le temps de ranger. On se dégourdit un peu les jambes et on va s’installer plus près du tableau pour le message du matin. Je prends une chaise qui me fait penser à celles qu’on a à notre camping. J’allonge un peu mes jambes et j’essaie de décoder ce que le prof nous a écrit comme message ce matin. Je chuchote à mon ami que je suis capable de lire. En vrai il y a des mots que j’ai pas été capable de lire, mais dans notre classe, on est des lecteurs, on est des auteurs, on est des aventuriers.
Après la routine du matin, on change encore de place pendant que des élèves distribuent des cahiers. On a un peu de révision à faire en mathématique et on doit se choisir un bon coéquipier pour travailler. Jonathan vient me voir pour me demander si on peut faire équipe. Comme il est mieux capable de lire les consignes que moi, je trouve que c’est une bonne idée. En plus, je peux pas trop parler parce que sinon il me reprend, comme ma mère. Sauf que ça ne me dérange pas parce qu’il n’est pas vraiment fâché, il aime ça bien faire son travail. Moi aussi dans le fond. En face de nous, Léa s’est installée avec son amie Flavie. Ça me fait sourire parce que l’année dernière elles ne voulaient même pas jouer ensemble. C’est vrai qu’elles n’ont vraiment pas le même caractère. Sauf qu’elles sont ULTRA intelligentes. Pour vrai là, Flavie elle doit connaitre tout ce qu’il y a à savoir sur les animaux. C’est une vrai encyplédie..clopcydé...cyclodie… en tout cas elle est hot. Bref, quand elles travaillent ensemble on dirait qu’elles oublient de se chicaner parce qu’elle sont trop contentes de tout comprendre.
Une fois notre travail terminé on va voir notre enseignante pour qu’elle le regarde avec nous. Elle me pose quelques questions sur les lignes parce que j’avais fait une erreur. C’est drôle quand elle attend que je lui réponde, elle fait toujours la même chose. Elle plisse un peu les yeux, elle fait un petit sourire en coin et elle accote son menton sur sa main. Et elle attend que je lui donne toutes les réponses. Je suis fier de lui montrer que j’avais saisi, que c’était une petite erreur d’i-na-tten-tion (quand les mots sont longs, faut les découper).
Comme elle voit que j’avais bien compris, elle me permet d’aller faire autre chose. Je vérifie qui a terminé et je vois que Max est plongée dans son livre de bibliothèque. Je vais la voir pour lui demander si je peux le regarder avec elle. Elle est d’accord et me demande si je veux lire une page sur deux. Je m’installe sur un tabouret à côté de son bureau. Parce que Max préfère avoir son bureau alors elle a son nom dessus et elle peut mettre ses crayons à l’intérieur. C’est quand même cool, mais je préfère changer de place quand j’ai envie.
C’est comme ça dans notre famille, on fait ce qui est bien individuellement pour vivre mieux collectivement (ok, c’est pas comme ça que je l’avais expliqué au début, mais ma soeur trouve que ça sonne de même).
#eduprof
7 novembre 2018
8h03.
Merde, je suis en retard. De 3 minutes. C’est pathologique que voulez-vous.
Je mets ma pile de correction de côté avec un mélange de culpabilité et d’excitation. Pas mal comme ce que je ressens en écrivant cet article à 21h30 au lieu d’aller me coucher.
Bref, j’empoigne mon téléphone, je remarque une nouvelle notification sur Seesaw. Je souris. Hop, sur Twitter. Je cherche le fil #eduprof. C’est ma première fois, je suis nerveuse, j’ai des papillons dans le ventre. Ben oui, je suis énervée de même quand je m’apprête à échanger des idées inspirantes avec des gens inspirants. C’est pathologique ça aussi je pense. En plus, comme c’est mon amie @catlap78 qui chapeaute le projet avec son acolyte @ChandonneJulie, faudrait que je m’y mette tsé.
Je commence à voir les gens répondre à une première question. Le bal est mené par une étudiante au BAC, @PilonAli. Je ne sais pas ce qu’il leur apprenne maintenant au BAC, mais ça prend de la drive pour se lancer comme ça, armée de bonnes intentions et de questions savamment réfléchies, sachant que des profs d’expérience participent à la discussion. Thumbs up comme on dit.
De notre attitude face aux technos, à l’utilisation que nous en faisons en classe, aux outils qui nous sont proposés dans le Plan numérique, la ligne directrice est solide et les discussions vont bon train. On parle de nos insécurités face à l’implantation des technos pour se faire répondre avec tact et créativité. Les idées fusent de partout, pas le temps pour une tisane, ce commentaire mérite une réponse! J’en ai plein les yeux, plein la tête et mon coeur fourmille d’amour pour ces gens que je ne connais peu ou pas. Des gens qui ont décidé de partager leur passion avec d’autres. Des gens qui se positionnent comme des agents de changement en changement. Comme je suis fière d’être prof.
Vous avez manqué ce rendez-vous #eduprof? Le prochain aura lieu le 21 novembre à 20h sur l’importance de la gentillesse. Quoi? Vous pensiez qu’on ne parlait que de techno?
Soyez curieux...
Merde, je suis en retard. De 3 minutes. C’est pathologique que voulez-vous.
Je mets ma pile de correction de côté avec un mélange de culpabilité et d’excitation. Pas mal comme ce que je ressens en écrivant cet article à 21h30 au lieu d’aller me coucher.
Bref, j’empoigne mon téléphone, je remarque une nouvelle notification sur Seesaw. Je souris. Hop, sur Twitter. Je cherche le fil #eduprof. C’est ma première fois, je suis nerveuse, j’ai des papillons dans le ventre. Ben oui, je suis énervée de même quand je m’apprête à échanger des idées inspirantes avec des gens inspirants. C’est pathologique ça aussi je pense. En plus, comme c’est mon amie @catlap78 qui chapeaute le projet avec son acolyte @ChandonneJulie, faudrait que je m’y mette tsé.
Je commence à voir les gens répondre à une première question. Le bal est mené par une étudiante au BAC, @PilonAli. Je ne sais pas ce qu’il leur apprenne maintenant au BAC, mais ça prend de la drive pour se lancer comme ça, armée de bonnes intentions et de questions savamment réfléchies, sachant que des profs d’expérience participent à la discussion. Thumbs up comme on dit.
De notre attitude face aux technos, à l’utilisation que nous en faisons en classe, aux outils qui nous sont proposés dans le Plan numérique, la ligne directrice est solide et les discussions vont bon train. On parle de nos insécurités face à l’implantation des technos pour se faire répondre avec tact et créativité. Les idées fusent de partout, pas le temps pour une tisane, ce commentaire mérite une réponse! J’en ai plein les yeux, plein la tête et mon coeur fourmille d’amour pour ces gens que je ne connais peu ou pas. Des gens qui ont décidé de partager leur passion avec d’autres. Des gens qui se positionnent comme des agents de changement en changement. Comme je suis fière d’être prof.
Vous avez manqué ce rendez-vous #eduprof? Le prochain aura lieu le 21 novembre à 20h sur l’importance de la gentillesse. Quoi? Vous pensiez qu’on ne parlait que de techno?
Soyez curieux...
La lumière intérieure
29 septembre 2018
Comme ce titre sonne ésotérique... N’ayez crainte, je n’entends pas de voix dans ma tête (sauf celle de ma conscience) et je ne parle presque jamais toute seule.
Vous serez contents d’apprendre que pour une fois, il y aura quelques faits scientifiques présentés dans cet article. En plus, vous saurez FINALEMENT pourquoi j’ai choisi le nom de Mouche à feu pour mon blog. Je sais, l’attente était longue et pénible. Ça c’est mon humour du dimanche.
...
Dans l’air flottait un parfum d’herbe et de bois humide. Le soleil projetait ses derniers rayons sur le chalet des voisins. Nous avions les ongles noircis par la terre et les orteils ratatinés par le cours d’eau. Notre barrage à ménés tenait le coup et les petits poissons tournaient en rond dans leur prison temporaire. J’avais soif. Soif de découverte, de nature et de moment présent. Quelle belle période de la vie quand même… On avait l’impression que tout le temps du monde nous appartenait.
Je m’éloigne…
On a enfilé nos cotons ouatés, l’odeur de feu m’a toujours réconforté. Ça doit être parce que je suis sagittaire. Et la pénombre s’est installée, subtilement, sans faire de bruit.
Puis, à l’orée du bois, une petite lumière. Ou peut-être n’était-ce que le reflet de la lune?
Non, moi aussi je l’ai vu…
La glace était brisée, la petite lumière avait donné des ailes aux autres.
Ce fût un magnifique spectacle. Sans artifice, sans musique d’ambiance ni chorégraphie. Juste des lumières qui clignotent et des yeux d’enfants qui brillent.
…
La mouche à feu fait partie de la famille des coléoptères. La particularité qui l’a rendu si célèbre provient d’un phénomène physiologique appelé bioluminescence. Dans son abdomen, la luciole possède un organe photogénique qui produit une enzyme: la luciférase. Lorsqu’elle entre en contact avec l’air, elle s’oxyde en émettant de l’énergie sous forme de lumière. Comme la plupart de cette énergie est transmise sous forme de lumière, elle ne produit pas de chaleur.
Les gens qui nous inspirent font partie de la famille des innovateurs. Leur particularité provient de leur capacité à nous mettre nez à nez avec nos propres propres désirs/ambitions. Dans son coeur, l’innovateur possède la même chose que n’importe qui d’autre: courage, créativité, doutes, ambitions, attentes, déceptions…
Mais ce qu’il laisse sortir, ce qui finit par prendre assez d’ampleur pour se frayer un chemin jusqu’au monde extérieur, c’est une énergie lumineuse. Et sous cette forme, l’énergie ne brûle pas, mais peut être contagieuse.
Quel fabuleux spectacle de voir ces mouches à feu éclairer des parcelles de forêt l’air de dire: venez, le chemin est par ici, marchons-y ensemble.
La mouche à feu
Vous serez contents d’apprendre que pour une fois, il y aura quelques faits scientifiques présentés dans cet article. En plus, vous saurez FINALEMENT pourquoi j’ai choisi le nom de Mouche à feu pour mon blog. Je sais, l’attente était longue et pénible. Ça c’est mon humour du dimanche.
...
Dans l’air flottait un parfum d’herbe et de bois humide. Le soleil projetait ses derniers rayons sur le chalet des voisins. Nous avions les ongles noircis par la terre et les orteils ratatinés par le cours d’eau. Notre barrage à ménés tenait le coup et les petits poissons tournaient en rond dans leur prison temporaire. J’avais soif. Soif de découverte, de nature et de moment présent. Quelle belle période de la vie quand même… On avait l’impression que tout le temps du monde nous appartenait.
Je m’éloigne…
On a enfilé nos cotons ouatés, l’odeur de feu m’a toujours réconforté. Ça doit être parce que je suis sagittaire. Et la pénombre s’est installée, subtilement, sans faire de bruit.
Puis, à l’orée du bois, une petite lumière. Ou peut-être n’était-ce que le reflet de la lune?
Non, moi aussi je l’ai vu…
La glace était brisée, la petite lumière avait donné des ailes aux autres.
Ce fût un magnifique spectacle. Sans artifice, sans musique d’ambiance ni chorégraphie. Juste des lumières qui clignotent et des yeux d’enfants qui brillent.
…
La mouche à feu fait partie de la famille des coléoptères. La particularité qui l’a rendu si célèbre provient d’un phénomène physiologique appelé bioluminescence. Dans son abdomen, la luciole possède un organe photogénique qui produit une enzyme: la luciférase. Lorsqu’elle entre en contact avec l’air, elle s’oxyde en émettant de l’énergie sous forme de lumière. Comme la plupart de cette énergie est transmise sous forme de lumière, elle ne produit pas de chaleur.
Les gens qui nous inspirent font partie de la famille des innovateurs. Leur particularité provient de leur capacité à nous mettre nez à nez avec nos propres propres désirs/ambitions. Dans son coeur, l’innovateur possède la même chose que n’importe qui d’autre: courage, créativité, doutes, ambitions, attentes, déceptions…
Mais ce qu’il laisse sortir, ce qui finit par prendre assez d’ampleur pour se frayer un chemin jusqu’au monde extérieur, c’est une énergie lumineuse. Et sous cette forme, l’énergie ne brûle pas, mais peut être contagieuse.
Quel fabuleux spectacle de voir ces mouches à feu éclairer des parcelles de forêt l’air de dire: venez, le chemin est par ici, marchons-y ensemble.
La mouche à feu
Mel Gibson
2 septembre 2018
Jeudi matin, une heure avant d'aller accueillir mes nouveaux élèves, j'ai publié une photo de moi souriante, café à la main, avec un air de conquête flottant sur mon visage. Je n'étais certainement pas la seule car, c'est vrai, à la rentrée scolaire, on se sent un peu tous comme Mel Gibson dans Braveheart. J’étais prête à me peinturer la moitié du visage en bleu pour aller scander mes beaux discours inspirants à qui voulait bien l'entendre. Le coeur rempli d’un courage à toute épreuve, chevauchant avec passion mes dernières lectures pédagogiques et emplissant mon esprit d’une vision romantico-novatrice (ne cherche pas sur Google, ce terme n’existe pas et n’a rien de savant), j’ai accueilli mes premiers élèves.
Comme ceux-ci arrivaient d’abord au compte-goutte, la gestion du rangement de matériel se faisait dans le calme et j’avais le temps de parler à chacun d’entre eux.
Avant de continuer, je devrais probablement préciser que j’ai aménagé ma classe flexible cette année pour la première fois. J’ai donc un coin rassemblement avec beaucoup de coussins et de poufs. Prenez un tout petit instant pour vous imaginer la suite…
Pour en revenir avec mes allusions à Braveheart, c’était un pas pire champ de bataille. Et aucune Isabelle pour me prévenir du danger qui guettait ma gestion de classe.
Bref, on a fini de vider les boites et j’ai rassemblé les troupes. On se présente, on se questionne sur ce qu’ils ont remarqué dans la classe et on rappelle certaines règles primordiales. Petite visite aux toilettes de l’étage, un coucou au technicien informatique et on rappelle certaines règles primordiales. On a faim, c’est quand la récréation déjà? Descendons au vestiaire et profitons-en pour rappeler quelques règles primordiales. Retour en classe après une trop courte période à dépenser un peu d’énergie. Petite histoire, jeu de bingo, on écoute la chanson thème de l’année. Une fois, deux fois…ok une troisième fois, on se lève et on danse question de se dégourdir.
On a faim, c’est quand le diner déjà? J’ai pas la force d’ajouter un paragraphe concernant la cafétéria. J’ai réussi à faire brûler le plat d’un élève dans le micro-ondes…
L’après-midi se déroule sensiblement de la même façon. J’essaie d’allier patience, compréhension et douceur. Je prends des grandes respirations. Je croise mes anciens élèves et je les trouve drôlement grands et matures. La journée s’achève sur une note agréablement sucrée, puis je remonte dans ma classe pour une brève réflexion. La langue bleue et engourdie par le Mr.Freeze, je constate l’état des lieux. Je fais une liste des problématiques et des solutions envisageables. Ma batterie descend à 10% d’efficacité alors je barre la porte et je prends le chemin de la maison.
Si j’avais publié une photo de moi jeudi soir, j’aurais eu un sourire légèrement défraîchi, un verre de vin bien entamé dans la main droite et un air de Mel Gibson dans ses derniers instants.
Liberté.
Comme ceux-ci arrivaient d’abord au compte-goutte, la gestion du rangement de matériel se faisait dans le calme et j’avais le temps de parler à chacun d’entre eux.
Avant de continuer, je devrais probablement préciser que j’ai aménagé ma classe flexible cette année pour la première fois. J’ai donc un coin rassemblement avec beaucoup de coussins et de poufs. Prenez un tout petit instant pour vous imaginer la suite…
Pour en revenir avec mes allusions à Braveheart, c’était un pas pire champ de bataille. Et aucune Isabelle pour me prévenir du danger qui guettait ma gestion de classe.
Bref, on a fini de vider les boites et j’ai rassemblé les troupes. On se présente, on se questionne sur ce qu’ils ont remarqué dans la classe et on rappelle certaines règles primordiales. Petite visite aux toilettes de l’étage, un coucou au technicien informatique et on rappelle certaines règles primordiales. On a faim, c’est quand la récréation déjà? Descendons au vestiaire et profitons-en pour rappeler quelques règles primordiales. Retour en classe après une trop courte période à dépenser un peu d’énergie. Petite histoire, jeu de bingo, on écoute la chanson thème de l’année. Une fois, deux fois…ok une troisième fois, on se lève et on danse question de se dégourdir.
On a faim, c’est quand le diner déjà? J’ai pas la force d’ajouter un paragraphe concernant la cafétéria. J’ai réussi à faire brûler le plat d’un élève dans le micro-ondes…
L’après-midi se déroule sensiblement de la même façon. J’essaie d’allier patience, compréhension et douceur. Je prends des grandes respirations. Je croise mes anciens élèves et je les trouve drôlement grands et matures. La journée s’achève sur une note agréablement sucrée, puis je remonte dans ma classe pour une brève réflexion. La langue bleue et engourdie par le Mr.Freeze, je constate l’état des lieux. Je fais une liste des problématiques et des solutions envisageables. Ma batterie descend à 10% d’efficacité alors je barre la porte et je prends le chemin de la maison.
Si j’avais publié une photo de moi jeudi soir, j’aurais eu un sourire légèrement défraîchi, un verre de vin bien entamé dans la main droite et un air de Mel Gibson dans ses derniers instants.
Liberté.
Bye ma chouette
23 juin 2018
Le premier jour où ton petit nez picoté de tâches de rousseur est apparu dans ma classe, je savais que j'avais à faire à un sacré numéro. Ça pétillait dans tes yeux et ça se sentait jusque dans le bout de tes doigts. Y'a pas une partie de ton corps qui était capable de rester immobile plus de quelques secondes. Je me souviens que tu adorais jouer à cache-cache sans que personne d'autre que toi ne soit au courant ou que tu préférais te servir de tes dents pour expliquer que quelque chose ne faisait pas ton affaire. Alors, du haut de mes quatre ans de BAC et mon année de suppléance, je me suis retroussée les manches et j'ai tenté des approches. Ouaip, tu as été un cobaye ma belle. Un peu de discipline par ici, des récompenses par là, des responsabilités en voici, des rencontres avec tes parents, mets-en! J'ai ressorti mes livres d'Université, j'ai questionné mes collègues, j'ai fouillé sur Internet, demandé des conseils d'experts, etc. Bref, tu m'as appris à faire ma job. Tu m'as donné un défi à ma hauteur et, la broue dans l'toupet, on a fini par passer à travers ta maternelle.
Mais notre histoire ne s'est pas arrêtée là.
Deux ans plus tard, on se retrouve pour ta rentrée en 2e année. J'avoue, j'avais un peu prié le ciel pour retrouver ton nom sur ma liste de classe. Fallait qu'on continue cette palpitante aventure. Tu es arrivée avec ta fougue un peu mieux domptée, mais d'autres défis à surmonter. Tu avais clairement mûrie et, merci à ton enseignant de première année, tu étais bien équipée pour affronter ce qui t'attendait. Il n'en demeure pas moins qu'à 8 ans, la confiance en soi c'est fragile. Même quand ton prof te crinque, que tes parents sont sur le point d'ouvrir leur propre boutique de jeux pédagogiques, que tu es encadrée par des spécialistes qui te fournissent un paquet de stratégies... Je sais que tu as dû te questionner souvent, te demander ce qui ne fonctionnait pas avec toi, pourquoi ça avait l'air facile pour les autres. Je te rassure, ça ne l'était pas. Mais à 8 ans, dans la cour de récré, on rit des garçons, on fait semblant d'être des chats et on se montre comment faire des bracelets avec des élastiques.
On ne parle pas de nos insécurités.
Alors, une fois face au mur, on se dit qu'on est seul au monde.
C'est peut-être de là que tu tires ton empathie et ton ouverture...
Bref, une fois de plus, tu passes à travers une année scolaire parsemée d'embûches de toutes sortes. Je te vois partir le coeur gros, ne sachant pas que la vie nous réservait une dernière surprise. Quelque chose me dit que s'était "arrangé avec le gars des vues", mais ton nom s'est retrouvé sur ma liste de classe de 4e année.
Et cette année là non plus n'a pas été de tout repos, mais tu avais compris quelque chose que plusieurs mettent trop longtemps à assimiler: efforts=résultats. Je n'ai pas été la seule à le dire, ta force de caractère et ta détermination en ont inspiré plus d'un. Tu as su affronté les tempêtes tout en tenant la main de ceux qui peinaient à tenir la tête au-dessus de l'eau. Tu as dû dire adieu à un ami, supporter les sautes d'humeur de ta prof enceinte, puis faire preuve d'adaptation devant une fin d'année un peu chaotique (rien à voir avec le suppléant qui a fait un travail du tonnerre).
Bref, gros bonus pour tes compétences transversales.
Pendant mon année de congé de maternité, j'ai sérieusement considéré faire le saut en 6e. J'avais créé beaucoup de beaux liens avec les élèves de ta cohorte et ç'aurait été un beau défi à relever. Un jour peut-être...
Je m'étais résignée tout en me disant que je pourrais te croiser de temps en temps dans les corridors, peut-être même avoir une petite conversation sur tes dernières lectures.
Au lieu de ça, chaque matin, j'étais accueillie par un chaleureux sourire, un câlin et des questions. Comment vont les enfants? Qu'est-ce que vous avez fait en fin de semaine? Tu me racontais tes dernières péripéties, les bêtises de ton frère ou ta soeur (je me demande bien de qui ils tiennent..).
Quand tu es partie hier, après le câlin #3542, je t'ai regardé t'éloigner les yeux dans l'eau. Je me suis dit trois choses.
Tes parents méritent leurs vacances.
J'ai bien fait de devenir prof et pas agent de bord (j'aime ça prendre l'avion, mais ce n'était pas une bonne raison selon mon orienteur).
Le monde est entre bonnes mains si on arrive à "former" des êtres humains dans ton genre.
Bye ma chouette, bonne chance au secondaire ;)
Une amie
Mais notre histoire ne s'est pas arrêtée là.
Deux ans plus tard, on se retrouve pour ta rentrée en 2e année. J'avoue, j'avais un peu prié le ciel pour retrouver ton nom sur ma liste de classe. Fallait qu'on continue cette palpitante aventure. Tu es arrivée avec ta fougue un peu mieux domptée, mais d'autres défis à surmonter. Tu avais clairement mûrie et, merci à ton enseignant de première année, tu étais bien équipée pour affronter ce qui t'attendait. Il n'en demeure pas moins qu'à 8 ans, la confiance en soi c'est fragile. Même quand ton prof te crinque, que tes parents sont sur le point d'ouvrir leur propre boutique de jeux pédagogiques, que tu es encadrée par des spécialistes qui te fournissent un paquet de stratégies... Je sais que tu as dû te questionner souvent, te demander ce qui ne fonctionnait pas avec toi, pourquoi ça avait l'air facile pour les autres. Je te rassure, ça ne l'était pas. Mais à 8 ans, dans la cour de récré, on rit des garçons, on fait semblant d'être des chats et on se montre comment faire des bracelets avec des élastiques.
On ne parle pas de nos insécurités.
Alors, une fois face au mur, on se dit qu'on est seul au monde.
C'est peut-être de là que tu tires ton empathie et ton ouverture...
Bref, une fois de plus, tu passes à travers une année scolaire parsemée d'embûches de toutes sortes. Je te vois partir le coeur gros, ne sachant pas que la vie nous réservait une dernière surprise. Quelque chose me dit que s'était "arrangé avec le gars des vues", mais ton nom s'est retrouvé sur ma liste de classe de 4e année.
Et cette année là non plus n'a pas été de tout repos, mais tu avais compris quelque chose que plusieurs mettent trop longtemps à assimiler: efforts=résultats. Je n'ai pas été la seule à le dire, ta force de caractère et ta détermination en ont inspiré plus d'un. Tu as su affronté les tempêtes tout en tenant la main de ceux qui peinaient à tenir la tête au-dessus de l'eau. Tu as dû dire adieu à un ami, supporter les sautes d'humeur de ta prof enceinte, puis faire preuve d'adaptation devant une fin d'année un peu chaotique (rien à voir avec le suppléant qui a fait un travail du tonnerre).
Bref, gros bonus pour tes compétences transversales.
Pendant mon année de congé de maternité, j'ai sérieusement considéré faire le saut en 6e. J'avais créé beaucoup de beaux liens avec les élèves de ta cohorte et ç'aurait été un beau défi à relever. Un jour peut-être...
Je m'étais résignée tout en me disant que je pourrais te croiser de temps en temps dans les corridors, peut-être même avoir une petite conversation sur tes dernières lectures.
Au lieu de ça, chaque matin, j'étais accueillie par un chaleureux sourire, un câlin et des questions. Comment vont les enfants? Qu'est-ce que vous avez fait en fin de semaine? Tu me racontais tes dernières péripéties, les bêtises de ton frère ou ta soeur (je me demande bien de qui ils tiennent..).
Quand tu es partie hier, après le câlin #3542, je t'ai regardé t'éloigner les yeux dans l'eau. Je me suis dit trois choses.
Tes parents méritent leurs vacances.
J'ai bien fait de devenir prof et pas agent de bord (j'aime ça prendre l'avion, mais ce n'était pas une bonne raison selon mon orienteur).
Le monde est entre bonnes mains si on arrive à "former" des êtres humains dans ton genre.
Bye ma chouette, bonne chance au secondaire ;)
Une amie
L'énergie du désespoir
16 juin 2018
On y est, dans quelques jours les statuts Facebook vont exploser de: ça sent la fin, youpi x jours avant les vacances, j'ai souaaaf, etc. Je l'avoue, j'ai bien hâte de plonger dans un nouveau roman, un petit rosé à la main, bien allongée dans une confortable chaise de patio quasi neuve. Le gros luxe.
En même temps, je regarde mes élèves, curieusement détendus, plus à l'écoute, plus calmes. Le rythme de nos journées a définitivement pris une tangente plus relaxe. Oserais-je dire plus respectueux du rythme d'un enfant? J'ose.
On fait un peu de révision, on complète les dernières pages de nos cahiers, mais ces périodes de travail sont entrecoupées par les petits projets qui nous gardent motivés jusqu'à la fin: la grande journée des petits entrepreneurs, une vidéo pour la fête des pères, l'essaie de nouvelles applications, etc.
Et c'est là que le petit hamster en haut a le temps de penser à autre chose que de tourner dans sa roue à vitesse grand V. Il a le temps d'observer, de se faire un plan de match pour un aménagement de classe plus fonctionnel, d'avoir une réflexion sur la routine de classe, de retourner voir ses notes sur un atelier qui l'avait fait tripper.
Ce petit laps de temps qui nous reste avant la fin, l'énergie du désespoir... utilisons la à bon escient. Servez-vous en pour mettre quelques idées sur papier (Google Drive ça serait même mieux pour partager ça à tes collègues). Repensez l'espace avec vos élèves, prenez des photos, inspirez-vous du sens de l'organisation de vos collègues, informez-vous des formations à venir...
Bref, ne laissez pas votre hamster se saouler au rosé. Attendez au party de fin d'année...
P.S. Cet article n'est pas commandité par la SAQ, désolée si la mention abusive du rosé vous a donné soif.
La mouche à feu
En même temps, je regarde mes élèves, curieusement détendus, plus à l'écoute, plus calmes. Le rythme de nos journées a définitivement pris une tangente plus relaxe. Oserais-je dire plus respectueux du rythme d'un enfant? J'ose.
On fait un peu de révision, on complète les dernières pages de nos cahiers, mais ces périodes de travail sont entrecoupées par les petits projets qui nous gardent motivés jusqu'à la fin: la grande journée des petits entrepreneurs, une vidéo pour la fête des pères, l'essaie de nouvelles applications, etc.
Et c'est là que le petit hamster en haut a le temps de penser à autre chose que de tourner dans sa roue à vitesse grand V. Il a le temps d'observer, de se faire un plan de match pour un aménagement de classe plus fonctionnel, d'avoir une réflexion sur la routine de classe, de retourner voir ses notes sur un atelier qui l'avait fait tripper.
Ce petit laps de temps qui nous reste avant la fin, l'énergie du désespoir... utilisons la à bon escient. Servez-vous en pour mettre quelques idées sur papier (Google Drive ça serait même mieux pour partager ça à tes collègues). Repensez l'espace avec vos élèves, prenez des photos, inspirez-vous du sens de l'organisation de vos collègues, informez-vous des formations à venir...
Bref, ne laissez pas votre hamster se saouler au rosé. Attendez au party de fin d'année...
P.S. Cet article n'est pas commandité par la SAQ, désolée si la mention abusive du rosé vous a donné soif.
La mouche à feu
Contagion
25 mai 2018
J'ai débuté mon année scolaire avec un peu de bave sur les pantalons, une odeur de vomit qui me suivait partout, mais de la motivation pour une armée. Je revenais d'un congé de maternité d'un an et demi et j'avais hâte de retourner au travail. J'assume.
Je m'étais tout de même convaincue que cette année, en changeant de niveau, de local et de collègues, je risquais de prendre ça plus "relaxe". Ok, prendre ça "relaxe" quand on enseigne c'est presque un paradoxe, mais on se comprend. Je ne voulais pas me mettre de pression. J'appréhendais un peu la coordination de tous ces beaux changements qui avaient eu lieu dans la dernière année: une maison, un deuxième bébé, un nouveau corps à accepter...
Sauf que la vie elle est bien faite, elle nous connait. Et parfois, la vie, elle nous envoie des gens sur notre chemin qui ont pour mission, sans en avoir eux-mêmes conscience, de mettre un peu de paille sur les braises.
Ce qui est encore plus extraordinaire, c'est que ces personnes n'ont généralement pas conscience de leur impact. Elles font leur chemin, discutent de leurs approches, de leurs idées, de ce qui les allume et les fait vibrer. Elles ont leurs bonnes et leurs mauvaises journées. Et c'est ça qui est contagieux. C'est leur façon de vivre leur passion à travers leurs bons coups et leurs erreurs. De regarder non pas en avant, mais tout autour. De ne pas évoluer dans le jugement ou le désir de plaire, mais de chercher à s'améliorer pour se sentir grandir comme enseignant et comme être humain.
J'espère que, par mes paroles et mes actions, j'aurai été cette personne pour quelqu'un cette année. Je sais que plusieurs se sont frayés un chemin jusqu'à mon coeur de pédagogue et continue d'accompagner mes réflexions et mes actions.
Alors merci, car si tu lis ceci, il y a de très forte chance que ce soit de toi dont je parle.
La mouche à feu
Je m'étais tout de même convaincue que cette année, en changeant de niveau, de local et de collègues, je risquais de prendre ça plus "relaxe". Ok, prendre ça "relaxe" quand on enseigne c'est presque un paradoxe, mais on se comprend. Je ne voulais pas me mettre de pression. J'appréhendais un peu la coordination de tous ces beaux changements qui avaient eu lieu dans la dernière année: une maison, un deuxième bébé, un nouveau corps à accepter...
Sauf que la vie elle est bien faite, elle nous connait. Et parfois, la vie, elle nous envoie des gens sur notre chemin qui ont pour mission, sans en avoir eux-mêmes conscience, de mettre un peu de paille sur les braises.
Ce qui est encore plus extraordinaire, c'est que ces personnes n'ont généralement pas conscience de leur impact. Elles font leur chemin, discutent de leurs approches, de leurs idées, de ce qui les allume et les fait vibrer. Elles ont leurs bonnes et leurs mauvaises journées. Et c'est ça qui est contagieux. C'est leur façon de vivre leur passion à travers leurs bons coups et leurs erreurs. De regarder non pas en avant, mais tout autour. De ne pas évoluer dans le jugement ou le désir de plaire, mais de chercher à s'améliorer pour se sentir grandir comme enseignant et comme être humain.
J'espère que, par mes paroles et mes actions, j'aurai été cette personne pour quelqu'un cette année. Je sais que plusieurs se sont frayés un chemin jusqu'à mon coeur de pédagogue et continue d'accompagner mes réflexions et mes actions.
Alors merci, car si tu lis ceci, il y a de très forte chance que ce soit de toi dont je parle.
La mouche à feu